Tour du Mont-Blanc (été 2006) littéraire
Compte rendu Mont Blanc août 2006, rédigé par Joëlle
L’appareil numérique m’a permis de prendre plus de 600 photos ; 150 ont été mises sur le site de B en B, par journée. Vous pouvez ainsi suivre visuellement notre progression avec le compte rendu écrit.
Samedi 19 août : Lens, Salomé, Les Contamines-Monjoie
J’ai rendez-vous chez Marie-Jo à Salomé à 5 heures, pour y déposer ma voiture. Café, pendant que Marie-Jo s’active pour boucler son sac sous le regard inquiet de son époux. A 5 h 10, arrivée de Jean-Pierre, qui a déjà dans sa voiture Angéline et Catherine. 5 h 35 départ.
Bonne route. Peu de pluie.
Arrivée aux Contamines-Montjoie à 15 heures. Le premier panorama sur le Mont Blanc exige une halte pour une photo. Au camping du Pontet, qui est notre lieu de rendez-vous, nous apprenons que Daniel et son fils sont déjà arrivés, ainsi qu’Olivier, Gauthier et Pauline. En attendant l’arrivée de Jean-Luc, nous allons faire une petite promenade à pied à Notre-Dame de la Gorge. On dit qu’un ermite y aurait installé, il y a 900 ans, un sanctuaire, qui devient « paroisse » au XIV°s, car ce fond de vallon est habité à cette époque ; l’église est reconstruite à la fin du XVII°s, une seul nef, des stucs, un retable dédié à Notre Dame de l’Assomption, puis d’autres retables ; dans le style baroque, l’église doit évoquer la gloire, la splendeur et le bonheur du Paradis promis aux hommes.
Jean-Luc et Marie-Charlotte, partis d’Aussois, sont passés à Samoëns et arriveront un peu plus tard. J’annonce par téléphone que le comité d’accueil est prêt, mais ils arriveront lorsque nous serons seulement sur le retour de notre promenade…Bon, finalement tout le monde se retrouve, nous commandons les petits déjeuners.
Nous allons faire des courses aux Contamines, car il faut aussi prévoir quelque nourriture pour les repas de midi ; nous n’aurons des points de ravitaillement que tous les deux-trois jours ; mais il faut limiter le poids. Jean-Pierre et moi, nous nous mettons vite d’accord : pain, fromage, saucisse sèche ; nous nous accordons aisément sur la frugalité, et la simplification de cette affaire ; le plus souvent d’ailleurs, lorsque nous prendrons des variantes différentes, c’est lui qui fera les courses pour notre ravitaillement commun, et qui en portera la plus grande partie ; qu’il en soit ici chaleureusement remercié.
Le repas du soir est pris, pour les uns, au gîte avec les provisions de route, pour les autres dans un restaurant des Contamines, avec un joli décor montagnard, mais une nourriture quelconque : potage ou taboulé, polenta, saucisse au viandox très salé, et vacherin maison au coulis de framboise ; pas léger, léger, tout ça.
Pendant la nuit nous entendons la pluie…et Olivier, qui, trouvant qu’il y a des ronfleurs, est allé dormir à côté : c’est un « nouveau », il manque d’expérience... Au réveil Jean-Luc nous annonce que lui, n’a pas entendu Olivier partir. Pourtant, lorsque nos voisins du dessus, motivés par des besoins pressants, ont traversé notre dortoir en jouant des claquettes, Jean-Luc les a calmés avec un très sonore « ce n’est pas bientôt fini ! ». En randonnée, les lieux de séjour et les nuits sont tout aussi pleine d’aventure et d’imprévu que les marches dans la journées, mais l’aventure se porte alors sur les phénomènes élémentaires mais nécessaires de la vie : manger, dormir, se laver, etc…Ils font l’objet d’échange d’impressions, que chacun partage ou écoute avec délectation.
Te voici prévenu, lecteur : ne sois pas choqué par certaines notations que tu pourrais juger triviales. Tu ne trouveras ici aucune réflexion sur la déréliction de l’existence, mais des histoires de pieds, de ronflements, de douches froides, de WC turcs, de repas revigorants ou de jurons dans la montée de l’Arpette … Plutôt « le torche cul » de Rabelais... que « l’immensité de ces espaces infini m’effraie » de Pascal !
Dimanche 20 août : Depuis Le Pontet aux Contamines-Montjoie jusqu’au refuge du col de la Croix du Bonhomme
Dénivelées<ref name="ftn1">Le Dictionnaire Robert autorise soit « dénivelé » nom masculin, soit « dénivelée », nom féminin. Pour me conformer à ce qui semble être la règle de fait à la FFRP, je choisis la seconde solution, tout en rappelant que de droit l’autre est tout aussi possible.</ref> : + 1350 m, -63 m ; altitude de départ : 1150 m. Temps de parcours prévu 5 h 30.
Au réveil, pluie. Petit déjeuner à 7 h 30. Ensuite, nous attendons que la pluie cesse. « Ce n’était pas la peine de se lever si tôt... ». Le chef fait semblant de ne rien entendre, c’est le 1° jour, il est encore stoïque. La pluie finit par cesser, plus ou moins, et nous nous mettons en route.
Nous remontons le torrent Bornant en passant au centre de loisir de La Gorge, puis à ND de la Gorge.
Olivier, assez rapidement a des problèmes de chaussures ; après quelques haltes, il finit par troquer les chaussures de montagne contre les tennis, qui, sauf dans les passages les plus difficiles, feront le Tour du Mont Blanc à ses pieds. Nous passons au chalet hôtel du Nant Bornant, puis au chalet Hôtel de la Balme (1708 m) ; pause et départ à 11 h. A partir de là, nous quittons la verdure et montons dans les cailloux par le GR5 E2. Le poids du sac pèse un peu sur les épaules d’Angéline, qui n’a pas, comme nous, l’entraînement des quatre jours itinérants dans le Queyras, en juillet. Mais ce n’est qu’une question de réglage, et d’habitude à prendre. Nous passons au Tumulus, où nous cassons la croûte (2043 m), à 12 h et nous montons au col du Bonhomme à 2329 m. Arrêt rapide, à cause du vent froid. Nous montons au col de la Croix du Bonhomme, où il fait encore plus froid et 5 minutes après, nous arrivons par une petite descente au refuge du col de la Croix du Bonhomme (2433 m).
Rencontre : entre le Tumulus et le col du Bonhomme, nous rencontrons, ou plutôt c’est elle qui nous dépasse, une dame blonde, très longiligne, en habit de jogger, certes, encore jeune, mais enfin... et qui reconnaît le parcours de l’Ultra Trail. Il s’agit de faire le Tour du Mont Blanc en moins de 45 heures ; les plus rapides mettent 21 heures ; départ à 19 heures de Chamonix, vendredi prochain et arrivée dimanche après-midi ; le parcours est balisé en fluo. Notre joggeuse, l’an dernier, n’a pas pu aller jusqu’à Chamonix, elle a été éliminée avant, pour avoir dépassé, de peu, le temps maximum autorisé. Son objectif pour cette année est d’arriver à Chamonix. Chapeau !
Au refuge entrent et sortent plusieurs joggers, qui eux aussi reconnaissent le parcours, demandent des renseignements et repartent aussi vite qu’ils sont entrés.
Nous, nous nous posons à une grande table et Marie-Jo régale la compagnie en offrant la boisson pour son anniversaire. Ensuite, avant le repas, chacun vaque à ses occupations. Scène au lavomatic local, soit un arbre évidé qui, à quelques pas du refuge, reçoit l’eau d’un torrent capté par tuyau ; l’eau n’est pas trop froide, selon Jean-Luc qui lave son tee shirt ; selon Angéline au contraire, « c’est de l’abus ».
Nous sommes logés dans deux petites chambres, que nous partageons entre « ronfleurs » et « non-ronfleurs ». Arrive un groupe de 15 japonais, couverts des pieds à la tête, non à cause du froid, mais pour se protéger du soleil, qui font le Tour du Mont Blanc avec un guide, et que nous reverrons.
