Lamartine et Julie Charles

De Entre Amis
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Lamartine et Julie Charles[ ]

En revanche, les vers très célèbres

« Ô temps, suspends ton vol ! et vous heures propices,
Suspendez votre cours ! »

renvoient à un autre épisode de la vie sentimentale du poète : en 1816, il se rend aux eaux d’Aix-les-Bains et y rencontre Julie Charles, une jeune femme malade de la poitrine, épouse d’un physicien ; ils se retrouvent à Paris au cours de l’hiver 1817 et promettent de se revoir à Aix l’été suivant. Mais Lamartine se retrouve seul devant le lac du Bourget, Julie est retenue à Paris par la maladie qui devait l’emporter en décembre 1817.

Dans la sixième strophe du poème « Le Lac », Lamartine met ces mots dans la bouche de Julie :

« Ô temps, suspends ton vol ! et vous heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »

A. de Lamartine, Méditations poétiques, 1820

Mais accablé par la mort de Julie, immortalisée dans ses poèmes sous le nom d’Elvire, le poète se retire à Milly, dans « une complète solitude et un isolement total ». Il a cru qu’il ne survivrait pas à sa douleur :

« Je reste seul, mais j’ai presque la certitude que ce ne sera pas pour longtemps ; je puis déjà d’avance me compter au nombre des morts » (Lettre du 26 avril 1818).

Le poème « L’isolement » composé en août 1818 et publié dans les Méditations contient un des vers universellement connus :

« Souvent, sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes<ref name="ftn1">Variante : « Ici le fleuve en paix roule ses eaux dormantes ». Nous avons pu constater que cette notation convient mieux pour la Saône, mais le poète lui substitue le souvenir du Rhône, plus impétueux.</ref> ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile<ref name="ftn2">Nous avons pu constater qu’aucun lac n’est visible depuis Milly ; le poète pense, bien sûr au lac du Bourget.</ref> étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.(…)
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé !(…) »

À trente ans, Alphonse de Lamartine épouse une jeune anglaise Marianne-Elisa Birch (Mary Ann), rencontrée à Chambéry en 1819. Naît une fille, Julia, qui meurt à Beyrouth, lors du voyage en Orient en 1832.

Veuf en 1863, il épouse sa nièce, Valentine de Cessiat, qui est également sa fille adoptive.


Pour terminer le florilège lamartinien, nous trouvons dans « L’Homme », méditation dédiée à Byron, la formule, très célèbre elle aussi :

« Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
L’Homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. »



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