Visite de l’abbaye de Cluny

De Entre Amis
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Une visite pleine de surprise[ ]

Jusqu’ici l’art roman s’était présenté à nous sous la forme de petites églises de campagne ; ici nous sommes devant les restes de l’église chrétienne la plus grande avant la construction de saint Pierre de Rome… 187 mètres.

Les églises rurales du mâconnais sont, comme celle de Serrières, de dimension réduite, faites pour de petites paroisses. Elles utilisent des plans très simples : nef unique quadrangulaire non voûtée, chœur et abside en hémicycle, voûtés et portant le clocher. Des murs massifs, des ouvertures étroites. En façade, le portail, souvent surmonté d’une baie ou d’un oculus éclairant la nef est le seul ornement. A l’intérieur de ces églises, il y a très peu de décorations sculptés ou peintes. Le dépouillement et l’harmonie des volumes évoquent, pour nous et paradoxalement, l’austérité cistercienne.

L’église de Cluny au contraire (dite Cluny III), manifeste le faste d’un ordre puissant et riche : cinq nefs, deux transepts, des chapiteaux richement décorés et historiés et des murs peints à fresque, si l’on en juge par les fresques de la Chapelle des Moines de Berzé-la-Ville. Elle a été construite en 1088, au moment de l’apogée clunisienne.


Surprise aussi, sous forme d’un rappel salutaire : même si on sait que l’art roman utilise l’ogive, on a souvent tendance à associer arc en plein cintre et roman et arc d’ogive, gothique. Cluny rappelle que l’ogive est aussi romane ; Cluny, dont la construction a commencé en 1088 serait la première église à utiliser l’arc d’ogive ; il permet l’élévation de la nef et l’ampleur des ouvertures.


Autres sujets d’étonnement : la nef de l’église est à ciel ouvert et était devenue une rue, et reste un lieu de passage. Le clocher octogonal couvert d’ardoises et visible de loin n’est que le clocher du bras sud du transept.

Les restes de l’église sont pris entre, au nord, les bâtiments des Haras nationaux situés sur la partie la plus orientale de la nef, et, au sud, les bâtiment de l’École des Arts et métiers, le cloître du XVIIIe siècle servant de déambulatoire aux élèves de l’école.


Indications données par le guide[ ]

Pourquoi l’église est-elle dans un tel état ? la Révolution a prélevé le plomb des charpentes et, à partir de 1789, a été entreprise une destruction systématique de l’église ; elle a été vendue à des marchands de biens, qui en ont fait une carrière de pierres ; celles-ci ont trouvé un réemploi dans la construction des Haras ou de certaines maisons clunisiennes. Mais les chapiteaux du chœur ont été sauvés.

Pour nous permettre de nous représenter l’édifice, le guide nous conduit dans une salle de projection où une vidéo en trois dimensions élaboré par l’Ensam présente une reconstitution de l’église. Certes, la présentation est centrée sur l’architecture, il n’y a pas (encore) de tentative de rendre les sculptures et les peintures, mais la pédagogie est efficace. D’autant plus que des maquettes simples mais suggestives permettent de vérifier ensuite que nous avons dans la tête le plan de l’église et ses volumes.

Historique rapide[ ]

En 810, sur le site vit une communauté de huit moines, une petite église en bois est construite, celle qu’on appelle Cluny I.Quatre-vingts ans après, on construit une église en pierre : Cluny II.

L’essor de Cluny, pendant les deux premiers siècles d’existence de l’ordre, amène la construction de la troisième église ; commencée en 1088, elle est achevée en 1130, après seulement 40 ans de travaux. Son ampleur s’explique par le fait que résidait alors au monastère un millier de personnes, dont 400 moines. A cette époque aussi se constitue autour de l’église, un bourg qui travaille à la construction ou en relation avec les moines. Au XIIe siècle, il y a 5 000 habitants ; aujourd’hui, 5 200.

Puis il y a un affaiblissement de l’ordre à partir de la Guerre de Cent ans. Au XVIIIe siècle, il reste environ 40 moines. Le prieur entreprend en 1750 de sacrifier le cloître médiéval pour édifier le cloître actuel. Les moines n’y séjournent que 40 ans ; en 1790, les monastères sont dissous. Les habitants du bourg transforment le cloître pour en faire un marché et on perce deux axes, un est-ouest, que nous empruntons et un axe nord sud. En 1866, l’Etat rachète l’ensemble et y installe une École professionnelle supérieure, puis les Arts et Métiers.

