Belle-Île-en-Mer (printemps 2004) littéraire j1

De Entre Amis
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Dimanche 25 avril : Le Palais - Sauzon - Le Palais[ ]

Première balade ; le Chef a dit : « Petit déjeuner à 8 heures, le sac prêt, départ à 8 heures 45. » Tout le monde est prêt à l'heure ; mais les montres de Ghislaine et de Renée-Claude, elles, sont en retard… Nous partons par le sentier côtier vers le nord-ouest, direction Sauzon, puis la pointe des Poulains, que nous n'atteindrons pas.

Montées et descentes

Un paysage somptueux ; nous avons le soleil dans le dos ; un vent léger nous aide à progresser. La marche est aisée mais le sentier monte et descend de manière abrupte parfois. La mer qui a découpé des anfractuosités et dessiné de toutes petites plages, est d'un bleu très soutenu ; les goélands et beaucoup d'autres oiseaux, dont j'ignore encore le nom, sont les rois de ce paradis ; ils sont juchés sur les rochers et dédaignent presque de bouger, même lorsque passe une troupe de randonneurs qui ne sont pas toujours très respectueux des bruits de la nature. Dans les petits ravins, des fougères, ou de grandes prairies qui s'arrêtent au ras de la côte avec des vaches qui regardent paisiblement passer le randonneur. Le chemin est encombré, car l'autre groupe qui loge à l'auberge de jeunesse, est parti pratiquement en même temps que nous.

Malheureusement, Monique s'est blessée dans une descente escarpée, un quart d'heure après le début de la balade ; elle a cependant terminé la journée de marche. Le médecin diagnostiquera une entorse.

À la plage de Port Fouquet, un habitant de Belle-Île commente, parfois avec quelques approximations, le paysage qui est devant nous. Il nous montre les câbles électriques qui viennent du contient et sortent sur la plage ; il y aurait, selon lui, autorisation de construire deux cents maisons par an — le guide de la Maison de la Nature parlera, lui, de cent maisons par an — il évoque pour nous la reddition des troupes allemandes en 1945 dont lui parlait son oncle, la maison de Sarah Bernhardt et le sort de celle-ci qui aurait été inquiétée à la fin de la guerre par les allemands parce qu'elle était juive — il se trouve qu'elle est décédée en 1923… À la plage de Port Jean, un bellilois nettoie, avec enfants et petits-enfants, le filet de pêche qu'il a tendu dans la nuit : d'énormes araignées, de grosses « vieilles » (ou « labres », gros poissons de roche), des lieus. Le guide de la Maison de la Nature de Le Palais nous apprendra que les habitants ont le droit d'avoir cinquante mètres de filet et deux casiers.

Arrivée à Sauzon

Le sentier nous conduit ensuite jusqu'à Port Blanc, en face du port de Sauzon, pour le repas qui est apporté en camionnette par l'auberge de jeunesse. Il ne s'agit pas de sandwiches mais d'un vrai repas avec plat chaud ! Quel confort ! Après le repas, un groupe de quatre — Chantal, Philippe, Armel et Yvette — repart de Sauzon, par le chemin côtier puis prend la route directe vers le Palais ; arrivés à cinq heures, ils auront le temps de flâner et de manger une glace au port.

Le gros des troupes se dirige vers Sauzon, pour prendre un café : il faut faire le tour de l'aber pour rejoindre le port qui est à quelques centaines de mètres de l'autre côté. Le groupe de tête, bien discipliné, suit le chemin et fait tout le tour. Les randonneurs qui suivent, décident de tenter leur chance : c'est marée basse, le fond de l'aber est vaseux, mais finalement ça passe et la suite de la bande prend le même chemin. Café sur une terrasse bien ensoleillée. Un groupe de trois, Michèle, Brigitte et Monique, attend le bus pour repartir vers Sauzon.

Pour le reste de la troupe, Jean-Luc propose d'écourter la balade : au lieu d'aller vers la Pointe des Poulains, nous revenons vers Le Palais par l'intérieur des terres. De petits hameaux où d'anciennes petites fermes ont été joliment transformées en résidences secondaires avec du blanc immaculé sur les pignons et des volets roses, verts ou bleus. Des fleurs partout. Quelques moutons, et des vaches. Jean-Luc nous indique un raccourci ; ça monte au milieu des herbes et des orties et, arrivés en haut, nous tombons sur un « baba cool », que nous réveillons de sa sieste et qui nous demande de redescendre : « Impossible de passer, terrains privés ». Un grand détour par la route nous ramènera tout près du point où le chemin nous a été barré.

Finalement, nous arriverons à l'auberge de jeunesse, enthousiasmés par cette belle journée de soleil, d'air marin et de paysages extraordinaires.

« Le club des deux en vacances » ou « Mystère et aventure à Belle-Île ». Le soir, Marie-Jo et moi partons en balade pour voir les faisans. L'un d'eux est au rendez-vous. Puis nous descendons sur la plage de Castoul. La mer est étale, prête à descendre, il fait encore jour ; nous regardons passer une vedette qui vient du port et se dirige vers Sauzon ; s'y tiennent trois hommes debout qui nous font de grands signes, puis nous ordonnent, d'une voix impérative, de remonter. Nous finissons par obtempérer, d'autant plus qu'un goéland au long bec jaune recourbé, s'avance depuis un moment vers nous qui sommes assises, seules, sur la plage ; bref, nous avons le sentiment de déranger la population locale… Nous remontons lentement sur la falaise et prenons le sentier côtier vers la citadelle. La vedette nous suit depuis la mer, puis finit par reprendre de la vitesse en direction du port. Lorsque nous raconterons, le lendemain, notre mésaventure au guide de la Maison de la Nature, il apparaîtra qu'il n'y avait aucun danger du côté du goéland qui cherchait simplement à ramasser les éventuelles miettes et débris mangeables que nous aurions pu laisser ; en ce qui concerne la vedette, personne n'a le droit, dira-t-il, de nous interdire de rester sur la plage. Peut-être s'agissait-il de contrebandiers cherchant à se débarrasser de spectateurs gênants…