Massifs d'Aspe et d'Ossau (été2012)/littéraire/j2

De Entre Amis
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Lundi 16 juillet, le Pic d’Anie (2504 m) depuis le refuge de l’Abérouat[ ]

Le mot de Patrice :

Comme tous les hauts sommets, le pic d’Anie a ses légendes. Pour un Navarrais ou un Souletin, il est la montagne des chèvres ; il abriterait aussi le seigneur rouge qui règne sur un jardin merveilleux où poussent les fruits de l’immortalité ; pour les lescunois, il était le lieu de tous les maléfices.

Aujourd’hui nous évoluons dans une partie du cirque de Lescun limitée par les Orgues de Camplong, immense muraille qui s’étire au-dessus de Lescun.

Nous empruntons la voie normale depuis Lescun, celle qui contourne le pic en écharpe par l’Ouest et rejoint le sentier balisé venant de la Pierre Saint-Martin.

Matinée[ ]

À 8 heures 35, les voitures sont garées au parking sous le Centre d’Éducation Populaire de l’Abérouat.

Grand ciel bleu sur lequel se détachent les sommets environnants.

« Abérouat », signifiant noisetier, a donné son nom à ce lieu où les noisetiers poussent en grand nombre. C’est aussi ici qu’au XIXe, les lescunois et quelques espagnols venaient soigner leurs rhumatismes dans une source qui fut jadis chaude et refroidie à la suite d’un tremblement de terre, selon la légende rapportée par le compte Russel. Thermes confidentiels constitués d’une cabane rudimentaire avec une seule baignoire. Pendant la Première Guerre Mondiale, le thermalisme est abandonné et en 1919, l’Abérouat devient un refuge, point de départ des excursions vers l’Anie. Pendant la deuxième Guerre Mondiale, ce refuge tombe en ruine et sert de cache aux évadés. En 1946, à l’initiative de deux instituteurs de la vallée, la FOL loue le refuge et ainsi débute l’Œuvre de Montagne avec les premières classes vertes, les stages d’instituteurs, de douaniers et de gendarmes. Puis, discrètement, avec l’aide des normaliens palois, les Ponts et Chaussées tracent une route depuis le village. Après bien des vicissitudes, fermetures et remises aux normes, ce refuge est devenu essentiellement un Centre d’Education Populaire laissant une part aux randonneurs.
D’après Lacazette et Lemière p. 24-25


Nous démarrons par une longue traversée dans des sous-bois, sur un chemin, parfois très boueux, qui monte très progressivement et nous amène à la base des Orgues de Camplong dans une immense prairie. Encore une demi-heure de grimpette jusqu’à la cabane du Cap-de-la-Baitch, qui signifie bout du vallon. Rafraîchissement apprécié à la fontaine et toujours de nombreux troupeaux qui paissent. Les orties foisonnent. Comme le rumex ou PCul du berger, leur abondance en un même lieu, due à la forte densité d’azote, indique qu’il y a eu une présence animale et humaine. Elles peuvent être un repère non négligeable.

Nous atteignons les Arres d’Anie.Comme ses grands voisins, Les Trois Rois, L’Ansabère et le Soum Couy, le pic d’Anie émerge d’une vaste étendue de pierres. Sur ce sentier délicat aux montées et descentes obligées pour éviter crevasses et fissures, Patrice exige qu’on le suive pour ne pas nous égarer dans ce labyrinthe de pierraille. Nous évoluons dans le karst de la Pierre Saint-Martin, immense étendue située entre France et Espagne. Appelée arre en gascon, cette zone est inlassablement modelée par un élément qui se dissimule bien, l’eau. Chargée de gaz carbonique, elle devient un acide qui dissout un constituant du calcaire. Ainsi, en surface, elle sculpte des rigoles et des crevasses qui constituent le lapiaz et s’infiltrant dans les failles, elle creuse en profondeur d’immenses cavités, des gouffres comme celui de la Pierre Saint-Martin, très connu, le Gouffre des Partages, le plus profond (1410 m) et le plus long (80,2 km de galeries repérées) et le Gouffre des Gugusses près du Soum Couy que notre ami Jean-Michel a exploré. Une station météo est installée à proximité.