Le duc d’Aquitaine, pour racheter une vie dissipée fit don à l’Église d’une partie de ses terres pour construire un monastère. Dans la charte de fondation, il est stipulé que le monastère ne relève que du pape. Les grands abbés sont les six premiers,

Pourquoi l’ordre de Cluny a-t-il pris une telle ampleur ?[ ]

À cause de la longévité (et du talent) de ses premiers abbés, au tournant de l’an mil…

Quelques repères chronologiques<ref name="ftn5">D’après Fernand Nicolas, Les Peintures murales à la Chapelle des Moines de Berzé-la-ville, Académie de Mâcon, p 31, août 1998 .</ref> à lire de bas en haut
Rois de France St Empire germanique<ref name="ftn6">Les dates de début de règne impérial varient suivant les auteurs qui distinguent ou non « roi de Germanie » et empereur.</ref> Abbés de Cluny Quelques papes<ref name="ftn7">En oubliant les « antipapes ».</ref>
Pierre de Montboissier, dit Le Vénérable (1122-1156)
Louis VI (1108-1137) Henri V (1106-1125) Pons de Melgueil (1109-1122) Pascal II (1099-1118)
Henri IV (1056-1106) Hugues de Semur (1049-1109) Urbain II (1088-1099)
Henri III, le Noir (1039-1056) Victor III (1086-1087), abbé Didier du Mont Cassin
Conrad II (1024-1039) Grégoire VII (1073-1085)
Henri II le Boiteux (1002-1024) Odilon (994-1049) Léon IX (1049-1054)
Hugues Capet (mort en 996) Otton III (983-1002)
Otton II le Roux (973-983) épouse Théophano, princesse byzantine Mayeul (948-994)
Otton le Grand (962-973)
Aymard (942-948)
Odon (927-942)
Bernon (909-927)
Fin des carolingiens (Xe siècle)

L’ordre de Cluny se caractérise par une inflexion de la règle bénédictine « ora et labora » ; le « prière et travail » se change en « prière et prière », les clunisiens sont des « orants », qui prient pour le salut des âmes, de la leur et de celles des autres, et de ce fait, les dons affluent, d’où la richesse de l’abbaye et sa puissance.

Entrée dans l’église[ ]

Elle comprend comme on l’a dit cinq nefs (successivement, en partant du Nord ou du Sud : grand collatéral, petit collatéral, nef, petit collatéral, grand collatéral) et un double transept, qui est symbole de « chef d’ordre ». L’ordre comprend à son apogée 1500 prieurés ou abbayes réformées. Cluny se faisait appeler « église de lumière » (rayonnement spirituel).

Chapelle de Jean de Bourbon[ ]

Puis nous entrons dans la chapelle de Jean de Bourbon ; celui-ci est un abbé qui en 1456 a fait ériger cette chapelle ainsi que le palais abbatial construit à l’extérieur de l’abbaye (actuel musée), gothique flamboyant, des statues des prophètes de l’ancien testament soutiennent des statues de personnages du Nouveau Testament.

Evêque du Puy, abbé pré commendataire[ ]

Ce système a commencé en 1516 : ce ne sont plus les moines qui élisent leur abbé mais c’est le roi de France qui désigne l’abbé de Cluny. Ainsi, Richelieu, Mazarin furent abbés de Cluny ; ils siègent à l’Hôtel de Cluny à Paris (actuel musée du Moyen Age). Cluny Paris est une succursale des abbés commendataires à partir du XVIe siècle..

Visite du farinier du XIIIe siècle avec la tour des moulins[ ]

Les moines ont implanté la vigne en Bourgogne.

Entrée dans le farinier : voûte en bois, charpente du XIIIe siècle, chêne pour les poutres et châtaigner pour les lattes (insecticide, imputrescible).

Dans le farinier sont exposé quelques-uns des chapiteaux de l’on a trouvé à Cluny un millier de chapiteaux différents


L’abbaye, à l’intérieur de l’enceinte dont il reste les tours, couvre une surface de 15 ha.



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