Dunes en Opale (printemps 2008)/littéraire/j1
Samedi 31 mai à Etaples - Sentier de Rombly - 16 km[ ]
La balade du matin[ ]
Le rendez-vous est fixé sur le parking près de la base nautique à 10 heures pour un départ à 10 h 15. Ghislaine et Armel comptent les troupes. Font partie du groupe du matin : Marie-Paule Baro-Cochez, Brigitte Dubois, Geneviève et Gérard Dupire, Yvette et Armel Furlan, Marcel Gauget, Maïté Grevet, Sabine Groux, Dominique et Michel Hettmann, Renée-Claude et Alain Joly, Claudine Vitry et Jean-Pierre Laruelle, Marie-Jo Lobry, Marie-Claude Malbranque, Sylvie Poteau, Marie-Charlotte et Jean-Luc Queva, Chantal et Daniel Verstaevel, Danielle et Jean-Pierre Wojnarowski. Ghislaine ne marche pas ce matin car elle attend le groupe de l’après-midi.
Nous sommes à 10 mètres d’altitude, le soleil brille, les mouettes se font entendre, la photo de groupe est prise devant un ancien bateau de pêche rebaptisé le « Stapula » (Étaples chez les Romains qui étaient installés sur les bords de Canche), et en route pour le sentier de Rombly avec en tête Yvette et Armel venus en reconnaissance la semaine précédente.
Le groupe passe sous la voûte de la voie ferrée avant de longer le terrain de rugby et de s’enfoncer dans le bois de Rombly. Ce dernier est situé au-dessus du village du même nom enseveli sous le sable vers 1689. Ce phénomène exceptionnel en Europe, ne se retrouve qu’au sud-ouest du Portugal : le sable poussé par le vent, escalade la falaise de craie (collines du Boulonnais) et par endroits, l’épaisseur de sable peut atteindre 30 mètres. Les dunes ont grimpé sur la crête du plateau et ne se sont arrêtées que de l’autre côté dans le vallon de Lefaux, qu’elles ont en parie comblé. Sur ce milieu, l’eau de pluie s’infiltre rapidement et la dune reste sèche. Néanmoins il s’y développe une végétation riche et variée, mais très fragile : mousses, lichens, pins, argousiers !
Après quelques kilomètres sur la route qui traverse ce massif de dunes plaquées, arrivée au petit village de Lefaux que nous laisserons à notre droite pour monter la côte qui nous emmène vers le Camp du Cygne. Nous tournons à gauche et se profilent devant nous les contreforts calcaires blancs des collines du Boulonnais. A droite les éoliennes de Dannes et bientôt nous apercevons les ruches dont deux ont été brûlées volontairement par bêtise et méchanceté le jour où nous avons « reconnu » le parcours (nous étions trop loin et occupés à manger lorsque nous avons vu des individus, pris pour des randonneurs, rôder à cet endroit…).
Après deux heures d’une marche alerte, nous nous enfonçons à nouveau dans le sous-bois qui nous emmène à la route de Camiers, puis nous rejoignons le parking de la « Maison dans la Dune » (pas celle de Maxence Van der Meersch qui se situe au Touquet).
À la halte dans le sous-bois, il est 13 heures et nous pique-niquons (heureusement car le chef crie famine depuis un long moment…) ; les moustiques décident aussi de se mettre à table, sur notre « cuir » et le chef en gardera de superbes boursouflures, les autres aussi bien sûr ! Ne ratez pas le cliché de la protection de Marie-Charlotte !
La sieste[ ]
Décision est prise de monter dans la dune, jusqu’au point de vue avec table d’orientation : dans le sable, pas de sales bestioles ! Jean-Luc appelle Ghislaine pour prendre des nouvelles des marcheurs de l’après-midi qui seront légèrement en retard au rendez-vous.
