GR5 (printemps 2019)/parcours effectué/j13
dimanche 30 juin, de Briançon à Névache[ ]
Lever encore tôt ce matin car l'étape est longue et Météo France annonce des orages dans l'après-midi. Notre petit-déjeuner nous attend dans notre chambre apporté hier soir par la patronne souriante. Nous partons au lever du jour, il fait encore sombre. Est-ce pour cette raison que je cherche ma route le nez sur mon portable ? Un jeune homme m'aborde me demandant si je connais le centre d'hébergement pour les migrants à Briançon. Lors de mon passage dans cette ville en septembre de l'an dernier, j'avais vu l'existence d'un tel centre près de la gare ferroviaire. Je tente de me repérer avec le smartphone de mon interlocuteur, trois autres compagnons viennent autour de nous, un monsieur nous croise opportunément et nous indique ce centre. Jacky et moi emmenons ces quatre jeunes dans une habitation où dorment des personnes qui recherchent de meilleures conditions de vie, nous nous disons Au revoir, nous nous serrons la main, nous nous quittons heureux d'avoir rendu ce petit service.
Nous traversons Briançon, donnons un coup d’œil sur la vieille ville et les fortifications de Vauban, mettons le pied hors de l'asphalte et le plat montant se transforme en un montant sans plat. Nous tentons d'aller au plus direct vers la Croix du Pied (2350 m), soit mille mètres de dénivellation, en attendant le col du Granon (2404 m) et la Porte de Cristol (2493 m). Le chemin est bien tracé à travers le Bois de la Pinée, se redresse lors des deux passages de barres rocheuses, puis s'adoucit et se dégage en arrivant à la fontaine de Serre Lan. Discussion avec cinq jeunes hommes, amis, amateurs de montagne et de raids de quelques jours en autonomie complète hors sentier. Discussion qui se prolonge par nos explications sur nos déjà treize jours d'itinérance en refuges, gîtes et hôtels, tant et si bien que nous prenons le GR 5C à l'envers ! Retour dans le bon sens, un signe à la bande des cinq sans discussion − attention à l'orage qui doit venir − et nous continuons de monter après un plat revigorant.
La Croix du Pied est atteinte, le chemin s'adoucit − qualificatif de plat-montant −, mais le col du Granon ne vient pas. Nous pensons le trouver après cette montée, l'apercevoir à la fin de cette descente, mais il s'obstine à se cacher bien que midi approche et qu'il est temps de manger un morceau. Des voitures, des cyclistes, des vttistes à moteur ou à cuisses se font voir, oui le col du Granon est bien conquis et la buvette aussi ! Vue magnifique sur le massif des Écrins, ses glaciers et ses sommets fameux, sur la vallée de la Guisane et ses stations de ski. Mais les cumulus se forment, les parapentes profitent des ascendances, et nous regardons tout cela en mâchant notre morceau de pain agrémenté de Vache qui Rit ! Heureusement que la tarte aux myrtilles nous change de l'ordinaire et nous permet de repartir presque rassasiés.
C'est à l'interminable piste de plus de trois kilomètres qui doit nous amener à la Porte de Cristol qu'il nous faut nous attaquer. L'attaque est longue, pénible, mais les Écrins font de leur mieux pour l'oublier. Une montée bien plus sévère nous ouvre la Porte vers la vallée de la Clarée et de Névache. Descente au lac Rond, puis à celui de Cristol. Des familles, des randonneurs de tout âge profitent de paysage magiques, de ces deux plans d'eau et des fleurs, des fleurs… Nous continuons la descente, donnons congé au GR 5C pour un chemin plus raide, mais plus direct. Quelques mots avec un fort randonneur à gros sac qui veut bivouaquer au lac et se demande s'il va y arriver avant l'orage. Nous arrivons à Névache, au cœur de la vieille ville, l'église toujours aussi belle, des maisons restaurées, des restaurants, des magasins et, enfin, le gîte qui nous accueille. Douche, lessive, tentative de séchage car l'orage annoncé est arrivé, bière-discussions, repas, infusion-discussions et repos !