Tour des Écrins (été 2013)/littéraire/j13
Vendredi 26 juillet, de Valsenestre (1294 m) au refuge de la Muzelle (2115 m)[ ]
Matinée, montée au col de la Muzelle (2613 m)[ ]
Nous quittons ce gîte très sympathique à 6 heures 45. Nous revenons un peu sur nos pas, sur la route forestière à travers la forêt domaniale de Valjouffrey, doublons une aire de bivouac autorisé où des jeunes campeurs s’éveillent. Après une heure de marche tranquille nous attaquons la falaise pour une journée caillasse et schiste.
Le sentier démarre très raide à travers les silènes enflés, les œillets frileux, les marguerites épanouies et bien d’autres fleurs multicolores. Il longe le ruisseau des Combes qui dégringole allègrement de la montagne. Nous doublons la cabane de la cantine des carrières autrefois exploitées, puis celle de Ramu, une cabane d’alpage. Elle porte le nom du pré autour duquel nous évoluons.
1 heures 30 de marche et nous avons déjà gravi 500 mètres de dénivelée. Courte halte pour admirer la lumière du soleil levant qui illumine les sommets de cet ensemble minéral qui nous entoure. Encore une heure de montée sur un sentier accessible mais souvent encombré de graviers, de casses ou d’éboulis et nous arrivons à 2220 mètres d'altitude. Pause indispensable pour reprendre quelques forces, pour moi tout au moins, avant d’attaquer les 56 lacets, comptés et bien visibles, tracés courageusement par des gens d’ici, sur l’épaulement schisteux qui conduit au col de la Muzelle.
Évidemment un névé envahit encore quelques lacets et pour pimenter l’ascension, dans la partie la plus inconfortable du circuit. Sur le tronçon de schistes roulants et instables, nous rencontrons une famille qui s’escrime dans la descente, la mère plus épouvantée que moi, tétanisée. Non sans difficultés, nous réussissons à nous croiser.
Contre toute attente, à 11 heures, nous sommes au col, notre chamois Daniel arrivé largement en tête. Montée certes impressionnante, car, de chaque côté du sentier, les ravins attendent mais moins angoissante que le passage du col de Vaurze.
Magnifique point de vue sur le vallon de la Muzelle, son lac, le gîte qui nous attend et tout au loin l’Alpe d’Huez et les nombreux névés.
Après un bon repos, il faut descendre. Sentier plus que pentu, étroit, que j’appréhende. Je franchis les quelques mètres délicats accrochée au sac de Jean-Luc. Puis nous suivons le chemin, chacun à son rythme, recouvert de névés plutôt confortables. Dessous coule le torrent qui résonne. Être vigilant car à certains endroits, la neige a bien fondu et un bain glacé n’est pas à exclure. Après les névés, le sentier serpente à travers la caillasse puis dans un alpage jusqu’au refuge.
Daniel et Jean-Luc se régalent galopant comme des cabris. Alain et moi ménageons nos genoux, prenons des photos et rejoignons les deux compères installés sur une croupe à 2220 mètres contemplant les cascades en face.
Pique-nique bien agréable dans cet endroit ouvert et bucolique. Mais de gros nuages noirs cachent le soleil, le vent se lève et nous chasse.
Après-midi, descente du col sur le refuge de La Muzelle (2115 m)[ ]
À 13 heures, nous arrivons au refuge agrémenté d’une grande terrasse qui surplombe le lac et offrant une vue magnifique sur le col de la Muzelle en face, le col du Vallon sur la droite, au programme de demain, et les pics enneigés. Un énorme troupeau de brebis se repose dans l’enclos ouvert mais bien gardé par trois patous efflanqués et peu engageants. Nous retrouvons les trois jeunes profs, rencontrés à Valjouffrey puis à Valsenestre. Pas assez fatigués, ils partent ascensionner une arête et au retour tentent un bain dans le lac mais la trempette fut express.
Ici nous sommes dans un gîte de montagne, moins confortable. Douches toniques. Pas d’eau chaude même en échange d’une petite pièce et nuit dans les bas flancs. Toilettes extérieures d’où frayeur nocturne, surprise par l’impression étrange d’une présence, celle des ânes qui s’étaient rapprochés du refuge et paissaient tranquillement !
De Valsenestre au refuge de La Muzelle[ ]
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