GTJura (été 2008) littéraire j4
Mercredi 16 juillet 2008, Mouthe (1000 m) - Arsure-Arsurette : 6 heures de marche, arrêts compris[ ]
Dénivelés cumulés : journée de repos du chef ! Altimètre de Patrice défaillant ! Point le plus haut : 1140 m au col, limite départementale entre Doubs et Jura.
Matinée[ ]
Réveil très agréable avec un beau soleil. De notre chambre, vue dégagée sur Mouthe ensoleillé, au fond de sa combe. Qui peut imaginer que c’est le village le plus froid de France, surnommé la petite Sibérie (- 41° en 1985) ! Situé au pied du massif du Risoux et frontière avec la Suisse, son histoire est liée à Simon de Crépy, comte de Valois qui vint créer un ermitage près de la source du Doubs en 1077. En revanche, ce matin, la Dame aubergiste est peu aimable et nous plaint le pain et le café.
À 8h50, les sacs bien empilés dans le camion par Alain, nous sommes contents de quitter ce chalet, le moins accueillant du circuit. Marie-Charlotte et Jean-Luc gèrent le Fiat et Patrice, la troupe. On longe le Doubs. Un œil perçant aperçoit un cincle noir et blanc posé sur sa pierre. Photo de départ devant une jolie maison basse de Mouthe, sur la place de l’église.
Plein de victuailles pour les pique-nique suivants ; assaut de la fromagerie, de la boulangerie et d’Atac d’où il est difficile d’en sortir les messieurs !!! Les maisons reconstituées et leurs « mounaques » (personnages) font prendre patience.
Longue traversée de Mouthe qui n’en finit pas, en direction des Pontets (1004 m). Sur une croupe environnante, se dresse la Croix Grevet. Photo incontournable du célèbre couple, devant sa croix ! Puis, piste goudronnée, qu’un va et vient de camions inonde d’un nuage de poussière irrespirable. La carrière n’est pas loin. On passe aux lieux-dits Ecorchevaches (970 m), des Meix de la Chaux (975 m), du Pré lorrain (1021 m). Brève halte en bordure de la forêt. On continue sur cette route jusqu’aux Pontets.
Appel de Jean-Luc qui s’étonne « Vous n’êtes que là ? » Il se moque !!!
On traverse des pâtures en franchissant toujours ces chicanes parfois très glissantes puis entrons dans la forêt de la Haute Joux et atteignons un col (1140 m), limite départementale entre le Doubs, que nous quittons et le Jura.
Enfin, dans la forêt, sur l’ancienne route de Mouthe, à 1115 m d’altitude, de superbes troncs d’arbres bien empilés et exposés au soleil semblent nous attendre pour le pique-nique. On guette le chef qui a laissé la voiture à Arsure-Arsurette, l’étape suivante. Il apporte une surprise ! Enfin, Marie Charlotte et lui surgissent du bois. Accueil en fanfare par la chanson de « Petit papa Noël » adaptée, entonnée par Michel, jamais à court d’idées et Alain. « Petit papa Jean-Luc, n’oublie pas notre gobelet » ! La surprise : 5 litres de rosé bien frais, montés à dos d’homme. Juste au moment du fromage ! Merci Chef !!!!!!!
A l’ombre il fait vite frais, un vent léger se lève apportant quelques nuages dans le ciel bleu. Le bronzage sur les troncs d’arbres au soleil est plus agréable.
Après-midi[ ]
Il faut cesser la bronzette pour descendre sur l’ancienne route de Mouthe dans des sous-bois reposants, propices à la flânerie et aux rêves. Les langues s’activent. Le chef revenu, Patrice pensait buller tranquillement en serre file mais le chef n’est pas d’accord. C’est sa journée de repos !
La montée au belvédère du mouflon s’engage mal : sentier envahi par un lac de gadoue. Jean-Luc et Patrice partent explorer les chemins chacun de leur côté. Les plaisanteries fusent « regardez il s’enfonce, sauvez le cubi, un De Profondis pour J.L., une prière à St Patrice. Finalement on suit Patrice Bernard lance un coup de « pouet pouet » pour rameuter les copains qui devisent sagement. Lieu-dit le Touparon (982 m) puis traversée d’une prairie avant de grimper un sentier raide et malcommode. Le détour vaut la peine pour admirer un paysage de collines verdoyantes et de combes dans lesquelles se nichent les villages de Combe Simon, de Mignovillard, de Cerniebaud et à gauche d’Arsure-Arsurette. Une cuesta (rupture de relief) se dessine nettement. Descente au lieu-dit le Mouflon (1101 m) et encore 2km800 avant d’atteindre le centre de vacances d’Arsure, à 925 m d’altitude.
Accueil sympathique, par un hôte plein d’humour qui met toutes les chambres à notre disposition. On ne se prive pas de s’étaler. BenB offre bière et jus de fruit pour se remettre de l’expédition.
Chacun vaque à ses occupations : douche, descente à la Fruitière du village, endroit où on vend le fromage mais qui, autrefois était l’endroit où l’on faisait fructifier le lait, d’où le nom. Ce terme semble remplacer celui de coopérative car on le retrouve aussi pour la vente du vin. D’autres questionnent notre hôte sur la fabrication du Comté ; il répond volontiers :
« Le Comté se fabrique exclusivement à partir du lait de la Montbéliarde qui doit bénéficier au minimum d’un hectare de prairie naturelle très peu fertilisée. L’hiver, elle est nourrie avec du foin. Tout produit fermenté est exclu. Il faut 12 litres de lait pour fabriquer un kg de Comté. Pour obtenir l’AOC, le lait doit être travaillé au plus tard 36 heures après la traite afin de lui conserver toute sa richesse naturelle. Il faut donc le collecter aussi la nuit. Les agriculteurs se groupent en GAEC pour améliorer leur qualité de vie ».
Soirée[ ]
Sabine, Marie Jo et Bernard offrent l’apéritif pour fêter le séjour dans le Jura et proposent un excellent vin blanc « côte du Jura ».
Sylvie est contrariée : elle a cassé son lit et Patrick, ses lunettes. Interrogation des esprits taquins.
Le Chef présente le programme de jeudi, mais l’attention de ses brebis, déjà difficile à retenir, est captivée par l’arrivée de deux roulottes tirées par les chevaux. Deux étaient déjà présentes. A la suggestion de remplacer le camion par des chevaux, le cri du cœur fuse de la bouche de notre pauvre Jean-Luc: « Jamais ! je dois déjà m’occuper des filles et des mecs ; et encore des chevaux, jamais » !
Les rencontres ne sont pas terminées : un couple arrive au gîte. La jeune femme a les talons qui ne supportent guère que les tongues. Ils partagent notre apéritif et la discussion s’engage.
Le repas, excellent, crudités, poulet au comté, glace, est particulièrement animé par les histoires diverses et très grivoises de Bernard, JPW, Alain et Michel qui renchérissent. Les Belges régalent mais aussi les Auvergnats. La cuisinière, qui explique la recette de son poulet, pas évidente à réussir aussi bien, j’ai essayé, est chaleureusement remerciée par un hymne à la frite, tonitruant. La minute culturelle a dévié, « J’ai honte » dit le chef.
Toujours à la recherche de bonnes âmes pour prendre la relève du compte-rendu, Patrick a une proposition particulièrement condensée :
Revenons à l’organisation du jeudi : le camion sera conduit par Gilbert en compagnie de la nouvelle recrue temporaire. Encore un sujet de taquineries.