En attendant le repas, vue splendide sur la montagne depuis le refuge. Quelqu’un voit des bouquetins qui viennent manger le sel déposé pour les moutons : je me précipite, en chaussons, avec l’appareil photo* ; je fais un grand détour pour ne pas effrayer les bêtes, et ne pas être en contre jour ; traverse le ruisseau (toujours avec mes claquettes) et ruse comme un sioux pour m’approcher, alors que- me diront ensuite les copains, il y avait juste au-dessus de moi et très près, un bouquetin qui posait pour la photo. Le brouillard monte, les photos ne sont plus possibles, le refuge n’est pas loin, mais il commence à entrer dans le brouillard et dans la nuit. Prudemment, je traverse le ruisseau et je suis le tuyau de captage de l’eau.
Ensuite, consultant la revue L’Alpe, hiver 2005, n°26<ref name="ftn2">L’Alpe, rédaction : musée dauphinois, 30 rue Maurice Gignoux, 38031 Grenoble, tel. 04 76 85 19 29.</ref> qui a pour thème Montagne et littérature, j’apprend que George Sand s’est promenée dans le massif du Mont Blanc et qu’elle en laissé des textes Lettres d’un voyageur (Flammarion, poche 2004) qui relate son voyage à Chamonix en 1836 et Nouvelles lettres d’un voyageur, dont témoigne aussi Adolphe Pictet dans Une course à Chamonix. J’ai lu aussi un excellent article de Colette Cosnier, Une alpiniste nommée George Sand dans Montagne et alpinisme, n°2/2004. On peut lire aussi Les autre montagnes de George Sand, édition Guérin, 2004<ref name="ftn3">Voir www.gutenberg.org/etext/13198 et www.mairie-chambery.fr/sand/pages/00accueilsand.htm</ref>
Repas du soir, bien bon et bien reconstituant : potage, polenta, bœuf bourguignon délicieux, fromage, gâteau au chocolat. Alors que nous allions nous lever de table, Jean-Luc nous retient : nos hôtes du chalet apportent pour Marie-Jo un gâteau orné d’une bougie et accompagné d’un « happy birthday » joué au violon et à la trompette... Ensuite l’orchestre local donne une petite soirée folk bien joyeuse : violon, banjo, trompette bouchée, guitare.
Nuit calme, à 6, dans notre petit paddock ; chaleur ; portes qui claquent.
Lundi 21 août : depuis le refuge du col de la Croix du Bonhomme jusqu’au refuge Elisabetta Soldini (2195 m)
Dénivelées : + 1020m, -1240 m. temps de parcours prévu : 6 h 30.
Réveil et lever une demi heure trop tôt dans notre chambrée. Dehors, brouillard.
Brouillard quand nous partons, à 7 h 45. Nous remontons au Col de la Croix du Bonhomme. Puis en file indienne et par la variante du TMB, nous montons au col des Fours (2665 m). Il était prévu de monter à la Tête Nord des Fours (2756 m), mais le brouillard nous en empêche. Si nous étions partis un peu plus tard, peut-être...
Un ordre de marche s’est progressivement établi et s’est plus ou moins stabilisé : en tête les jeunes, Pierrot et Gauthier ; Gilbert a d’abord accroché ce groupe, et assez rapidement, il est revenu dans le gros des troupes ; Pauline, tantôt avec les garçons, ou avec moi, mais souvent aussi avec la troupe ; je prends place derrière les garçons dans les montées, mais m’offre quelques petits plaisirs dans les descentes. Tout le monde est bien discipliné : aux carrefour, nous attendons. Souvent Jean-Pierre et Angéline ferment la marche en devisant. Mais l’arrière est une place très convoitée, qui subira des bouleversements... mais revenons à notre 2° jour de marche.
Rencontre dans la descente : nous saluons un grand homme, probablement du Nord (de l’Europe), blond, barbu, jovial, aux yeux bleus et aux joues rougies par le vent, dont le corps sort à peine d’un gros duvet : il est en train de prendre son petit déjeuner, après avoir passé la nuit à la belle étoile. Je ne sais quelle langue il parle, mais lui et moi, on fait un brin de causette, je lui demande l’autorisation de le prendre en photo, il acquiesce avec un sourire splendide, et bonne journée !
Nous descendons jusqu’au hameau dit la Ville des Glaciers (1780 m), groupe de chalets de bergers, sur la rive droite du Torrent des Glaciers, face à l’Aiguille des Glaciers. Nous y retrouvons le TMB. Fromagerie. Petite pause pour caresser un veau dans une espèce de niche. Nous traversons le torrent des Glaciers et en le remontant, nous arrivons au chalet refuge des Mottets (1870 m) où Jean-Luc nous montre un petit dortoir dans une bergerie reconvertie, ce qui vaut comme leçon de sagesse : ne nous plaignons pas de nos conditions d’hébergement, il y a bien plus rustique... Soit.
Après la pause aux Mottets, le chemin grimpe raide, pour arriver au col de la Seigne (2516 m). Nous pique-niquons dans la montée, avec un beau panorama sur la vallée du Torrent des Glaciers et sur le glacier des Glaciers (sic). En tournant un peu plus la tête, nous avons une vue rétrospective sur l’itinéraire de descente depuis le col des Fours jusqu’à la Ville des Glaciers.
Ensuite, la montée offre, de l’autre côté, un panorama splendide, lorsque le Mont Blanc (de Courmayeur, le Mont blanc italien) se dévoile progressivement. Le col de la Seigne est un col frontière entre la France et l’Italie, situé sur la ligne de partage des eaux entre la Méditerranée et l’Adriatique. Son nom vient du bas latin « sancia » qui signifie « prairie marécageuse ». Dans l’Antiquité, une voie consulaire « Cremonis jugum » permettait un accès direct avec la cité de Vienne en Isère. La montagne de la Seigne est située sur la ligne principale de la chaîne alpine, entre la Vallée de l’Aoste et la Tarentaise.
Vues admirables, depuis le col, sur le versant italien du Mont Blanc, avec les arrêtes aériennes du Brouillard et de Peuterey, les élégantes Aiguilles des Dames Anglaises. Nous descendons à une allure vive, pour nous réchauffer, car il y a beaucoup de vent au col. Nous sommes maintenant sur le versant italien et rejoignons l’itinéraire « alta via n°4 », tronçon commun avec le TMB jusqu’à Courmayeur. Les « alte vie » sont des itinéraires de randonnée créés dans les années 80-90 par les services du tourisme du Val d’Aoste. Nous visons le refuge Elisabetta Soldini (2195 m), du nom d’une alpiniste décédée en montagne.
Le refuge est planté sur une croupe rocheuse, dans un site extraordinaire, sous l’Aiguille des Glaciers, les glaciers de la Lée Blanche et le glacier d’Estelette (le plus petit).
L’arrivée au refuge nous offre une vue splendide sur les sommets et les glaciers encore bien ensoleillés, mais je n’ai plus de pile pour faire des photos. La recharge au refuge du col de la Croix du Bonhomme a été succincte, car ce refuge, comme d’ailleurs tous les autres, est obligé de produire sa propre électricité. Ici, pour arriver au refuge, il y a une petite grimpette terminale, si on ne connaît pas le passage direct depuis le sentier amont. Mais on est récompensé : les trois glaciers descendent du Mont Blanc et se rejoignent au-dessus du refuge. On voit très bien l’extrémité de la langue glacière, les séracs, les crevasses, les moraines. Vent frais.
