Visite de la cathédrale de Reims

De Entre Amis
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les 22 et 23 mai 2004
rédigé par Joëlle Tainmont

La cathédrale vue de son parvis[ ]

Nous retrouvons notre guide sur le parvis de la cathédrale qui nous présente l’ensemble du quartier cathédrale, étymologiquement siège de l’épiscopat. Le Palais épiscopal, appelé Palais du Tau, à cause de la forme en « T » de la salle des festins utilisée lors des sacres, à droite de la cathédrale, est aujourd’hui transformé en musée. À gauche de la cathédrale, les ruines du trésorier de la cathédrale, aujourd’hui siège de l’Office du tourisme. À Reims, il reste peu de vestiges anciens, puisque la ville a été détruite à 80la guerre de 14, d’où la présence de nombreux immeubles art nouveau et art déco.

Quelques points d’histoire : saint Sixte au IIIe siècle veut évangéliser la région ; une première cathédrale est construite au sud de la ville (vers l’actuelle église Saint Rémi). Au V{{sup|e} siècle est érigée une première cathédrale à l’endroit où nous nous trouvons, un rectangle de 50 mètres de long, lieu du baptême de Clovis par saint Rémi ; une statue représentant Clovis se trouve dans la galerie des rois. Dans la façade de la cathédrale, sont représentés saint Rémi à droite et Clotilde à gauche. Le baptême de Clovis est l’origine du sacre des rois. La cathédrale est reconstruite au IXe siècle, puis au X{{sup|e} siècle. Au début du XIII{{sup|e} siècle, on construit une cathédrale gothique, jusque vers 1260. Au XIVe siècle, on ajoute la galerie des rois et les tours au XVe . Les flèches ne seront jamais construites.

La sculpture du XIII{{sup|e} siècle est en style gothique rayonnant.

Au portail, le tympan n’est pas sculpté mais il porte un vitrail, et au-dessus, le couronnement de la Vierge, à gauche une crucifixion et à droite un jugement dernier.

La cathédrale n’a pas été abîmée pendant la Révolution ; en septembre 1914, un obus a mis le feu à la charpente de bois et a fait fondre la toiture en plomb : les gargouilles, dit-on, crachaient du plomb.

Le portail central est consacré à la Vierge : à droite la Visitation et l’Annonciation ; à gauche, le Présentation de Jésus au Temple. On oppose la sculpture de Chartres où les personnages sont hiératiques, et les sculptures de Reims, de trente ans postérieures : il y a du mouvement, un déhanchement qui produit un effet antiquisant. Dans la scène de l’Annonciation, Marie a un visage rond, comme à Amiens, l’ange Gabriel est typique de la sculpture champenoise : sourire, yeux rieurs, cheveux bouclés. Les trois mille sculptures de la cathédrale révèlent une grande diversité de style ; par exemple, dans le portail central dont les statues datent du milieu du XIIIe siècle, on distingue trois écoles différentes. L’ange qui sourit et qui est l’emblème de la cathédrale de Reims, se trouve sur le portail de gauche de la façade, caché par des échafaudages.

Sur la seconde voussure du portail central, on reconnaît Jessé endormi, avec son arbre généalogique.

L’architecture intérieure de la cathédrale[ ]

Nous pénétrons à l’intérieur de la cathédrale. L’invention de l’arc boutant – bouter signifie pousser – permet une élévation qui atteint ici 38 mètres (ce qui place Reims au troisième ou quatrième rang des cathédrales gothiques) et une longueur de 150 mètres. L’élévation est classiquement à trois niveaux, avec triforium aveugle (pas de vitraux) au deuxième étage. L’impression de verticalité est accentuée par l’étroitesse relative de la nef et le fait qu’il n’y a pas de chapelle latérale ; en outre, tous les piliers sont exactement semblables, avec croisée d’ogive quadripartite. Un petit passage, le passage champenois, court derrière les piliers et fait tout le tour de la cathédrale. La luminosité de la nef tient au fait que c’est la première fois qu’on ouvre autant les fenêtres dans les murs ; de plus, au XVIIIe siècle, les chanoines ont enlevé les vitraux historiés et les ont remplacés par du verre blanc ; en 1914 le plomb a fondu et une grande partie des vitraux du XIIIe siècle a disparu.

Le chœur est très avancé dans la nef, et vaste ; on pense que cette particularité est liée à la pratique du sacre. Pépin le Bref, dont la cour était à Soissons, est le premier roi à avoir été sacré : son père n’était pas roi de France, il a voulu être sacré. Il faut attendre le XIIIe siècle pour qu’un prêtre retrouve, dans le cercueil de saint Rémi, des fioles qui servaient à l’embaumement. La Légende veut que le jour du baptême de Clovis, saint Rémi ait reçu d’une colombe une fiole – la sainte ampoule – contenant le saint chrême. Tous les Rois de France, jusqu’à Charles X inclus, ont été sacrés à Reims, sauf Louis VI, Henri IV, qui a été sacré à Chartres, et Louis XVIII qui n’a pas été sacré. On a fait des recherches pour trouver le baptistère de Clovis : il se trouve sous la nef, au milieu de celle-ci.

Les vitraux de la cathédrale[ ]

La restauration des vitraux est l’œuvre de Jacques SIMON, maître verrier, lui-même fils de celui qui a restauré la cathédrale après 1918. Les plus anciens vitraux se trouvent dans les fenêtres hautes du chœur et représentent le roi et l’évêque qui l’a sacré, et dans la rose nord (signes du zodiaque et vie d’Adam et Ève). Jacques Simon a créé des vitraux. Au Moyen-âge, ils étaient financés par des associations. Ici au portail Sud, dans les lancettes des vitraux offerts par les producteurs de champagne, on reconnaît au milieu, la vendange, à gauche les villages avec leur nom, à droite, l’élaboration du champagne, avec dom Pérignon ; celui-ci s’occupait d’une abbaye qui recevait du vin de provenance différente. son idée de génie est d’avoir assemblé des vins pour créer le champagne. On voit aussi un personnage qui coupe de la canne à sucre, un autre qui coupe du liège, un troisième qui souffle le verre.

En 1960, Brigitte Marc, fille de Jacques Simon, a créé les vitraux du transept droit.

En 1970, CHAGALL offre des cartons au gendre de Jacques SIMON qui crée le vitrail : on reconnaît ses petits personnages stylisés et tourbillonnants et toute la gamme des bleus. Un russe de religion juive. Dans les deux lancettes de gauche, un arbre de Jessé dans un tourbillon qui monte jusqu’à la Vierge, son arbre sort de son ventre. Au milieu, le songe d’Abraham et le sacrifice d’Isaac et la crucifixion : parallèle entre l’Ancien et le Nouveau testament, comme au XIIIe siècle. Dans les deux lancettes de droite sont représentés des épisodes qui se sont passés dans la cathédrale : le baptême de Clovis et le sacre de Charles VII avec Jeanne d’Arc, qui a eu lieu en 1429.

En déambulant dans la cathédrale, nous découvrons la tombe d’un architecte de la cathédrale, une porte ouvrant sur l’ancien quartier fermé des chanoines au Nord ; autrefois le chœur était fermé par un jubé comme à Paris, Albi ou Troyes ; l’horloge astronomique du XVe siècle avec personnages qui s’animent et un carillon. Au revers de la façade, cinquante-deux personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament dans des niches avec des feuillages (cent dix plantes différentes). À la base de la rose, se trouve la statue de saint Nicaise ; décapité, il tient sa tête dans ses mains.

Lens, le 13 juin 2004