Alors, chacun profite du temps libre pour discuter ou s’adonner à une petite sieste : Marcel, un habitué de cette activité, comme d’habitude, y excellera de même que tonton Daniel ; la star dans les herbes ? C’est Chantal ! Sylvie semble aussi avoir déconnecté pendant un moment et quant à Sabine, nul ne sait ce qu’elle a fait, immobile, derrière ses lunettes noires !
La balade de l'après-midi[ ]
Pendant ce temps, le deuxième groupe pose avant le départ pour la photo, au parking de la « Maison dans la Dune » ; on y voit Monique Dubrulle et quatre de ses petits enfants : Antoine, Camille, Clara et Zélie, Frédérique Cygan, qui confie avoir un problème avec le temps (!), Marie-Paule et Marc Delmaere, Chantal Dewilde, Marie-Claude et Joël Jakuboszcak, Catherine Lukowski et Ghislaine Rohart.
Les nouveaux rejoignent le point-de-vue, bientôt accueillis par les acclamations du premier groupe (voir la joie du chef qui prend Catherine par le bras…).
Le soleil s’est caché et une légère brume voile le très beau panorama de la baie de Canche, avec en arrière plan Le Touquet, sa base de voile, son phare, la tour du lycée, l’hippodrome, l’aérodrome…
Le moment de la contemplation et des effusions terminé, les 37 marcheurs quittent cette dune blanche pour la dune grise et à fourrés de la Butte aux signaux, avant de redescendre vers la baie de Canche. Traversée de la D940 reliant Étaples à Boulogne-sur-Mer, et descente vers « les Mollières » (terres inondées par les grandes marées).
Nous serons bientôt en vue d’un observatoire à oiseaux mais il est bien difficile de faire taire la troupe, heureuse de bavarder en marchant. Bref sur la mare où nous avions vu la semaine précédente une cigogne (à ne pas confondre avec l’aigrette garzette commune ici), poules d’eau et canards sauvages, aujourd’hui : RIEN ! Conséquence du bruit ou phénomène de marée basse ?
Nous poursuivons notre marche entre les roseaux, les pannes (trous d’eau naturels ou cratères de bombes), les fossés avec en bruit de fond d’innombrables cris d’oiseaux et de batraciens. On devine dans cette nature protégée, une intensité de vie extraordinaire, bien que discrète, s’épanouissant dans cette rencontre de l’eau douce et de l’eau salée, de la vase d’estuaire, du sable et de la craie. La réserve naturelle de la Baie de Canche, le plus septentrional des estuaires picards, compte 505 ha sur 3 communes : Étaples, Lefaux et Camiers. De cette surface, 460 ha appartiennent au Conservatoire du Littoral et le reste dépend du Domaine Public Maritime. Cette réserve abrite plus de 550 espèces végétales dont 46 protégées, environ 200 espèces d’oiseaux, 28 espèces de mammifères, et 10 espèces d’amphibiens. Et c’est là que Zélie va rencontrer une superbe grenouille qui se laissera photographier au creux de sa main, pendant la dernière pause avant l’arrivée.
Nous laissons à notre droite la vaste étendue sauvage où nous devinons les huttes des chasseurs de gibier d’eau, et à notre gauche, le cimetière militaire où, sur un espace de 6ha, reposent les 10 773 membres des Forces du Commonwealth, et aussi 658 soldats allemands, tombés entre 1914 et 1918 ou décédés à l’hôpital militaire du site.
Dommage qu’à cette période les lilas de mer ne soient pas fleuris, transformant la prairie vaseuse en un champ ondulant mauve et violet… et nous ne verrons pas non plus les fameuses salicornes (appelés ici « passe pierre »), algues qui se consomment en salade ou se conservent dans du vinaigre tels les cornichons.
Vers 16h nous sommes revenus aux voitures. Nous nous déchaussons car après la Nature, nous avons rendez-vous avec la vie étaploise au charmant petit musée de la Marine.