Installation un peu difficile sur le bas flanc du dortoir où nous sommes rangés comme des sardines dans une boîte trop courte pour faire tenir à plat les plus grandes sardines. Il ne faut pas non plus avoir de grand pied, car le toit en pente rejoint la couche à l’endroit où devraient pouvoir se trouver les pieds, qui ont, quand même, besoin de toute notre sollicitude. Nous avons « droit » à des places sur le bas flanc d’en face. Mais les occupantes, qui voyagent en faisant porter leur sac par un sherpa, sont peu aimables et aimeraient avoir toute la place pour elles ; Jean-Luc décide de leur donner comme compagnie Jean-Michel. Pour laisser un peu de place aux copines, j’essaie de m’installer près de ces dames peu sympa ; l’un d’elles exige d’avoir comme voisin une voisine ; j’ai vraiment envie de lui coller Jean-Michel, mais pour différentes raisons, je préfère revenir près des copines. Mais la nature humaine ayant horreur du vide, je dois faire preuve de diplomatie pour récupérer de la place. Bref je dormirai cette nuit-là les bras enlacés autour d’un poteau de bois, ce qui fait rigoler Pauline. Quelle jeunesse...
Jean-Michel et Nathalie, partis plus tard des Contamines, nous rejoignent au refuge. Ils ont parcouru quasiment deux étapes en une journée. Jean-Michel s’en ressentira un peu pendant quelques jours.
Après l’installation, il reste encore du temps avant le dîner. J’ai envie de voir ces glaciers de plus près. Nous formons une expédition, avec Daniel comme chef, Marie-Jo sans sac et Catherine sans bâton. Nous prenons un sentier, qui bientôt se perd dans les cailloux du torrent. Daniel nous fait traverser une première fois ce torrent, nous remontons vers le glacier, mais il est encore loin ; finalement, nous abandonnons notre objectif, nous faisons des photos, des moutons viennent nous rendre visite. Il nous faut repasser le torrent une seconde fois ; sans problème, Daniel nous trouve un passage. Marie-Jo court comme un cabri et Catherine ne regrette pas longtemps ses bâtons. Nous rentrons alors que le jour commence à bien baisser, ravis de notre petite expédition.
Le repas nous est servi rapidement, dans une petite salle un peu à part : minestrone servi par un élégant serveur italien ; escalope grillée, purée, salade composée, fruit. Mais il faut vite laisser la place à des allemands affamés. Puis nous regagnons la boite à sardines.
Mardi 22 août : depuis le refuge Elisabetta Soldini (2195 m) jusqu’au refuge Bertone (1970m) en passant par Courmayeur (1226 m)
Deux options 1° avec le bus : 4 H 45, +744m, -536 m ; 2° en passant par le col de Checroui (1956 m), 7 h 15, +1200, - 1450.
Départ vers 8 heures, après un petit déjeuner pris en retard, car nous avons dû attendre le 2° service (à cause des allemands). Nous partons tous ensemble, nous descendons par le sentier dans le marécage qui est appelé le lac Combal. Puis la vallée se resserre. Elle est fermée par la « colossale moraine issue du glacier du Miage ». Nous arrivons à la retenue d’eau du lac Combal (1975 m). Une partie du groupe descend par le val Veni pour rejoindre en 45 minutes l’arrêt de la navette qui les conduira à Courmayeur, pour y faire des courses et éviter la grimpette et surtout la descente sur Courmayeur. Nous apprendrons que Jean-Michel a sagement gardé les sacs en attendant dans un café pendant que les autres faisaient les courses. Nous devons emporter notre ravitaillement pour le repas de midi des trois jours à venir.
L’autre groupe grimpe depuis la retenue d’eau du lac Combal, d’abord jusqu’aux Chalets inférieurs de l’Arp Vieille, puis aux chalets supérieurs de l’Arp Vieille (2303 m). En chemin, nous rencontrons des cantonniers italiens du TMB : ils bouchent les trous sur le chemin, le tracent là où il tend à disparaître : une vraie autoroute…Pause aux Chalets supérieurs. Plus nous montons, plus les glaciers nous apparaissent dans leur splendeur : panorama sur le versant italien du massif du Mont Blanc avec, d’Ouest en Est, les glaciers du Miage, du Brouillard et du Fréney. Nous montons encore et vers 2430 m, le TMB franchit l’arête nord du mont Faure. Nous continuons en direction du Nord Est, passons à proximité d’un petit lac et descendons au lac Checroui (2165 m) par un sentier en balcon. Nous voyons les stations de ski et nous arrivons au col Checroui (1965 m) et au chalet restaurant de Maison Vieille. Il fait un soleil resplendissant : des chaises longues sont orientées vers le Sud, des tables dressées dehors appuient leurs pieds sur d’anciens skis. Nous sommes au point de convergence de nombreuses remontées mécaniques. Nous nous installons sur une pente herbue au soleil pour casser la croûte. Puis nous descendons vers Courmayeur par un large sentier, que nous coupons grâce à des raccourcis. Arrivée au Plan de Checroui (1701m), station supérieure du téléphérique de Courmayeur. Nous continuons par une large piste et nous arrivons à travers un sentier pentu dans la forêt, au pittoresque village de Dolonne (1210 m) où le chemin balisé conduit jusqu’à Courmayeur, qui jouxte le village.
Courmayeur est aujourd’hui une station de montagne à la mode. L’historien grec Polybe (200 à 125 av JC) cite parmi les cols transalpins utilisés vers le milieu du second siècle avant JC le chemin « à travers le pays des Salasses ». Courmayeur fut aussi cité romaine importante, à proximité de la voie « alpis graia » menant au col du Petit Saint-Bernard, et sur la voie allant en Gaule par le « cremonis jugum », le col de la Seigne.
Nous retrouvons à Courmayeur le groupe qui a pris le bus. Ils sont bien contents de leur journée. Mais il reste encore à monter au refuge Bertone, et il fait chaud. La montée est difficile, raide, avec environ 800 m de dénivelée, mais à l’ombre dans la forêt. Jean-Michel a du mal, mais nous aussi. Arrivée vers 16 heures au refuge.
Depuis le refuge, nous avons une vue plongeante sur Courmayeur. Nous sommes logés dans un dortoir avec des lits superposés et des lits en bas flanc, mais ceux-là assez larges et hauts. En revanche, il y a un problème pour les douches. Il n’y en a que deux, qui fonctionnent avec un jeton ; celui-ci donne droit à 2 minutes d’eau chaude, mais il ne faut pas passer en premier, car c’est alors de l’eau froide qui coule. Il faut, dit-on lever l’interrupteur, ouvrir l’eau, fermer l’eau etc... certains s’en sortent bien, d’autres, comme moi, beaucoup moins bien, malgré deux essais, un le soir et un le matin.
Repas du soir : pasta excellente (nous sommes en Italie la « pasta » est servie en 1° plat), pollenta (encore), bœuf bourguignon, saucisse à la sauce tomate, haricots verts, champignons, puis salade de fruits. Copieux, varié, réconfortant.
Rencontres : une allemande, aux cheveux auburn, seule, qui écrit sur un calepin. Elle fait, toute seule, le Tour du Mont Blanc...
Un coureur qui reconnaît le parcours de l’Ultra Trail, bien souriant, qui passe la nuit au refuge et pose pour la photo.
Nuit tranquille et bonne.
Mercredi 23 août : depuis le refuge Bertone jusqu’au refuge Elena (2062m), en passant par la Testa Bernarda (2534 m) et le Pas- Entre-deux-Sauts (2524m),
6 h 05, +1298m, -1156m
Lever 6 h 30. Petit déjeuner à 7 h, départ 7 h 30.
