Au pied du Mont Ventoux (automne 2008) théâtre des enfants

De Entre Amis
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Hier, nous avons découvert ensemble le site romain de Vaison-la-Romaine.
Dans le musée, d'honorables membres de Bassée en Balade, passionnés par la Rome Antique, ont été intrigués par des tablettes de cire.
Nos érudits latinistes ont commencé par jeu à les déchiffrer.
Le temps manquant, ils les ont photographiées. Le soir et une bonne partie de la nuit aux Florans, avant les randonnées vers le Ventoux et la chapelle Sidoine, ils ont traduit ce texte que je vous propose de découvrir maintenant.


Ce texte nous renvoie, vous vous en seriez douté, à l'époque romaine où Vaison s'appelait simplement Vasio. Nous voici donc dans la somptueuse villa de Quentus aux innombrables pièces. dont, bien sûr, latrines et thermes.

Je suis Quentus, propriétaire d'un vaste domaine qui s'étend à perte de vue, où l'on cultive l'olive, la vigne et des myriades de légumes.
Aujourd'hui, je reçois un négociant Valentinus à qui j'espère bien vendre mon vin. Si c'est le cas mon vin se retrouvera dans les meilleures maisons de Rome dont celle de César.
Pour mettre dans de bonnes dispositions ce Valentinus, mon esclave Gautix a préparé un repas somptueux.
Je suis Gautix, je ne suis pas un esclave ordinaire ; mon maître a payé très cher pour m'avoir car je suis cuisinier. Les cuisiniers sont très appréciés chez les romains. De plus, étant gaulois, comme tous les gaulois je cuisine à merveille les charcuteries que les romains adorent.
Mais aujourd'hui mon maître m'a ordonné de mettre aussi au menu du paon et du perroquet. Son invité Valentinus va être étonné.


Comme vous l'aurez constaté, Gautix le cuisinier a cité le nom de l'invité de son maître. Ce n'est certainement pas Quentus qui le lui a dit.
En effet, les esclaves cuisiniers avaient la réputation de laisser leurs oreilles traîner partout. Ils étaient les colporteurs des rumeurs. Ce n'est pas pour rien qu'on les appelait grands coquins.


Voici venir la matrone Marina, ce qui veut dire, l'épouse de Quentus.

Je n'assisterai pas au repas qui se passe entre hommes, mais j'ai donné des ordres pour que la villa soit sans reproche. Je sais que notre intendant, le plus ancien de nos esclaves, aura l'œil à tout.
Moi, je veillerai à ce que l'autel dédié à nos dieux soit couvert d'offrandes, en particulier l'autel de Mercure le dieu du commerce.
Cette fois, j'espère que mon maître et époux ne devra pas être remis sur coude. Cela est arrivé lors d'un repas avec le préfet ; c'était du plus mauvais effet…


Remettre sur le coude, vous avez entendu cette expression.
Les romains mangeaient allongés. De la main droite, ils prenaient la nourriture dans l'unique plat et se tenaient la tête appuyée sur la main gauche.
Lors de repas trop arrosés, il arrivait que leur bras gauche ne soutienne plus leur tête et que celle ci s'affaisse ; d'où l'expression « être remis sur coude », rien à voir avec « lever le coude » ! Aujourd'hui on dirait « rouler sous la table ».


Mais ce que la matrone ignore, c'est que le maître a fait venir ce soir pour réciter quelques vers, Claudia, une tragédienne qui se produit au théâtre.
Ces tragédiennes ont parfois mauvaise réputation ; volontiers courtisanes, elles ne plaisent pas aux épouses.

Je suis Claudia, je vais participer à un repas qui sera, dit-on, exceptionnel dans une salle à manger ornée d'une superbe mosaïque.
Je vais réciter quelques vers en petit comité ; cela me changera du théâtre où je me produis devant 5000 personnes, où je disparais dans des trappes ou dans les airs au milieu des éclairs et des nuages de fumée.
Un théâtre magnifique où chaque personne, quelle que soit sa place, entend comme au premier rang. Et cela me permettra de montrer mon joli minois qu'on ne voit pas au théâtre car il est caché par un masque. Minois auquel ne sera pas insensible, je l'espère, Valentinus ou peut être Quentus.


Vous avez entendu, je pense, que Claudia a une arrière-pensée.

Je suis Valentinus négociant en vin ; j'achète dans toutes les provinces de l'empire, dans toutes les colonies les plus éloignées.
Tous les nobles de Rome se fournissent chez moi, mais, en contre-partie, je dois leur proposer les meilleurs vins, et toujours les surprendre.
Je viens aujourd'hui chez Quentus, j'ai goûté un petit vin qui sera apprécié à Rome.
Mais Quentus est un malin. Mais moi aussi, et je ne me laisserai pas impressionner.


Vous aimeriez connaître la suite ?
Et oui, mais malheureusement le récit s'arrête là. Les tablettes qui devaient comporter la suite ont dû être perdues.
Une seule certitude, c'est que le vin que voulait acheter Valentinus, je ne vous l'ai pas encore dit, c'est le Beaumes-de-Venise et je crois que ce muscat là, on en entend encore parler !