Nous surplombons une cuvette humide, abusivement appelée lac d’Anie. Encore un effort pour atteindre une grande croix piquée sur la croupe (2100 m), juste sur le passage, en mémoire de ceux qui se sont perdus ! Nous grimpons lentement. De nombreux cairns balisent bien le sentier. Quantité de fleurs d’arnica, pétales jaunes offerts au soleil, semblent prêtes à soulager quelques maux éventuels. Mais jambes, genoux, chevilles ont bien tenu. Nous atteignons une cheminée facile. Encore faut-il y mettre les mains et les bâtons sont bien encombrants. Mais du renfort nous attend : depuis le départ, deux marcheurs nous précèdent, nous retrouvent, nous attendent et nous aident à franchir cette cheminée, sous l’œil intrigué et impatient de leur labrit roux, Picot. Encore un peu de pierraille et à 13 heures 30 les premiers atteignent le sommet. Monique, bien encadrée par ses gardes du corps, Christian devant et Jean-Luc derrière, ferme la colonne.

Panorama grandiose que Patrice nous décline : le Vignemale, le Pic du Midi d’Ossau et la Table des Trois Rois ; à la droite de l’Ossau, le Balaïtous avec Oloron et Pau au-delà ; dans la vallée proche, Lescun puis Lhers.

Pique-nique bien mérité au sommet du pic d’Anie. Nous nous protégeons du vent, toujours un peu frisquet. L’ambiance est joyeuse, les langues ne sont pas fatiguées, les appareils photos mitraillent.

De gros nuages noirs montent de la vallée. Il faut lever le camp !

Après-midi[ ]

Pour la descente, nous empruntons le même chemin qu’à la montée et les points de repères tels la croix ou un sous bois agissent sur le moral comme des ardillons. Après le passage délicat de la cheminée et du karst où Patrice doit souvent vérifier le sentier, ça galope !! Trois kilomètres dans le dernier sous-bois, puis le refuge de l’Abérouat en vue. À 17 heures nous sommes aux voitures.

Deux genoux ont un peu souffert, les mollets sont tendus mais quelle journée fabuleuse :

  • un soleil magnifique qui a cuit quelques épaules, un ciel bleu dégagé ouvrant un horizon très large ;
  • une randonnée longue mais variée, un peu acrobatique, tantôt dans un paysage bucolique, où nous prenions plaisir à observer la tranquillité des troupeaux, à nous extasier sur la beauté de la flore aux teintes toujours éclatantes, tantôt dans le paysage aride et minéral de la haute montagne ;
  • la victoire d’avoir atteint un des sommets bien connus et relativement haut et d’avoir pu admirer une partie du massif pyrénéen.

Fin d’après-midi au gîte ; course à la douche ; la lessive, incontournable ; bières réconfortantes ; les appels téléphoniques à la recherche de l’endroit qui reçoit une once de réseau. Le tout clôt par un excellent dîner : soupe fraîche de concombre à la menthe, poulet basquaise et crème caramel.

Soirée[ ]

Chacun goûte la douceur du coucher de soleil avant de s’enfiler dans le sac de couchage pour une bonne nuit pimentée des éternels ronflements, éternels sujets de conversation matinale !

Le parcours[ ]

Durée totale : 10 heures 10.
Méteo : temps couvert, froid avec des éclaircies.

  • Longueur de l'itinéraire : 17 km
  • Dénivelé positif cumulé : 1240 m
  • Dénivelé négatif cumulé : 1240 m
  • Altitude maxi : 2300 m
  • Altitude mini : 1240 m
  • Altitude moyenne : 1750 m