Nous quittons le refuge Bertone (1989 m), montons 600 mètres de dénivelée, un peu raide, qui nous conduit à une table d’orientation (1991 m), avec une vue splendide sur le Mont Blanc de Courmayeur, les Grandes Jorasses etc. Nous continuons à monter par une pente raide, puis nous arrivons sur une large « épaule herbeuse », où nous faisons des photos, dont une photo panoramique de Jean-Michel. Ensuite, le sentier passe à côté d’une série de petits lacs et conduit à la Testa Bernarda, promontoire qui offre une vue – toujours panoramique – sur le versant Sud des Grandes Jorasses. Ensuite, descente bien raide et caillouteuse pour arriver au col Sapin (2435 m). Puis descente plus facile dans un vallon : vue sur les Grandes Jorasses, encore et remontée de 300 m par un chemin à droite jusqu’au col Entre-deux-Sauts (2521 m) où nous pique-niquons au soleil : au Nord Est, la Tête entre Deux Sauts est couverte de prairies, au Sud Ouest, la Tête de Sécheron (2880 m) est très schisteuse. Grand beau temps comme hier, mais avec du vent, comme hier. Il reste à descendre dans le vallon de Malatra. Mais incident : Gauthier a perdu son podomètre, il fait demi tour et le retrouve, ouf. Le sentier conduit d’abord à l’Alpe Supérieure de Malatra (2213 m), puis la descente dans les prés nous fait passer aux fermes de Malatra (2056 m) ; des personnes prennent le soleil, en tenue très légère sur les roches moutonnées. Nous croisons des familles qui montent avec des enfants : nous approchons de la civilisation, c'est-à-dire du refuge Bonatti (2150 m).
Pause au refuge Bonatti : un beau bâtiment avec beaucoup de monde, car on peut y monter depuis la vallée que l’on atteint en voiture. Le refuge porte le nom d’un célèbre alpiniste italien dont la collection des écrits est conservée au refuge. Il reste à descendre au fond de la vallée du val Ferret, pour remonter ensuite jusqu’au refuge Elena. Mais du refuge Bertone, il nous faut d’abord remonter jusqu’aux fermes de Malatra (2056 m) pour trouver un sentier qui franchit le torrent, passer aux bâtisses des alpages de Gloé (2007 m) et, au lieu de suivre la variante du GR, nous suivons un sentier pratiquement de niveau qui nous conduit tranquillement au-dessus de l’Arnuva ; là nous descendons par un sentier bien raide jusqu’à l’Arnuva (1769 m), dans la vallée ; nous franchissons le torrent de Belle Combe et nous remontons jusqu’au refuge Elena, planté lui aussi sur une butte terminale. La montée est rendue pénible par les grappes de personnes qui redescendent du refuge. Arrivée vers 16 heures au refuge Elena.
Nous sommes toujours en Italie. Nous avons une vue directe sur le glacier de Pré-de-Bar et sa langue terminale étalée. Le refuge, de construction récente, est adossé au bâtiment de l’alpage de Pré-de-Bar. Dans les années 1936-37, un homme de Courmayeur qui avait perdu sa fille dans un accident fit un don au Club Alpin Italien, pour bâtir un premier refuge à l’emplacement actuel. Ce refuge brûla après la guerre. En 1954, le souffle d’une avalanche balaya un second bâtiment dont les ruines sont encore visibles. Dans les années 90, le chalet actuel fut construit.
Le dortoir est très grand, bien arrangés, avec des placards, le tout est bien beau. Seul regret : les WC à la turque... C’est un très grand refuge qui peut être atteint assez facilement depuis la vallée, donc il y a beaucoup de monde : les randonneurs avec le mulet, les japonais... Le moral est assez bas, car la météo annonce la pluie et une température de 0° à 1900 m pour le lendemain alors que nous partons de 2062 m...
Repas du soir : « pasta » en entrée (nous sommes toujours en Italie) ; tranche de rôti, haricots, polenta (encore) ; fromage ou pomme ; gâteau.
Nuit : RAS.
Jeudi 24 août : depuis le refuge Elena (2062 m), en passant par La Fouly (1610m), jusqu’au restaurant-dortoir « Au Club Alpin », à Champex Lac (1486m).
Deux options 1° passer par le Grand col Ferret (2537 m), soit 8 h, + 892m, -1490m ; 2° en utilisant le bus, soit 4 h 30, +475m, -927 m).
Un petit groupe a pris l’itinéraire : refuge Elena, Grand col Ferret (2537 m), le village de Ferret (1705 m), la Fouly (1710 m), Praz de Fort (village) 1151 m, Issert (1055 m), Champex-Lac (1486 m). L’autre groupe a pris la navette à la Fouly.
Départ à 7 H 45, hâté par Jean-Luc qui craint la pluie. Nathalie est « contrariée ». Les panneaux annoncent 2 h pour monter au Col Ferret. En fait, en un peu plus d’une heure nous y sommes. Il fait très froid : du vent, quelques gouttes de pluie parfois, parfois aussi du soleil. Une cabine de secours pour l’Ultra Trail a été déposée la veille, par un hélicoptère que nous avons vu monter. La cabine est ouverte : elle est remplie de matériel. Un autre groupe arrive avec son guide : « Bienvenue en Suisse où les vaches sont bleues... ».
Notre groupe de tête, « les jeunes », descend rapidement vers les alpages de la Peula, car nous avons eu froid en haut en attendant les autres. La Peula est un petit gîte suisse rustique, où je déguste un nescafé qui réchauffe. Lorsque tout le monde est regroupé, deux groupes sont constitués : un groupe part tout de suite sous la direction de Jean-Luc et veut tenter d’aller à pied jusqu’à Champex-Lac. L’autre groupe prend son temps au refuge, malgré les conseils de Jean-Luc qui craint l’arrivée de la pluie : ils descendrons par la route à La Fouly tandis que nous prenons un sentier et de la Fouly ils prendront la navette pour se rendre à Champex-Lac. Le groupe de Jean-Luc (Gauthier, Pierrot, Daniel, Catherine, et moi) arrive à la Fouly. La pluie commence à tomber, nous trouvons un café qui nous accueille avec notre pique-nique. Daniel offre les boissons : il a de l’argent suisse à liquider. La pluie tombe drue dehors, nous sommes bien contents d’être à l’abri, mais nous pensons aux copains qui ont pris le soleil au refuge et qui maintenant doivent se trouver sous la pluie. Effectivement nous les voyons arriver trempés au bout de la route. Regroupement et discussion pour la suite de la journée. Tout le monde, le groupe de Marie-Charlotte et au moins Jean-Luc, semble alors vouloir prendre la navette, à cause de la pluie. Mais nous, nous sommes têtus, comme dit Catherine, nous avons décidé de faire tout le Tour du Mont Blanc à pied, ce n’est pas une pluie qui devrait cesser dans l’après-midi, qui va nous arrêter : les autres nous prennent un peu pour des fous, mais la Bande des Cinq (Catherine, Gauthier, Pierrot, Daniel et moi) fait sécession et nous partons d’un bon pas, sous la pluie, en laissant les copains à l’arrêt du bus. Ils arriveront vers 15 h 30 au refuge du « Club Alpin ». Pendant que nous, nous faisons une belle balade de quatre heures au moins ; nous traversons des villages suisses aux vieilles habitations de bois, installées parfois sur de gros cailloux ; nous passons au-dessus de la rivière, ou dans des forêts de mélèzes ou d’arbres à feuilles caduques. Parfois le chemin est au niveau de la rivière, dans la vallée, et il est bien balisé car l’Ultra Trail va l’emprunter, nous rencontrons même des baliseurs ; parfois, le chemin est montagneux, comme c’est la cas sur la portion finale qui nous hisse de 1100 à plus de 1400 mètres.
Champex-Lac, comme son nom l’indique, est un bourg touristique installé autour d’un beau lac dont nous ferons le tour le soir (Angéline, Marie-Jo et moi) en une demi-heure. Repas paisible dans une salle à manger tout en bois : soupe, escalope panée avec pâtes, puis crème au chocolat. Nous sommes logés dans quelques chambres et un grand dortoir qui donne sur le lac. Je prends bien soin le soir, de fermer tous les volets, pour ne pas être réveillée par la lumière du jour.
Vendredi 25 août : depuis Champex-Lac jusqu’au gîte d’étape de Le Peuty (1326m), en passant par le Trient.
