Dunes en Opale (printemps 2008)/littéraire/j2

De Entre Amis
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Dimanche 1er juin matin - Massif dunaire de Merlimont - 8 km[ ]

La grotte

Après un bon petit déjeuner, Yvette et Armel nous quittent pour cause de communion. Nous pouvons leur dire un grand merci pour le travail de préparation et de reconnaissance qu’ils ont accompli.

Avant de rejoindre Reynald, le guide Nature du Centre, Ghislaine nous emmène devant cette étrange grotte , et nous en explique l'histoire: le Père HALLUIN qui avait créé un orphelinat à Arras en 1860, amènera ces enfants en colonie à Merlimont, dans ce domaine appelé « la grotte » dédiée à Notre-Dame de Lourdes. le domaine appartient actuellement à la Ligue de l'Enseignement, et la statue de la Vierge a été placée dans l'église de Merlimot-Plage.

La balade du matin

Il est maintenant 9h00 et Reynald nous emmène à pied dans le 2ème cordon de dunes à l’est de la Manche.

Il nous explique les mesures destinées à la protection du site entre baie de Canche (1er site acquis par le Conservatoire du littoral en 1976), et baie d’Authie. Tout au long de notre promenade, il nous montre les plantes typiques de ce milieu : chardon bleu, pensée de Curtis, poivrier de muraille, lèche de sable (ou carex) qui grâce à son système radiculaire colonise la dune, mousse tortula, porcelle, salsifi pâle et en montant en taille, le saule rampant qui recouvre les pans de dune, l’asperge, l’argousier, l’églantier, le prunellier, l’aubépine, le peuplier-tremble, le chêne, l’ormeau, sans oublier le sureau très présent.

A 10h30 nous atteignons le site de l’ancien MERLIMONT, dans ce qui est aujourd’hui le quartier des « Certains ». Le village s’appelait SEYMAN qui signifie HOMME DE LA MER.

Ghislaine nous explique comment en 1534 ce village de pêcheurs paysans fut englouti sous le sable, et que leur église se trouve quelque part sous ces dunes. Obligés de quitter leurs maisons, et conscients du risque que représentaient ces tas de sable qui bougent, ils vont choisir de s’installer dans le marais sur l’actuelle route qui va de Merlimont à Saint Josse. Ils érigent une nouvelle église dont les vestiges sont encore visibles de nos jours. Deux ou trois siècles plus tard, l’ensablement de l’estuaire d’une rivière maintenant disparue, au sud de notre territoire, entraîne une montée des eaux du marais, et nos malheureux « Ménomes » (Merlimontois en patois) doivent à nouveau émigrer. Ils choisiront de rejoindre le « hameau » qui est le centre du Merlimont Village d’aujourd’hui, et ils construiront une 3ème église sur le site de l’édifice actuel. En fait, les « ménomes » furent confrontés à trois fléaux : le sable, l’eau ; et enfin les lapins de garenne. Les dunes sont fixées dès 1840 par les plantations d’oyats et de pins. Le marais a fait l’objet de nombreux drainages avec, sous Napoléon III le creusement de canaux appelés « tringues ». Quant aux lapins de garenne qui pullulent et mangent toutes les récoltes, la chasse puis l’épidémie de myxomatose des années 50 les feront disparaître.

En ce qui concerne Merlimont Plage, il faudra attendre 1900 pour qu’un groupe de propriétaires crée la station. La demande constante de constructions neuves grignotant le littoral, un plan local d’urbanisme est adopté afin de préserver le rivage et les dunes.

La dune du Guigneux

11h00 : nous escaladons la « Dune du Guigneux » ainsi nommée parce qu’au 8ème siècle, c’est de là-haut que le guetteur (guigneux) observait l’arrivée des envahisseurs vikings qui remontaient jusqu’au port de Montreuil sur Mer, pillant et saccageant tout sur leur passage. Ainsi placé, il pouvait prévenir les habitants de St Josse, de Montreuil sur Mer, et de Berck. Ce poste d’observation demeurera précieux au long des siècles pour la vie des habitants de Merlimont.

Ouf, ça y’est, nous sommes au sommet ! Heureusement qu’il a bien plu au cours de la semaine précédente, ce qui a tassé le sable et donc facilité notre grimpette. De là-haut, nous devinons un horizon très lointain, mais la brume nous empêche de situer les villages et de bien voir ce qu’on appelle les « Bas-Champs », zone marécageuse et « engloutissable » puisqu’une dune peut se déplacer de plusieurs mètres au cours d’une tempête.

