Rome (hiver 2013)/littéraire/j4
Mercredi 27 février, Tivoli, Villa Hadriana et Villa d’Este[ ]
Départ de Santa Anna à 7 heures 50 pour prendre le bus de ligne régulière qui monte à Tivoli − appelée Tibur dans l’Antiquité −, grosse bourgade assise sur les pentes des collines Tiburtini, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Rome. Joëlle attire notre attention sur les hauteurs des immeubles de cette banlieue : pas plus de 7 étages, selon la tradition de l’Antiquité à Ostie. Le bus quitte l’autoroute pour serpenter à travers les villages de la plaine du Latium, au soleil levant. En face de nous, le Mont Tibur appartenant à la chaîne des Apennins et son sommet tout blanc.
Dès l’époque de la République romaine, Tivoli est un lieu de villégiature très prisé pour sa situation, son air pur, ses sources thermales et les cascades de l’Anio. La somptueuse Villa Adriana l’atteste. Après une période d’oubli, la ville retrouve son faste à la Renaissance avec l’édification de la Villa d’Este et ses merveilleux jardins.
Matinée : visite de la villa ADRIANA[ ]
À 9 heures 50, nous quittons le bus et nous nous dirigeons vers l’entrée de la Villa Adriana. « Respecter la file indienne, SVP » hurle Joëlle. À l’arrivée à l’entrée de la Villa, divine surprise, à la mode italienne : aujourd’hui, exceptionnellement, la Villa n’ouvre qu’à 11 heures au lieu de 10 habituellement. Joëlle grince des dents mais elle n’est pas étonnée. Nous attendons patiemment l’ouverture, au soleil, sur la place Marguerite Yourcenar. Au loin, accrochée à la pente, s’étire la bourgade de Tivoli.
Nous grimpons l’allée centrale jusqu’à une bâtisse qui abrite une maquette de la Villa. Elle offre une vue globale du site. Gigantesque !
Origine et situation de la Villa[ ]
- Site antique suburbain, du IIe s. après J.-C.
- Résidence d’été de l’Empereur Hadrien (3e de la dynastie des Antonins qui succède aux Flaviens), à une journée de transport de Rome. Hadrien aimait se ressourcer en pleine nature.
- Somptueuse Villa édifiée entre 118 et 134, dès le début de son règne (117-138). Hadrien, qui aimait l’architecture, en aurait dessiné les plans.
La Villa[ ]
- Grand voyageur et helléniste, Hadrien voulut créer « une sorte d’album géant », un souvenir de ses voyages et des monuments admirés.
- Les nombreux espaces de la Villa d’Hadrien s’articulent en fonction du relief (référence hellénistique à Pergame).
- Elle impressionne par ses dimensions colossales (près de 150 ha, 2 km de long) mais aussi par le nombre et le gigantisme des bâtiments.
- Très richement décorée de statues, de bronze, de marbres, de fresques, de mosaïques, d’opus sectile − pavements en différents marbres qui composent des formes.
Nous déambulons à travers les vestiges avec arrêt et commentaires devant les plus remarquables :
- Le pecile, appelé sistos en Grèce, vaste quadri-portique (par analogie avec l’agora Stoa Poikile d’Athènes) qui se déploie autour d’un immense bassin et d’un espace intérieur ou ambulatorium idéal pour la promenade. Partie encore dressée de l’immense mur du portique. À proximité, était vraisemblablement construite une bibliothèque.
Un rappel technique : à la période républicaine, les murs sont des structures réticulées − opus reticulum − construites à partir d’un coffrage dans lequel était coulé un ciment − opus caementicum − composé de débris assemblés par un liant fait de sable et de chaux. La brique ne sera introduite qu’à l’époque impériale.
- Le théâtre maritime, îlot sur lequel Hadrien aimait se retirer pour travailler. Il communiquait. avec une bibliothèque et les jardins par un pont en bois, pense-t-on, car aucune structure fixe n’a été retrouvée. À l’intérieur, la structure circulaire entourée d’une superbe colonnade et de décor d’animaux marins est bien conservée.
Instant culturel : Michel lit un texte extrait des Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar qui résume la volonté de l’empereur « Je me sentais responsable de la beauté du monde ».
- Les Termes, autre espace composé d’une abside, de gradins, d’une voûte, où sont bien visibles les morceaux de latericum (les briquettes ou tuiles). Des piliers ferment l’abside et les salles sont ouvertes pour recevoir le maximum de soleil.