Deux options possibles 1° par la Fenêtre d’Arpette (2671 m), 7 h 15, +1200 m, - 1339 m et 2° en passant par les alpages de Bovine (1937 m), 5 h 25, + 657 m, - 797 m.
Dans notre dortoir, panne de réveil, j’avais trop bien fermé les volets. Je vois bien un raie de lumière depuis un moment, mais Jean-Pierre, qui, d’habitude, est réveillé tôt, continue à dormir, donc ce n’est pas l’heure. Mais Jean-Luc, en riant, entre dans notre dortoir : ils sont déjà en train de prendre leur petit déjeuner. Branle-bas de combat ! mais tout est préparé la veille et nous avons de l’entraînement, et nous rattrapons notre retard...
Départ groupé à 7 h 45. Rapidement, deux groupes se séparent. La « bande des Cinq » prend la direction de la fenêtre d’Arpette, l’autre groupe va passer par les alpages de Bovines.
La montée vers la Fenêtre de l’Arpette est douce jusqu’au gîte d’étape d’Arpette, puis progressivement, elle devient de plus en plus rude. Mais le problème est surtout psychologique : pratiquement depuis le départ, on voit l’échancrure que constitue la Fenêtre dans la barrière rocheuse ; elle paraît bien loin et bien haute et on la voit toujours, et elle recule de plus en plus à mesure qu’on avance, sans grossir beaucoup ; alors, il faut décider de ne plus la regarder, et de marcher en regardant le chemin, les Aiguilles d’Arpette, le glacier d’Arpette, les fleurs, les roches... J’ai déjà fait une fois le Tour du Mont Blanc, quand j’étais vraiment « jeune » ( il y a près de quarante ans), je n’en ai gardé aucun souvenir visuel, mais l’Arpette, dès que je l’ai vue, je l’ai reconnue ! Alors, il faut marcher, tranquillement ; le chemin, malgré sa réputation, est assez fréquenté : un groupe de japonais, une famille française déjà rencontrée, un groupe accompagné d’un guide. Catherine saigne du nez, à cause peut-être de l’altitude ; puis elle n’apprécie pas vraiment les blocs de pierre qui finissent par remplacer le chemin, chaque pas est ponctué d’un juron, j’éloigne mes oreilles chastes. Daniel reste avec Catherine et je vais rejoindre les jeunes vers l’avant : nous nous amusons à chercher le chemin, car pour la dernière grimpette qui nous hisse dans la fenêtre ouverte, chacun tente sa chance par un itinéraire qu’il invente, il n’y a que quelques balises sur de gros blocs, de loin en loin. Finalement, victoire ! la Fenêtre est saupoudrée d’un peu de neige tombée la nuit, neige qui tient un peu sur le versant Nord que nous descendrons. Du côté Sud, la vue plonge sur l’itinéraire parcouru, de l’autre, la pente semble beaucoup plus vertigineuse ; finalement nous sommes monté par le côté « facile ». Daniel et Catherine nous rejoignent. Photo et re-photo dans la Fenêtre. Nous trouvons un petit espace pour nous poser ensemble et pique-niquer, au sommet, mais à l’abri du vent.
Puis nous prenons la descente qui, finalement, ne mérite pas, non plus, sa mauvaise réputation : le chemin existe, il a été redessiné ; bien sûr, une ou deux fois il faut mettre les mains, c’est bien froid, il y a un peu de neige, en haut ça glisse un peu, mais le sentier s’améliore et, au moins de ce côté, il est non seulement balisé mais tracé beaucoup mieux qu’à la montée sur l’autre versant. Mais surtout, le paysage est fantastique : nous avons vue, à gauche, sur le glacier du Trient qui semble à portée de main ; des cascades s’en échappent en bondissant et se précipitent dans la vallée où elles alimentent le torrent. Nous avons conscience d’être des privilégiés, car, finalement, nous n’avons faits que de petits efforts au regard de ce qui nous est donné.
Après quelques haltes de regroupement, où nous croisons et recroisons la famille française et ses deux filles un peu fo-folles, nous arrivons à la rivière. Petit crochet pour voir le torrent de près. Nous décidons d’y faire une bonne pause au soleil bien généreux : jeux d’eau dans le torrent, photos sur les cailloux. Nous partageons nos dernières provisions. Mais il faut repartir, Jean-Luc risque de s’inquiéter si nous tardons trop.
Nous traversons le torrent au gîte d’étape de la prise de Bisse et nous choisissons le chemin fléché, qui suit une petite route, pour délaisser la route plus importante de la rive droite. Erreur. Car Jean-Michel et Nathalie ont décidé de venir à notre rencontre, et ils remontent la rive droite. Heureusement, Daniel les aperçoit par hasard, à travers une trouée dans les arbres : grands cris, mouvements de bras, nous nous reconnaissons réciproquement et nous décidons de les attendre. Ils doivent remonter jusqu’au pont et descendre notre chemin, en nous maudissant de ne pas avoir choisi la rive droite. Mais finalement, la jonction a lieu et nous repartons ensemble gentiment jusqu’au gîte d’étape de Le Peuty (1326 m), où les copains sont arrivés depuis une bonne heure.
Nous nous racontons réciproquement notre journée. Nous frimons un peu avec notre Arpette. Eux nous racontent brièvement leur journée : après la séparation des deux groupes à Champex-Lac (1498 m), ils sont descendus à Champex-d’en bas (1359 m), sont passés au Plan de l’Au (direction ouest), sont remontés jusqu’à Bovine (1987 m) et Portalo (2049 m) ; puis descente vers Les Réblos, traversée de la combe des Faces et descente sur La Forclaz (1526 m), puis remontée de la vallée du Trient et traversé de la rivière pour arriver au gîte d’étape de Le Peuty.
Les copains sont donc déjà installés, certains sont partis au village pour faire les courses. Le gîte n’est pas gardé, nous devons préparer notre repas du soir, notre petit déjeuner, et prévoir le ravitaillement du repas de midi pour les étapes suivantes, comme tous les deux-trois jours. Il y a, au rez-de-chaussée, une grande cuisine avec du matériel pour collectivité, une douche toujours au rez-de-chaussée, dans une pièce un peu fraîche, mais bien grande, et au 1° étage, dans le grenier, deux niveaux de bas flanc. Nous sommes installés sur ceux du bas, il faut quand même ne pas trop s’étaler a dit très justement Marie-Charlotte, pour laisser la place à d’autres randonneurs éventuels. Finalement, seule la dame allemande déjà rencontrée à Bertone, et qui randonne toute seule, se présente ; du coup je m’installe en haut, il y a plus d’espace et surtout je ne crains pas de me cogner au lit du dessus. Jean-Luc, toujours galant, invite la dame à partager notre repas. Pauline s’installe à côté d’elle pour lui faire la conversation en allemand, car nous ne parlons pas l’allemand et elle ne parle pas le français ; elle est, semble-t-il, un peu étonné par la volume sonore que nous émettons dans cette cuisine au moment de l’apéritif. Jean-Luc et Marie-Charlotte sont allés faire les courses au village et nous ont préparé des pâtes avec de grosses saucisses : les ressources de l’unique épicerie du village sont limitées, mais c’est bon et réconfortant. Ensuite, vaisselle, préparation de la table pour le petit déjeuner.
