Arras-Merlimont (été 2003) préparation
L'itinéraire[ ]
J'avais 15 jours pour fixer les étapes et surtout trouver les hébergements correspondants. Quatre jours avant la date de départ prévue, je n'avais toujours pas d'hébergement pour la seconde nuit : l'office de tourisme de Frévent m'avait bien envoyé une liste, mais dans un rayon de vingt kilomètres autour de la zone qui m'intéressait : quand on se déplace à pieds, les kilomètres n'ont pas la même longueur que lorsqu'on se déplace en voiture !
En lisant les pages blanches de l'annuaire téléphonique à la rubrique des communes qui étaient sur notre parcours, j'avais trouvé : « M Roussel, camping ». A tout hasard je téléphonai : nous pouvions avoir un logement en mobil-home pour 3 euros par personnes. Je craignais le pire, mais il n'y avait pas le choix.
Bilan : il y a sur ce trajet, − comme bien souvent − des difficultés d'hébergement même s'il y a probablement un nombre relativement important de chambres d'hôte, il faut en avoir la liste exhaustive (elles ne sont pas toutes répertoriées par les Gîtes de France), il n'y a plus d'hôtel à Avesnes-le-Comte, ni à Frévent!
Le ravitaillement[ ]
Pour le ravitaillement, mêmes difficultés : nous avons suivi la vallée de la Canche et traversé de nombreux villages, un tous les deux kilomètres et demi parfois, mais il n'y a ni épicerie ni café; heureusement, il reste encore dans chaque village un cimetière et donc un point d'eau pour se désaltérer.
Nous ne sommes pas mortes de faim, ne serait-ce que parce que mes acolytes se sont embarquées avec des viatiques conséquents. Nathalie avait dit qu'elle ferait deux cakes, soit, mais sans préciser que les siens mesurent chacun… cinquante centimètres de long. Elle n'a pas voulu s'en défaire en partie au moment de partir et leur taille ne leur permettait d'entrer que dans son sac, qui finalement pesait douze kilos! Malgré nos recommandations, elle n'a compris la nécessité impérieuse de l'alléger qu'à la deuxième étape.
Frédérique avait pris des kilos de tomates, une douzaine d'œufs durs et des soupes en sachet à faire cuire (elles ont fait la randonnée jusqu'à Merlimont…), et des biscuits… Les amandes que je transportais ont eu aussi pour la plupart le bonheur de voir tous les paysages jusqu'à la mer. Du côté des vêtement, nous avons été plus raisonnables (sauf les cinq tee-shirt de Nathalie…). Nous nous sommes délestées un peu en cours de route : sac à viande et K-way abandonnés au milieu de la troisième étape chez une tante de Nathalie, et quelques affaires ont été confiées le soir à Hesdin aux bons soins de cette amie qui devait faire la randonnée avec moi.
Une épreuve ?[ ]
On aura compris que cette randonnée fut une épreuve, au sens propre du terme, assez différente de la randonnée en Bretagne : une randonnée itinérante et non en boucle, nous voulions arriver à Merlimont; de plus, nous n'avions pas de « chef » pour penser à tout à notre place, ni de voiture suiveuse pour apporter le repas de midi ou pour nous permettre de nous reposer un après-midi ; pas de demi-pension pour le soir mais la nécessité de trouver un moyen de se restaurer; nous étions toutes les trois embarquées dans la même galère, j'en avais peut-être une conscience plus forte que mes deux comparses, puisque j'avais la responsabilité de l'itinéraire et de l'hébergement.
En plus, nous avons « choisi » « la semaine de la canicule » : à Fillièvres, le thermomètre chez la tante de Nathalie indiquait, à l'abri, quarante-sept degrés à 14 heures, et nous marchions sur une petite route goudronnée. Cependant nous n'avons pas trop souffert de la chaleur, moyennant quelques précautions : s'arrêter très souvent pour boire pendant la période de grosse chaleur entre onze heures et quatorze heures, « sauter » de l'ombre d'un arbre à l'ombre du prochain à quelques centaines de mètres pour faire baisser un peu la température du corps surchauffé par le soleil au zénith et la réverbération sur le chemin blanc et les chaumes qui l'entourent… À partir d'Hesdin, heureusement, nous avons commencé à sentir les effets de l'air marin plus humide. Sans forfanterie, nous avons plus souffert de la chaleur chez nous à Lens ou à Arras la deuxième semaine d'août. Pendant la randonnée nous étions presque constamment dehors et profitions du moindre souffle d'air.