- Le stade : les fouilles archéologiques ont mis à jour des structures qui font penser à un jardin plutôt qu’à un stade.
- La caserne des vigiles ou garde prétorienne, grande cour entourée des pièces fonctionnelles pour abriter les hommes et le matériel. Les vigiles sont un corps fondé par Auguste, pour surveiller et agir en cas d’incendie, très nombreux à l’époque. Ancêtres des pompiers.
- Le canope, superbe bassin entouré de colonnes et de statues, les copies des caryatides de l’Érechtheion d’Athènes. Le canope reproduirait le bras sacré du Nil, qui relie le fleuve à Alexandrie. Au fond du canope, le triclium ou salle à manger d’été aménagée dans une abside ouverte sur le bassin, permettait de savourer les mets et la douceur du paysage. (cf. à Vienne la reconstitution de salles à manger d’été). Le toit de l’abside est formé de croissants juxtaposés.
Le devenir de la Villa : elle fut largement pillée par les Barbares mais aussi au Moyen Âge et à la Renaissance pour décorer les palais princiers et autres demeures.
Pique-nique sur les bancs autour du canope, endroit bucolique, avec soleil à volonté et ciel bleu azur.
À 14 heures 15, rassemblement pour la montée à Tivoli. Temps superbe, inespéré ! Le groupe gravit les 5 km sur cette colline abrupte, atteint la grosse bourgade de Tivoli et le quartier médiéval, très agréable. Nous savourons le soleil et le grand calme !
Après-midi, visite de la Villa d’Este[ ]
Origine de la Villa[ ]
- Commande du cardinal Hippolyte d’Este, fils de Lucrèce Borgia. Archevêque à la Cour de François 1er, il est délicatement remercié à la mort du roi. Il se retire donc dans son Italie natale.
- Propriété aménagée au XVIe s., époque Renaissance, sur le site d’un ancien couvent bénédictin.
La Villa d'Este[ ]
- Se développe dans un espace vertical qui s’appuie sur la colline
- Présente trois centres d’intérêt :
- Architectural : Palais dessiné par Pirro Ligorio, architecte napolitain de la Renaissance très influencé par le Manièrisme. Il adapte la disposition de l’ensemble à la topologie du lieu qu’il « met en scène » pour accentuer le grandiose. Les pièces d’apparat sont situées au rez-de-chausée.
- La décoration murale, maniériste, utilise beaucoup les Grotesques
- Les jardins en terrasses, les fontaines et les grottes font la célébrité de la Villa.
Chacun savoure, à son rythme, les vastes jardins à l’italienne, l’extraordinaire jeu d’optique et de perspective, cet entremêlement étonnant et débridé des styles Renaissance, baroque, voire rocaille, le mariage savant de la géométrie dans le tracé des allées et toutes les fantaisies aquatiques, la profusion des jets d’eau et des cascades qui dégoulinent des nombreuses fontaines, 50 paraît-il ! Toute cette exubérance nous la découvrons partout :
- l’allée aux Cent Fontaines aux formes de Grotesques, superbe allée symbolisant la voie royale ;
- l’obélisque de la piazza del Popolo ;
- les aigles (armoiries d’Este) ;
- la fontaine de l’Orgue avec son orgue hydraulique ;
- la fontaine de la Romette illustration de Rome avec la barque symbolisant l’île Tibérine ornée de figures allégoriques ;
- la louve légendaire et des jumeaux ;
- la grotte de Diane…
Les milliers de photos réactiveront les mémoires.
Après un dernier coup d’œil sur Rome et les carrières de travertin, au soleil couchant, nous descendons en nous hâtant lentement jusqu’à la gare de Tivoli où le train nous ramène à Tirmini. Chacun s’égaille à sa guise, en métro ou à pied pour retrouver notre pension.
Très agréable journée ; grand bol d’air dans un site fabuleux, excentrique où l’imagination semble avoir gambergé sans restriction.
AG habituelle, à l’heure habituelle. Monique nous annonce une météo clémente pour demain. Joëlle est ravie de nous avoir fait découvrir et apprécier ce site exceptionnel et de n'avoir perdu aucune ouaille.
Le parcours[ ]
Durée totale : 7 heures.
Méteo :
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