Après la vaisselle, nous partons au village, pour voir le passage des coureurs de l’Ultra Trail : le village est point de ravitaillement et de contrôle. Nous nous renseignons : il y a deux parcours, le « petit » qui part de Courmayeur et arrive à Chamonix, soit environ 80 km ; nous sommes sur ce petit parcours, où il y a 1000 participants, et le village, comme l’annonce la banderole, se trouve au km 63 ; le « grand parcours » fait la boucle Chamonix-Chamonix, 132 km, et 1500 participants sont inscrits. Ici, une salle ouverte et bien éclairée avec le matériel adéquat sert de salle de kiné ; les soins sont proposés aux coureurs quand ils passent, un peu hagards de se retrouver au milieu du monde (c’est relatif) et dans la lumière, alors qu’ils sortent de la nuit et de la solitude ; certains de notre groupe voudraient bien se faire masser car le kiné est une jeune kiné-e. Les personnes qui font la sécurité sont des gens du village. Nous discutons sur la course, les itinéraires pour notre randonnée. Une grande tente blanche, de ravitaillement et de contrôle, est installée à la sortie du village vers l’amont : un système informatisé permet d’annoncer par haut parleur l’approche de tel coureur, puis son temps de course quand il passe au contrôle, ou de mesurer le temps d’arrêt, etc... Nous nous renseignons encore : les coureurs que nous voyons passer sont classés entre la 25° et la 30° position ; nous apprenons avec joie que c’est une femme qui est en tête, puis que la seconde femme va bientôt passer, en 30° position ; les parents, amis, les supporteurs, les fans, bref, ont l’habitude d’escorter en courant leur champion quand il passe dans un lieu de contrôle. Nous avons trouvé notre championne, nous remontons jusqu’à l’entrée du village et nous courons à côté d’elle en applaudissant, elle a l’air un peu étonnée d’avoir un tel fan club imprévu, mais nous aurons plusieurs fois la confirmation que les coureurs sont encouragés par l’accueil qui leur est fait. Certes, ils sont un peu fous, mais c’est une maladie contagieuse, il me prend l’envie de courir... L’année prochaine, c’est promis, Pierrot et moi nous nous inscrivons à l’Ultra Trail (petit parcours... nous sommes modestes) : lui fera les montées et moi les descentes ! pour arrêter nos délires, Marie-Charlotte donne le signal du retour vers le gîte, mais là, on peut courir sur la route, et ça n’est pas très long !
Nuit bonne dans le dortoir.
Samedi 26 août : depuis Le Peuty (1326 m) jusqu’au gîte d’alpage de Charamillon (1912 m)
Deux itinéraires sont possibles 1° l’itinéraire dit « normal », 3 h, +765 m, -280 m et 2° par la cabane des Grands, 5 h , +923 m, -280m. Finalement, nous prendrons un 3°itinéraire…
Nathalie m’a dit la veille : « réveille-moi ». Quand j’ouvre l’œil, je me demande si elle est encore en train de dormir, je ne vais quand même pas tâter les couvertures... avec le risque de réveiller Jean-Michel. Nathalie revient de la douche, OK. Je me précipite dans la cuisine, car j’ai promis de faire le petit déjeuner, mais le matin, le radar est long à se mettre en route. Tout ira bien cependant : nous avions préparé le maximum la veille et les copains arrivent par petits groupes. Vaisselle. Nous laissons un couvert préparé pour notre co- randonneuse allemande.
Départ. Beau temps.
Sur les recommandations d’un des participants à l’organisation de l’Ultra Trail, nous suivons la variante de la Vallorcine du TMB, jusqu’à Latogne. Nous montons d’abord sur le flanc Ouest de la vallée du Trient, par les chalets des Tzeppes, autre point de ravitaillement de l’Ultra Trail, à 1932 m. Mais il n’y a plus personne dans la tente : le petit parcours à cette heure-ci est fini et les concurrents du grand parcours ne sont pas attendus avant plusieurs heures ; les organisateurs se reposent dans le chalet au-dessus, perdu dans la pente, mais la fumée annonce une présence.
Ensuite, la température fraîchit ; même s’il fait encore beau, le mauvais temps a été annoncé pour la fin de la journée. Nous arrivons à un carrefour de sentiers, dit Latogne (2011 m) où il y a d’anciennes étables. Le vent commence à se lever et il est bien froid. Il y a un malentendu : Olivier, dans le groupe de tête, part en avant, vers Vallorcine, tandis que nous attendons, comme d’habitude, le reste du groupe mené par Jean-Luc. Celui-ci part alors chercher Olivier qui s’est engagé dans la mauvaise direction et sur un névé et tout le monde se retrouve. L’incident a causé un froid psychologique qui ne nous console guère du froid atmosphérique : bien sagement, en file indienne, tout le monde marche derrière Jean-Luc, qui a sa tête des mauvais jours, tandis, qu’Olivier ferme la marche, mais loin derrière la colonne. Comment faire pour détendre l’atmosphère ? En attendant, nous prenons un sentier qui passe au col des Posettes (1997 m), à côté du col de la Croix de Fer (2343 m) : nous avons une vue splendide sur la face Nord du massif du Mont Blanc, sur le Mont Blanc lui-même, et la vallée de Chamonix ; de l’autre côté, nous avons aussi vue, comme depuis Latogne, sur le barrage d’Emossson et l’extrémité du lac du même nom, la vallée de la Vallorcine et le massif du Buet. Jean-Michel, sans crier gare, propose alors de monter au petit sommet (2321 m), à notre droite, et il part. Que va dire ou faire Jean-Luc ? rien. Une partie du groupe monte avec Jean-Michel, l’autre partie, avec Jean-Luc, descend directement au col de Balme où passe la frontière Suisse-France. Les deux groupes se retrouvent ensuite au col, où il y a beaucoup de monde, dans le refuge car il fait froid, et à l’extérieur. Aussi, nous ne restons pas plus, et descendons en 40 minutes au Gîte d’alpage de Charamillon, qui a pour nom « René à la Jeanne ».
Au gîte, le vent est très froid, les nuages cachent maintenant le sommet du Mont Blanc. Nous mangeons cependant dehors, sur des tables, à côté des rares personnes qui profitent de la restauration. Le tout est installé dans d’anciens chalets d’alpage, et tenu par deux personnes très souriantes, René, qui est, si j’ai bien compris, le propriétaire, descendant de Jeanne, et une dame, la gérante.
Nous sommes logés dans un dortoir installé dans un des chalets, où de petits boxes de 3 ou 4 personnes, tout en bois, divisent l’espace. Le linge sèche dans l’ancienne écurie. La jument et son poulain viennent nous rendre visite : photos et caresses.
Rencontres : un homme trapu, avec un bonnet sur la tête déjà rencontré dans la descente sur le col de Balme, lui montait avec son corps des Alpes. Le sonneur suisse est venu se restaurer ici ; il fait une démonstration avec son instrument. Jean-Luc discute musique avec lui.
Jean-Michel, Jean-Luc nouent ensuite amitié avec un couple de belges ; Jean-Michel ayant encore un petit creux après son repas, commande, avec Daniel, une « croûte de Charamillon » et les belges l’arrosent (au sens propre) allègrement de vin blanc ; les verres aussi, sont, bien sûr, remplis. Pendant ce temps, à l’intérieur du chalet, nous prenons de la tarte à la framboise ou du gâteau au chocolat, avec un café. De passage à l’extérieur, je suis invitée à goûter la croûte de Charamillon arrosée : c’est bon, mais certainement un peu lourd à digérer, surtout après le gâteau au chocolat...
L’après-midi, puisque nous sommes tout au bout de la vallée de Chamonix, certains descendent à pied au village le plus proche, le Tour, avec plus ou moins l’idée de prendre une navette jusqu’à Chamonix. Daniel, Pierrot et Catherine, plus malins que nous, se font prendre en voiture et conduire, depuis Le Tour, jusqu’à Chamonix. Nous, nous descendons à pied jusqu’à Montroc, où passe le train rouge et blanc qui dessert Vallorcine et Chamonix. Les horaires de la navette ne nous permettent pas de descendre jusqu’à Chamonix. Nous remontons vers Le Tour. De là, certains prennent la cabine pour remonter aux chalets, tandis que Marie-Jo et moi remontons à pied : Marie-Jo n’a pas de sac, j’ai du mal à la suivre dans la montée... Il y a deux Marie-Jo : avec sac et sans sac.
Il était temps de rentrer : à partir de 17 heures, il pleut à Charamillon, nous sommes dans le brouillard. Brr... Que nous réserve demain ?
