Massifs d'Aspe et d'Ossau (été2012)/littéraire/j4
Mercredi 18 juillet : depuis Peyrenère en vallée d’Aspe jusqu’au refuge d’Ayous en Ossau[ ]
Matinée, montée au refuge du Larry[ ]
Un silence religieux, presque angoissant plane sur le petit déjeuner, un peu comme le calme avant la tempête. Bagages bouclés et voitures chargées dans le plus grand calme. Le rappel du programme des trois jours qui suivent aurait-il subitement fait prendre conscience des nouvelles misères qui se profilent ?
« Imaginez un grand panneau --Stress Interdit -- » lance Patrice, mais la pression est installée. Elle s’évanouira très vite.
à 8 heures 30 la caravane de voitures s’ébranle de Lescun, sous l’œil attentif de Jean-Luc qui scrute, dans sa position favorite, les bras croisés et l’œil en alerte. Elle passe devant une des dernières usines de la vallée, puis suit le gave d’Aspe. Plusieurs petits bourgs sont nichés au fond de la vallée dont Borce, superbe village médiéval.
Patrice et Alain garent leurs voitures au pont de Cebers en bas du chemin de la Mâture ; ils montent dans d’autres véhicules. Le convoi passe devant l’imposant Fort du Portalet où Léon Blum et Pétain furent emprisonnés. Il poursuit jusqu’au parking de Peyrenère.
À 9 heures 30, nous attaquons une bonne heure de montée silencieuse sur un sentier à flanc de croupe qui surplombe la vallée d’Aspe. Moment très agréable, dans cette montagne à vaches à travers une flore variée et avec ce coup d’œil magnifique sur le gave, les retenues d’eau d’un bleu profond, les toits d’ardoise des maisons bien serrées. Quelques arrêts autorisés pour admirer et écouter quelques brèves explications de Patrice :
Cette vallée est constituée d’une succession de cuvettes fermées par des étranglements ou défilés étroits qui en facilitent le verrouillage militaire d’où la construction du Fort du Portalet.
La vallée a connu une petite activité sidérurgique, d’où le nom des « Forges d’Abel », lieu que nous voyons aujourd’hui avec quelques bâtiments à l’entrée du tunnel du Somport.
Nous amorçons une grande descente dans un sous-bois, avant d’attaquer une bonne montée sur 200 m de dénivelée, puis de redescendre sur le refuge du Larry (1720 m).
« On y est presque » assure Patrice d’un ton encourageant. En fait, une heure et demi de montée et de descente sur de sympathiques croupes herbeuses et caillouteuses dans un paysage bucolique et paisible, certes, mais jambes et souffle peinent un peu et les esprits s’échauffent de ne jamais voir le but se profiler. Enfin le Larry et sa fontaine bienfaitrice, revigorante. Chalet bien entretenu, couvert de bardeaux, non gardé mais sobrement équipé pour accueillir les randonneurs.
Nous cherchons l’ombre car le soleil cogne. Patrice lave soigneusement son bas de pantalon copieusement enduit de boue. Un groupe d’enfants et leur moniteur s’affairent à bâter deux ânes, pas vraiment décidés à suivre. L’épilogue sera épique : roulé boulé d’un des ânes, matériel et nourriture éparpillés, excitation générale. Inutile de solliciter les services d’ânes pour porter nos sacs, auprès du chef ! Pique-nique dévoré à belles dents, puis sieste savourée.
Après-midi, la récompense, l’Ossau et le refuge d’Ayous (1982 m)[ ]
Vers 14 heures 30, Jean-Luc démarre avec un premier groupe, non féru de sieste. Pendant une heure et demi, sous un soleil de plomb, nous grimpons lentement le sentier qui suit le flanc des croupes herbeuses, parsemé de caillasse, jusqu’à un premier collet. Le deuxième groupe nous a rattrapés. Les grandes jambes de Quentin et de Joëlle nous doublent. Encore un quart d’heure d’effort jusqu’au col d’Ayous (2002 m).
Et là, spectacle sublime de sa majesté Jean Pierre, le Pic du Midi d’Ossau, à ses pieds le lac Gentaux, un des trois lacs d’Ayous. Au fond, le refuge d’Ayous bien niché, face au Pic et les troupeaux de Blondes d’Aquitaine. Nous admirons, émerveillés, ce spectacle fabuleux et les appareils crépitent à nouveau.
Souffle repris, nous rassemblons nos dernières forces pour descendre au refuge où nous accueillent un ânon et sa mère. Très beau refuge du Parc National des Pyrénées, bien aménagé mais sans douche ni eau chaude. Classique !
16 heures 30, nous pouvons nous poser. Les chambres ne seront disponibles qu’à partir de 17 heures. Ce lac est tentant : sa limpidité, sa couleur mais interrogation quant à la température de l’eau ! Brigitte se jette à l’eau, sous les applaudissements et encouragements tonitruants des copains accoudés à la balustrade de la terrasse. Un vent de défoulement souffle ! Quelques autres hésitent, puis se lancent aussi : Joëlle, Jacques, Quentin, Alain, Annie, Vincent, tous en sous-vêtements, les railleries gentilles redoublant de puissance. Ils ont osé et remontent enchantés de cette détente, fraîche mais bienfaisante.
Nous prenons possession des couches, bien aménagées, propres mais nous sommes en refuge de montagne, donc bien tassés les uns sur les autres, source de commentaire et de fou rire.
19 heures, le repas est prêt. La maîtresse de maison présente les consignes de fonctionnement. On aide, on descend ses poubelles et extinction des feux à 22 heures. Bon appétit ! Excellente soupe suivie de pâtes bolognaises, de fromage, d’une crème brûlée, le tout arrosé d’un pichet de vin rouge offert par Bassée en Balade pour récompenser nos efforts. Un grand merci ! Repas très sonore mais avec une vue sur l’Ossau qui évolue avec la déclinaison du soleil. Splendide.
Soirée à goûter la douceur et le calme des lieux avant de s’enfourner dans nos niches respectives, à s’amuser à observer une vache, isolée de son troupeau, galopant autour du lac une fois, deux fois, s’arrêtant, réfléchissant, repartant… Les paris sont presque ouverts ! Pendant ce temps, les chefs concoctent une aventure moins trépidante que celle prévue, pour la journée du lendemain.
Tous bien arrivés. Superbe récompense. Patrice a bien joué !
Le parcours[ ]
Durée totale : 7 heures.
Météo : grand soleil avec parfois un ciel un peu laiteux.
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