Le musée de la Marine[ ]
Pour comprendre Étaples-sur-Mer et ses traditions solidement ancrées dans l’histoire de la pêche artisanale, il suffit d’ouvrir les portes de ce musée. Dans ce qui fut jadis la « Halle aux Poissons » y est ouvert le grand livre écrit au fil du temps par les hommes et les femmes de la Cité des Pêcheurs. Vitrine après vitrine, se révèlent l’évolution de la flottille de pêche étaploise , du XIXe siècle à nos jours, l’habitat maritime au sol sablé , les objets du quotidien ou d’art, les costumes et bijoux traditionnels , ainsi que les métiers pratiqués pour et par les gens de mer : voilier, tonnelier, charpentier, bottier, verrotière (qui creuse le sable pour attraper les vers de mer qui serviront d’appât), sautrière (qui pèche les « sauterelles » = crevettes).
17h30 : trois gouttes de pluie nous surprennent à la sortie du musée. Nous regagnons les voitures, en laissant à notre gauche le symbolique Calvaire des Marins : si ce monument chrétien érigé en hommage aux marins disparus en mer est pavoisé de 4 drapeaux bleu-blanc-rouge, ce serait parce que la République veut honorer les marins morts au combat (source SI d’Étaples).
La soirée[ ]
Vers 18h, nous arrivons à MERLIMONT, au centre des ARGOUSIERS, où nous sommes hébergés. Dominique, le concierge, nous attend avec le café, mais les buveux d’chopes d’euch’Nord vont vite aller dans un bar de Merlimont Plage s’offrir une tite mousse avant la douche.
19h15 tout le monde est à table. Le 38e du groupe, Jacques DEPREZ, nous a rejoint : le « malheureux » est resté consigné à la maison pour cause de travaux. Yolanta ZIOLKOWSKI nous accompagne également pour la soirée.
Au menu Kir normand accompagné d’accras de morue, tarte au fromage, pavé (énorme !!!) de saumon aux petits légumes à l’espagnole et mini pommes de terre à la croque-au-sel, salade et fromage, très beau et très bon dessert aux fruits rouges, arrosé par les « bulles » que nous offrent les nouveaux papys et mamies de Maëlys (Yvette et Armel) et Cloé (Chantal et Daniel). Nous avons pensé au confort des bébés, et Marie-Charlotte, en notre nom à tous, remet aux mamies un délicat cale-tête que Marcel va apprécier sur-le-champ.
Après les éclats de rire, Yvette apparaît habillée en grande prêtresse du chapitre de Bassée en Balade. Avec solennité, elle intronise les trois nouveaux marcheurs Clara (11 ans), Antoine (12 ans) et Camille (14 ans).
21h, tous à la salle d’animation. Tout d’abord au nom de Bassée en Balade, Ghislaine remet à Marcel (Gauget) et à Michel (Hettmann) une coquille St Jacques (d’Etaples !) accessoire indispensable pour leur marche sur le chemin de St Jacques de Compostelle qu’ils entameront en septembre. Et ce n’est pas tout ! Merlimont, au Moyen Age et jusqu’à la révolution dépendait de l’abbaye de St Josse sur Mer, et devinez, vous qui marchez, qui est le saint Patron des Pèlerins, pas St Jacques, non ! C’est St Josse, notre ancien voisin ; alors nous leur remettons aussi l’effigie du saint, afin qu’il guérisse leurs maux de pied (c’était sa spécialité entre autres guérisons miraculeuses !!!). Nos deux marcheurs ainsi protégés, nous laissons la scène aux artistes.
Tonton Daniel donne la réplique à Michel qui, avec le talent que nous lui connaissons, nous récite des poèmes de Jules Mousseron. Rires sans retenue à la « chute » de ces histoires d’euch’Nord, de D’nain (Denain) plus précisément. C’est savoureux ! Merci Mimiche ! Ce florilège nous invite, nous qui n’avons pu assister à la soirée du 3 mai, à aller voir le spectacle prévu à l’automne.
22h30, tout le monde au dodo, mais certains malchanceux connaîtront une mauvaise nuit, car quelques lits laissent à désirer…