Dimanche 27 août : depuis le gîte d’alpage de Charamillon (1912 m) jusqu’au refuge du Lac Blanc (2352 m)
5 h 10, +998 m, -560 m.
Nuit calme. Pluie.
Au réveil vers 6 h 30, pluie, brouillard, ensuite brouillard uniquement, puis un coin de ciel bleu au Sud Ouest, qui sera notre direction. Petit déjeuner prévu à 8 heures. Il est trop tôt mais je me rends dans la salle où notre hôtesse est en train de s’activer ; elle n’a pas de lunettes ce matin, et m’en explique la raison : elle les a oubliées dans le hangar où les chiens de la bergère ont passé la nuit, et ils ont pris les lunettes pour un jouet laissé à leur intention...
La bergère prend son petit déjeuner près du poêle. Discussion. Elle vient de Vallon Pont d’Arc, avec ses trois chiens, remplacer la bergère attitrée, en vacances pour une semaine. Ses chiens, vifs, gentils et facétieux, sont deux grands beaucerons et un berger de Crau. Elle garde ici 600 moutons, qui viennent en transhumance de mi-juin à mi-septembre. En Ardèche, elle cultive des vignes, élève des moutons et quelques chevaux de trait pour l’attelage de loisir ; les poulains, eux, vont à la boucherie.
Après un copieux petit déjeuner pris tous ensemble, nous partons, non pas pour le trajet prévu qui passe par des échelles – ce que craint beaucoup Marie-Jo, et par le col des Posettes –, mais par un sentier qui passe plus haut, et ceci à cause du temps médiocre. Ce sentier doit nous conduire au même but, le « Grand Balcon Sud », qui doit nous donner une vue directe sur le Mont Blanc, à plus de 1850 m, et nous conduire au Lac Blanc et à son refuge, terme de notre journée.
De Charamillon, nous descendons d’abord au Tour, puis au parking de Trè le Champ, départ du télécabine (1430 m). Nous remontons vers l’Ouest, sur le versant de la vallée de l’Arve (vallée de Chamonix), passons au-dessus de Montroc, et redescendons jusqu’à la route Montroc-Vallorcine, où nous coupons l’itinéraire de l’Ultra Trail (parcours long). Il est à peu près 11 heures, la fin de l’épreuve est prévue à 16 heures, les coureurs ont donc près de 40 heures de course dans les jambes ; nous en voyons passer quelques-uns, la plupart tout crottés et un peu hagards, encouragés au passage toujours par la famille, les amis et les randonneurs. Bravo !
Puis nous montons sur l’autre versant. Le chemin nous hisse vers la réserve naturelle des Aiguilles Rouges, première réserve créée en Haute-Savoie, en 1974 ; nous montons jusqu’à 1900 m pour atteindre ce fameux « Grand Balcon Sud ». Nous faisons une halte rapide pour manger, dans le froid et le brouillard. En fait de balcon, nous ne voyons... rien, à cause du brouillard assez dense parfois. Seule réjouissance, la vue d’étagnes (femelle dont le mâle est le bouquetin) avec des petits ; et plus loin, des bouquetins en assez grand nombre, qui se laissent approcher pour les photos. Catherine, Daniel Gautier ne s’en privent pas, moi non plus. Nous passons ensuite près des lacs des Chéserys (2005 m), et surprise, pour arriver au refuge du Lac Blanc, perché sur des roches moutonnées, il faut emprunter des échelles qui escaladent les dites roches ; ensuite, les rondins de bois, censés aider la progression, sont rendus glissants par l’humidité... Le refuge est perché comme un monastère grec orthodoxe : il faut le mériter !
Le refuge est exigu mais agréable. Il faut laisser les sacs en bas, heureusement que nous sommes arrivés de bonne heure, car ensuite ce sera un peu la pagaille. Le dortoir est constitué de boxes de 4-5 places, on dirait des couchettes de bateau, en bois, c’est joli, certes peu large, mais sympathique, et avec Angéline, Jean Pierre et Marie-Jo, nous avons nos habitudes.
Nous prenons un pot tous ensemble dans la grande salle qui sera, elle aussi, bien remplie et est entourée de baies vitrées qui devraient nous permettre d’avoir une vue panoramique sur le Mont Blanc ; mais tout le massif est caché par les nuages.
Rencontre : il n’y a que deux douches, situées au rez-de-chaussée, à coté du local où on dépose les sacs et fait sécher les vêtements. Petite discussion avec deux jeunes japonaises, dont l’une ne parle pas du tout français, l’autre est en France pour ses études, et peut-être plus... La France est un très beau pays, qu’elle veut faire connaître à sa compatriote. Discussion ensuite avec une dame un peu plus âgée, canadienne, qui randonne seule ; elle vient en France tous les deux ans, parce qu’elle aime la France, qui est un très beau pays... Ces rencontres donnent à réfléchir...
Je vais méditer, en attendant l’heure du repas, en faisant un petit tour du côté du Lac Blanc, ainsi nommé parce qu’il est en général, entouré de névés. Il n’en reste plus beaucoup... Mais j’aperçois les Aiguilles Rouges. Il commence à faire bien froid et du côté du Mont Blanc, décidément, ça ne se découvre pas.
Repas à 19 heures : soupe, pâtes, viande, poire Belle-Hélène.
Mais au cours du repas, le miracle se produit : à plusieurs reprises, les nuages noirs, chassés par le vent, laissent voir le Mont Blanc, les glaciers et toute la chaîne. Il faut se précipiter dehors, malgré le vent et le froid, pour admirer ce spectacle féerique du Mont Blanc découvrant sa majesté, selon son bon plaisir, dans le soleil couchant ; son sommet arrondi, bien reconnaissable, paraît tapissé d’une épaisse et onctueuse couche de fromage blanc. La vallée de Chamonix est obstruée par une grosse écharpe laineuse de nuages blancs qui laisse cependant passer, en transparence, par endroit, la couleur rosé des rayons du soleil, comme si celui-ci éclairait depuis le fond de la vallée ; les nuages noirs fuient rapidement vers l’Ouest, on dirait que le Mont Blanc les chasse d’un revers de la main...
Le coquin joue à cache-cache : je rentre, je sors, pas le temps d’enfiler un vêtement, tant pis ; j’essaie de m’arracher à la fascination du spectacle pour en fixer quelques images avec l’appareil photo. Je n’ai jamais vu, sauf peut-être, en Corse, dans la réserve naturelle de Scandola, un spectacle naturel aussi beau ; mais certainement, jamais un spectacle aussi grandiose et émouvant. Des canadiens, des japonais, des italiens, à coté de moi, sont tout aussi fascinés ; je prends conscience que l’on vient du monde entier pour tenter de voir ce spectacle et que nous, nous avons la grande chance de résider « tout près », et que donc nous sommes récompensés bien au-delà des petits efforts que la marche nous demande.
Lundi 28 août : depuis le refuge du Lac Blanc (2352 m) jusqu’au CIALC « Don Bosco », Les Houches (1050 m).
Deux itinéraires sont possibles 1° l’itinéraire dit « normal » : par la Flégère (1877 m) et le Brévent (2525 m), 7 h 30, +648 m, -2000 m ; 2° l’itinéraire par le « super balcon », Index (2385 m), cols de la Glière (1877 m) et du Lac Cornu (2414 m), Clocher de Planpraz (2219 m), col et sommet du Brévent, 8 heures ; mais il y a la possibilité de prendre la benne à Planpraz ou au Brévent, puis les autocars de la vallée.
Nuit calme. Réveil 6 h 15. Petit déjeuner 7 h. Départ prévu à 7 h 30 pour une grande étape qui doit nous mener au Brévent et peut-être à pied jusqu’aux Houches.
Il faut s’habiller sans lumière car l’électricité est coupée entre 21 h et 7 h. Température extérieure, à l’abri du refuge, à 7 h 40 : 4° ; l’eau, résidu des pluies d’hier, sur les tables de la terrasse non abritée, est gelée. Tenue en conséquence.
