Périgord noir (automne 2016)/littéraire/j6
Lundi 24 octobre Boucle autour de Combas – Les jardins d’Eyrignac
Matinée : au fil des hameaux et des lieux dits autour de Combas Il a plu presque toute la nuit et les prévisions météorologiques ne sont guère encourageantes …..mais une bonne moitié du groupe décide de suivre Dominique malgré la menace du ciel. 9h30 : des fantômes en capes multicolores démarrent de l’accueil, à pied. Presque 3h de marche dans les sous- bois, sur des sentiers parfois glissants, bordés de buissons aux larges feuilles, de ronces et autres arbustes qui nous aspergent généreusement au passage, longeant des tronçons de route pour retrouver très vite des pistes que bordent des noyeraies, des champs de maïs, des prairies aux rares et paisibles limousines. De montées en descentes, le bataillon de capes noires, vert fluo, à pois, à rayures, chemine, les langues bien pendues mais les yeux aux aguets pour repérer noix et châtaignes qui jonchent le sol. De belles et imposantes bâtisses ou simples maisons de l’habitat rural, en pierres jaunes, parfaitement rénovées et entretenues parsèment le paysage de lieux dits ou de hameaux. Bien en vue au milieu de l’exploitation ou dissimulées derrière des murets ou de la végétation, souvent décorées d’une treille ou d’une glycine, ces habitations suscitent l’admiration. Evidemment de nombreux chiens signalent notre passage, Gitane ayant toujours son succès.
La fin du parcours réserve la découverte du château de Lacypierre, niché dans son écrin de verdure au fond d’un vallon de chênes verts. Petit château des XVe et XVIIe s., typiquement « Périgord Noir » avec ses pierres ocres et ses lourdes toitures de Lauzes, il semble avoir traversé les siècles sans être inquiété. Pourtant, au XIXe s., ses actuels propriétaires l’ont sauvé de la ruine. Les visites sont guidées par les maîtres de maison.
Jouxtant le château, le cimetière du hameau et l’église à laquelle est adossée une vieille maison au toit de lauzes. Qui soutient l’autre ? Promenade d’un bon pas, sous un ciel bas, chargé de nuages menaçants qui se sont contenus une bonne partie du parcours ne laissant échapper que de faibles ondées de temps à autre. Nous retrouvons Combas. Pendant cette charmante randonnée, des élèves studieux et soucieux de se perfectionner dans le maniement de leur ordinateur ont écouté Patrice avec intérêt et concentration. Pique-nique à l’abri et assis dans la grande salle de réunion. L’apéritif à base de pêche, du taboulé, du rôti de bœuf froid et des FRITES !!!! Rush des affamés sur le buffet, dans un vacarme sonore de pieds de chaises sur le carrelage. Portion de gruyère et gâteau au yaourt aux noix complètent le menu. Une petite sieste est appréciée.
Après-midi : Visite des jardins d’Eyrignac Eyrignac signifie lieu où coule l’eau. C’est le nom des terres et non celui d’une famille. Sur la commune de Salignac-Eyvigues, le Manoir d’Eyrignac offre aux visiteurs de typiques et splendides jardins à la française. Créés aux XVIIe et XVIIIe siècles, ces jardins de verdure composés de charmes, d’ifs, de buis, de lierre et de cyprés sont un exemple parfait de l’art topiaire avec un ensemble magnifique et raffiné de sculptures végétales. Au XIXe s. un jardin romantique à l’anglaise est créé. Abandonnés, ces jardins furent recréés dans les années 60 dans l’esprit du XVIIIe s. Ils appartiennent à la même famille depuis 500 ans ; actuellement, Patrick Sermadiras et sa famille représentent la 22 ème génération. Nous sommes accueillis par une charmante jeune fille, employée au Manoir. Elle nous guide dans les différents jardins, organisés autour de thèmes précis. Nous découvrons d’abord l’allée des charmes et la pagode chinoise créée dans l’esprit de l’époque, l’ambiance secrète des jardins d’Italie avec les chambres de verdure percées de portes et de fenêtres et l’allée des vases italiens en terre cuite posés dans chaque alcôve d’ifs, les arcades néogothiques anglaises recouvertes de jasmin étoilé appelé aussi faux jasmin avec au bout des arcades une statuette, retrouvée dans un sarcophage mérovingien lors de fouilles. Un pied est posé sur un sablier qui signifie le temps qui passe, la main gauche sur une urne funéraire et la droite sur un flambeau. Ce serait la statuette du Dieu du temps qui passe ! Nous arrivons au cœur historique du Manoir, dans la cour, où se côtoient un bassin, un pigeonnier et une minuscule chapelle consacrée où sont baptisés les membres de la famille. Henri Guérin a refait les vitraux à l’occasion du baptême de Gilles, en 1948, père de Patrick. Lorsqu’au XVIIe s., le château initial, construit sur un petit castel, est incendié en représailles au massacre de deux groupes d’élites de frondeurs organisé par un ancêtre de la famille, Premier Consul de Sarlat, l’ancêtre de Patrick Sermadiras Lacalprenède le fait rebâtir sous sa forme actuelle. Autour du Manoir, les communs dont la maison conciergerie du XVIIIe s., les écuries et le superbe cyprès de Toscane qui se dresse derrière elles. Nous continuons notre flânerie dans des jardins plus récents créés par les derniers héritiers dont le jardin fleuri, champêtre, plus sauvage et plus coloré qui rompt avec la rigueur des autres jardins. Des cèdres bleus pleureurs le séparent du jardin potager, ensemble de rectangles de cultures de fleurs et de légumes associés qui se protègent mutuellement. (Tomates et œillets d’Inde qui repoussent les vers, capucine qui attirent les pucerons, carottes et poireaux les une attirant les vers des autres qui attirent la mouche des carottes, et jamais de persil près des salades). Près du jardin potager, la pépinière qui permet d’avoir des plants d’avance, en particulier de buis attaqués par la pyrale ou des champignons. Le buis est remplacé par le houx crènelé, très semblable et plus résistant. Un peu plus loin un décor en buis taillés : la basse-cour de topiaires. Nous arrivons au jardin blanc, la dernière création de Gilles en 2001. Une merveille !! Ce jardin blanc, synonyme de pureté et d’élégance est un ensemble de sculptures végétales d’une grande rigueur, installées sur plusieurs niveaux autour d’une fontaine. Il se compose essentiellement de cléomes, d’Impatiences de Nouvelle Guinée, de rosiers grimpants remontants, de surfinia et de gauras. Nous gravissons la terrasse enchantée qui ouvre une vue sur les parterres à la française et le Manoir en passant sous le Torii japonais. Voici le pavillon de repos pour la sieste au rez-de-chaussée et l’élevage du vers à soie à l’étage. Visite extraordinaire avec cette chance que la pluie nous ait épargnés. Passage incontournable par la librairie avant de regagner les voitures et les gîtes.
Soirée tranquille après un dîner simple mais apprécié : Potage de légumes aux vermicelles : côtes de porc parfaitement grillées accompagnées d’un gratin de courgettes / du fromage et un excellent tiramisu aux noix.