Nous redescendons en remarquant la présence de 2 blockhaus en très bon état parmi les villas de Stella-Plage. Puis nous passons devant la résidence du créateur de cette station ; Victor POULAIN (Stella, parce que construite en étoile). Nous croisons Jacques venu à notre rencontre, qui nous emboîte le pas. C’est alors que Camille exhibe un coude tout gonflé, rouge et chaud. Un détour par la maison de Ghislaine, qui lui nettoie cette piqûre, et hop ! c’est reparti. Nous empruntons alors un charmant sentier entre les « ganivelles » (barrière de bois plantée dans le sable, qui a une double fonction : canaliser le public et protéger la flore).

Reynald nous précise que dans cette partie humide, vivent deux espèces de batraciens typiques : le triton crêté et le crapaud calamite. Nous découvrirons encore des plantes familières ou inconnues : le géranium « herbe-à-Robert », le troène, la clématite, la bryonne dioïque dont les baies rouges se mélangent aux baies orangées des argousiers, l’élyme, l’onagre dont les fleurs jaunes illumineront toute la dune dans quelques semaines, sans oublier la morelle douce-amère. Enfin je réserve une place particulière à mon préféré, le chardon bleu (panicot maritime).

12h00 : le ciel est gris mais nous sortons les pique-niques des sacs, assis face (ou dos) à la mer. C’est bon ! Puis nous marchons sur la plage jusqu’au bar où nous étions déjà allés il y a 2 ans. Ragaillardis par un café chaud, nous rentrons aux Argousiers.

Certains décident de ne pas marcher l’après-midi, et nous restons une trentaine pour rejoindre St Josse sur Mer

Dimanche 1er juin après-midi - Chemin des Briqueteries - 8 km[ ]

L'église de Saint-Josse

Il est 14h30 lorsque nous stationnons les voitures en face de l’église de St Josse.

Merlimont42.gif

Nous visitons l’église dédiée au saint patron des pèlerins : Regroupés devant la statue du saint ermite, Ghislaine nous raconte succinctement la vie de ce seigneur promis à la royauté sur la Bretagne du nord, et qui dédaigne la couronne pour partir sur les chemins, faisant vœu de pauvreté. Son pèlerinage à Rome l’amène en Picardie (il n’était pas pressé !) où il passe l’essentiel de sa vie, réalisant plusieurs miracles. Il finit son existence en ermite dans le bois de St Josse, accueillant les pèlerins qui lui rendent visite. Il devient ainsi par la protection qu’il leur accorde, leur saint patron. Cette protection s’étend à tous les malheureux, et donc les marins de la région le vénèreront (encore aujourd’hui). Ils viendront très nombreux en pèlerinage sur sa tombe, et graveront des ex-voto sur le mur nord de l’église actuelle (qui faisait partie d’une très importante abbaye détruite à la Révolution).

15h00, nous nous élançons sur la boucle du chemin des Briqueteries. En effet la glaise du mont de St Josse était exploitée par 2 briqueteries, l’une située à Capelle (hameau de St Josse), l’autre à St Aubin.

Nous longeons les pâtures en pente qui descendent vers la D143 Etaples - Rang du Fliers. Nous empruntons cette départementale sur quelques centaines de mètres, avant de nous enfoncer dans le sous-bois, frôlons le bois de Belle Dame, et c’est sur ce parcours que Jacques repérant un pas de sanglier, explique comment se défendre si l’animal nous charge : enfoncer profondément le poing dans la gueule du monstre, jusqu’à la queue, saisir solidement cette dernière, et retourner la bête !…

Nous gagnons le village fleuri de Saint Aubin. Les enfants commençant à fatiguer, ils rejoignent directement Saint Josse, avec leur Mamie.

Nous continuons en grimpant le Mont Pourri, ainsi nommé à cause des nombreuses sources engendrées par les bancs d’argile imperméables. C’est un endroit isolé, de grand calme, et nous admirons de jolies propriétés. C’est alors que nous avons perdu Marie Charlotte et le chef. Inquiets nous les attendons au soleil. En fait, il lui avait enlevé une tique incrustée derrière l’oreille, mais voilà : la tête était restée crochetée dans la peau. La pince à épiler s’avérant définitivement inefficace, c’est le couteau suisse qui viendra à bout de la bête…

Le retour s’effectue en longeant le bois de St Josse, où se situe la fontaine miraculeuse qui guérit les maux de pied. Nous admirons en passant le parc du château, construit sur le domaine de l’ancienne abbaye.

Il est 17h15, et nous entrons dans Saint Josse fleuri (souvenez-vous des magnifiques artichauts décoratifs).

La randonnée est terminée, le programme a été respecté, et chacun s’apprête à rentrer à la maison. Nous nous quittons contents, en réfléchissant déjà à d’autres projets.