Belle-Île-en-Mer (printemps 2004) littéraire j6

De Entre Amis
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Vendredi 30 avril : Pointe des Poulains - Locmaria et… quartier libre[ ]

La Pointe des Poulains sous la bourrasque

Je reprends la plume de mon clavier.

Initialement une journée libre était prévue par Jean-Luc ; Philippe et Chantal se rallient à cette proposition, et partent à la découverte gastronomique de l'île. Le gros de la troupe souhaite une balade d'une demi-journée. Il est donc prévu de faire à pied le triangle Sauzon - Pointe des Poulains - Grotte de l'Apothocairerie, soit 12 km, puis de pique-niquer et, éventuellement, d'effectuer le retour à pied vers Le Palais, soit 22 km en tout. Mais la météo est montée en puissance : du crachin de mercredi à la pluie affirmée de jeudi, nous sommes passés aux bourrasques de vent ce vendredi. Le vent a soufflé avec violence toute la nuit. Aussi le programme effectivement réalisé devient : aller en bus jusqu'à la pointe des Poulains, petit tour à pied sur l'îlot des Poulains … la marée basse le permet — et, soit retour en bus vers Le Palais, soit retour à pied pour Véronique, Dominique, Michel, Marie-Charlotte, Jean-Luc, Ghislaine, Armel, Marie-Jo, Gérard, Jean-Pierre, Bernard et moi ; malheureusement, un gros grain s'abat sur notre petite troupe et nous mouille rapidement ; nous poursuivons cependant sans encombre pour arriver par des chemins parfois bien boueux sur le haut de Le Palais et à l'auberge ; le pique-nique est pris en commun dans « le patio » et chacun utilise son après-midi librement, mais nous nous croisons souvent dans la petite cité de Le Palais.

La plupart visitent la citadelle Vauban, propriété privée qui était envahie par la végétation il y a une quarantaine d'années, et qui a été restaurée avec beaucoup de bonheur dans l'intégralité des fortifications Vauban. Marie-Jo, Renée-Claude et moi y sommes restées trois heures pour faire le tour des différents éléments de l'architecture militaire, en particulier la poudrière circulaire et les différentes casemates. De certains bastions, on a une vue extraordinaire sur l'avant-port, le port de commerce et le port de plaisance. Il a fallu jouer aussi avec les conditions climatiques : nuage, soleil et vent frais, puis pluie battante.

Dans le « corps de place », l'exposition permanente est consacrée à l'histoire de l'île, à ses légendes, et aux personnages qui y sont nés ou y ont séjournés. J'ai ainsi découvert que Sarah Bernhardt (1844-1923) était non seulement tragédienne mais aussi peintre (un portrait de sa gouvernante et La Côte), sculpteur, romancière (au moins deux romans publiés, La petite Idole et Jolie Sosie) ; on peut voir deux affiches réalisée par Mucha, une pour la reprise de la pièce Lorenzaccio le 21 janvier 1899, l'autre pour La Tosca. Arletty est venu à Belle-Île tourner un film de Marcel Carné, qui finalement ne s'est jamais terminé. Monet a séjourné sur l'île du 12 septembre au 25 novembre 1886, et il a réalisé 39 toiles pendant ce séjour, dont les fameuses Aiguilles de Port Coton.

Parmi les fils plus ou moins illustres de Belle-Île, Trochu, général chargé de la défense de Paris face aux Prussiens pendant l'hiver 1870. Victor Hugo dit de lui qu'il n'est que le participe passé du verbe « trop choir ».

Sont plus sympathiques, les internés de Belle-Île : les opposants de 1848 — Blanqui interné à Belle-Île de 1850 à 1857, Barbès interné de 1850 à 1854 — ou les femmes impliquées dans l'affaire des Poisons<ref>Il s'agit d'une série d'affaires d'empoisonnement qui, de 1670 à 1680, compromit tous les milieux, même ceux de la cour — deux nièces de Mazarin furent mises en cause, Racine et même Mme de Montespan — à tel point que l'enquête publique fut fermée.</ref>, dont la fille de La Voisin ; on peut entrer dans le cachot où elles furent détenues.

Dernière promenade digestive


Le musée consacre un petit secteur aux Acadiens, colons d'origine française installés depuis le début du XVIIe siècle dans les territoires du nord du continent américain, soumis aux assauts anglais et, en 1713, dont leur territoire devint anglais. Ils sont déportés à partir de 1755, c'est le « Grand dérangement ». Soixante-dix-huit familles acadiennes débarquent en 1765 à Belle-Île où elles bénéficient de « l'afféagement<ref>Le terme désigne « une sorte de remembrement donnant à chaque nouvel arrivant son lot de terres et de landes » (Belle-Île-en-Mer, Guide touristique, page 43). Le terme désigne, étymologiquement, le fait de confier des terres pour mise en valeur.</ref> » des terres. Mais en 1785, cent vingt-cinq Acadiens repartiront vers le continent américain, pour s'installer en Louisiane.

En ce qui concerne l'histoire de l'île, j'ai retenu que les Anglais conquièrent Belle-Île en 1761 et y reste jusqu'en 1763. La citadelle qui avait été construite pour résister aux Anglais, a montré son inutilité. Aussi au XIXe siècle, seront construites les fortifications urbaines autour de la ville de Le Palais et des fortifications en différents points de l'île, que nous avons rencontrées dans nos randonnées, comme par exemple le « fortin » de la Pointe des Poulains acheté par Sarah Bernhardt.

Dans l'arsenal, très bellement restauré, l'exposition actuelle est consacrée à la cartographie et aux maquettes de bateau. Nous n'avons pas le temps d'en faire le tour de manière approfondie, mais, pour la première fois, nous voyons de près et pouvons toucher deux figures de proue de navire ancien.

Notes[ ]

<references />