Le chef hésite, car la météo ne sera accessible qu’à 7 h 45, mais nous partons à 7 h 30. D’après le cuisinier du refuge il ne devrait pas pleuvoir avant 12 heures. Finalement lorsque nous sommes en route Jean-Luc téléphone au refuge : la pluie est effectivement prévue pour l’après-midi. Bien couverts, nous prenons l’itinéraire initialement choisi. Nous passons par le col de l’Index, où Jean-Michel nous quitte pour redescendre par le téléphérique à Chamonix. Pour atteindre le col de la Glière (2461 m), il faut franchir un passage un peu délicat, aidé d’une main courante fixe et de reposes pied. Tout le monde passe sans problème. Depuis le col de la Glière, nous avons une belle vue sur le lac Cornu, ainsi nommé à cause de sa forme et sur la barrière rocheuse des Fiz, dans un paysage très sauvage ; nous marchons sur de grosses dalles de schiste. Nous passons ensuite près des Lacs Noirs. Nous continuons vers Planpraz. Nous mangeons rapidement un morceau car il fait bien froid et compte tenu des conditions météo, nous décidons de ne pas monter au Brévent (+500 m), mais de descendre au téléphérique de Planpraz, et de là tout le monde descend à pied sur Chamonix (-1000 m), par un bon chemin en lacets. Arrivés à la ville, nous interrogeons l’Office de Tourisme pour savoir où se trouve l’arrêt de la navette pour les Houches. Nous n’avons pas le temps de nous arrêter dans un café. Pause à l’arrêt du bus. Mais la « Bande des Cinq », à laquelle s’ajoute Marie-Jo, décide de poursuivre à pied jusqu’aux Houches, et, comme prévu, après avoir suivi la rivière, nous arrivons sous la pluie au centre de vacances Don Bosco, où les copains sont déjà installés. Douche chaude à volonté, des espaces de lecture, de jeu, de repos. Nous ne sommes plus qu’à 1000 m, certes, et non dans un refuge à plus de 2000 m d’altitude.
Nous sommes les seuls occupants des lieux, ou à peu près. Repas du soir : crudités variées, couscous au raisin et viande de mouton, fromage en grande quantité, yaourt et fruits.
Nuit calme.
Mardi 29 août : depuis Les Houches jusqu’au camping du Pontet, aux Contamines-Montjoie (1150 m), par le col de Voza, le col de Tricot (2120 m), les chalets de Miage (1559 m) et du Truc (1720 m)
8 h 30, + 1529 m, -1317 m ; possibilité de prendre la benne pour le col de Voza.
Il a plu toute la nuit. Lever 7h15. Petit déjeuner à 7h45. Départ à pied, traversée des Houches, un village tout en longueur, nous en faisons l’expérience, passage devant l’église et son clocher à bulbe. Le nom du village vient du mot celtique « olca » qui désigne un parcelle défrichée très anciennement, située au voisinage d’une habitation à laquelle elle fournit des aliments, en particulier du grain. Le village est situé au pied de l’Aiguille du Goûter et il constitue, dans le topo guide, le point de départ du TMB, à cause de sa gare SNCF sur la ligne Saint-Gervais – le Fayet à Vallorcine et Martigny (Suisse). Beaucoup de possibilité d’hébergement puisque pour 1500 habitants il y a 29 hôtels, et 250 chalets et appartements meublés.
Nous rejoignons la gare du téléphérique de Bellevue (993 m) ; montée dans deux cabines. Sans problème. Arrivée à La Chalette, à 1801 m. Nous avons économisé 900 m de dénivelée, soit 3 heures... Descente à pied vers la passerelle suspendue du torrent qui naît du glacier de Bionnassay, longue passerelle, en bon état, au-dessus du torrent (à 1700 m d’altitude) et ensuite montée vers le col Tricot (2120 m). En nous retournant, nous voyons, sur le versant opposé les stations et parfois les wagons, du « Tramway du Mont-Blanc », petit train qui part de Saint-Gervais – le Fayet et se rend au Nid d’Aigle en 50 minutes. Au col Tricot, un vent très frais nous attend. Mais aussi panorama exceptionnel de la face Nord des Dômes de Miage.
Après regroupement, nous descendons rapidement dans le pierrier vers le Sud-Est et par de nombreux lacets, nous gagnons les chalets de Miage (1559 m). Pique-nique et photos (portraits des randonneurs). Nous prenons le café au chalet refuge de Miage. Il était prévu de monter de là, au refuge du Truc (1720 m), « truc », désignant, en langage alpin, un sommet arrondi, mais la pluie nous a conseillé de prendre le chemin vers les Contamines. Jean-Luc compte ne pas redescendre sur la route et prendre un petit sentier que lui a conseillé le gardien du refuge de Miage.
Jean-Luc interroge un indigène vivant seul dans une maison isolée, là où la trace du chemin semble se perdre, ce qui était annoncé par la gardien du refuge. L’indigène répond d’une manière très abrupte que le chemin n’existe plus depuis 60 ans et que nous sommes sur une propriété privée. Ceci était aussi annoncé. Rien de tel pour décider Jean-Luc à lancer à ses troupes, un sonore « on y va ! », et tout le monde suit d’un pas bien décidé sous les imprécations du dit indigène. Après avoir passé deux fois la limite du pâturage des vaches nous nous engageons dans la pente et la forêt. De chemin, nenni. Jean-Luc envoie Daniel en reconnaissance, la forêt c’est son métier ! Daniel débroussaille un peu, trace une piste et chacun se débrouille, plus ou moins, avec quelques chutes douces ou quelques glissades sur les feuilles et la mousse... Marie-Charlotte est aidée de Gauthier ; Marie-Jo, tête baissée, accrochée à Jean Pierre, dessine un curieux animal à quatre pattes, très haut devant et bas sur l’arrière. Nous finissons par arriver tous, par différentes voies, à un ruisseau et à un « vrai » chemin, que nous prenons allègrement, et, avec quelques montées et descentes dans la forêt, mais toujours sur le chemin, nous parvenons au centre des Contamines.
Nous sommes tout crottés. Nous posons les sacs à l’extérieur d’un café et demandons si nous pouvons entrer. Bière de la victoire.
Ragaillardis et joyeux d’avoir bouclé le Tour, nous décidons tous de poursuivre à pied jusqu’au camping. Divergences à quelques centaines de mètres du but : certains ont compris qu’il fallait quitter le chemin pour prendre la route et trouver plus facilement l’entrée, d’autres, se rendant compte de leur méprise en continuant sur le chemin, passent au-dessus du grillage du camping, tandis que les « légalistes » font le grand tour par le chemin.
Arrivée vers 16 h 30 : le Tour est bien bouclé.
Repas du soir avec des pizzas commandées au camping. Nuit calme.
Mercredi 30 août.
Départ vers 8 heures le matin et retour sans difficultés. Premier arrêt à Salomé chez Marie-Jo où son époux a bien pris soin de ma voiture. Café, et retour à Lens, pendant que Jean-Pierre termine de décharger ses passagères.
Renseignements téléphoniques
Camping du Pontet, Les Contamines Monjoie, 04 50 47 04 04 ;
Refuge du col de la Croix du Bonhomme, 04 79 07 05 28 ;
Refuge Elisabetta Soldini, +39 0165 844 080 ;
Refuge Bertone, Le Pré, +39 0165 844 080 ;
Refuge Elena, +39 0165 844 688 ;
Restaurant Dortoir « Au Club Alpin », Champex-Lac, +41 (0)27 783 11 61 ;
Gîte d’étape de Le Peuty, +41 (0)27 722 09 38 ;
Gîte d’alpage de Charamillon 04 50 54 17 07 ;
Refuge du Lac Blanc 04 50 53 49 14 ;
CIALC Don Bosco, Les Houches, 04 50 54 41 81
MERCI Jean-Luc
Lens, le 23 novembre 2006
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