Sète, les copains d'abord (printemps 2009) littéraire j3
mardi 21 avril, le mont Saint-Clair, 8 km, dénivelée de 183 m[ ]
Le soleil est au rendez-vous pour l’ascension du « Mont Saint-Clair ». A 9 heures tapantes − nous avons eu droit à la grasse matinée − le groupe quitte Le Lazaret. Peut être un peu plus rapidement pour certains, avant que chacun trouve son rythme et, par les petites routes qui sinuent le Mont Saint-Clair, quelques brefs arrêts nous permettent d’admirer les paysages magnifiques dont bénéficient les habitants des lieux. Nous atteignons sans peine le point culminant de la ville : 183 mètres où nous pouvons découvrir à plus de 180° le port, les canaux, le massif de la Gardiole, une partie de l’étang de Thau avec les parcs à huîtres de Bouzzigues, le Lido et la grande plage de Sète, à gauche Agde et le cap d’Agde et, au fond, Marseillan.
Sagement installés sur les estrades en bois, face à l’eau, malgré le vent, nous écoutons le topo de Joëlle :
- à la fin du XVIe siècle, un duc de Montmorency voulut aménager un port dans l’anse de l’actuel Lazaret. Son projet échoua, sans doute refusé à cause des origines protestantes du Duc. Il construisit un ermitage et un bastion, à l’endroit où nous sommes assis, démantelé au XVIIe siècle à la suite de la révolte du Duc. Au XVIIIe siècle, une chapelle dédiée à Notre Dame de la Salette est élevée. Ses vitraux et fresques murales, de style contemporain, sont remarquables.
- La ville de Sète est fondée par Louis XIV même si des fouilles attestent de présence humaine dès l’âge de bronze. Confrontés à l’enlisement des graus languedociens − notamment du port de Frontignan − et à la nécessité d’ouvrir au canal du Midi, que Riquet mène à son terme, une sortie vers la mer, Louis XIV fait creuser le canal du Rhône à Sète et le port sur le lieu « cap de Cette ». Puis est édifiée la ville qui devient cité royale et que Vauban fortifie pour résister aux invasions anglaises. Sète connaît un essor particulièrement important à partir de 1830 lors de la conquête de l’Algérie vers laquelle elle exporte le vin. Elle sera sinistrée à 80% lors de la deuxième guerre mondiale. Sète a été le cinquième port de France et est actuellement le premier port de pêche en Méditerranée. C’est aussi un port de voyageurs assurant des liaisons régulières par ferry avec le Maroc, l'Algérie et les Baléares.
Les Pierres Blanches et le cimetière de Py[ ]
Nous descendons ensuite rapidement par une série d’escaliers et de petits chemins pour nous diriger vers le panorama des Pierres Blanches. Îlot de verdure en pleine ville de Sète, ce site est un lieu de promenades très agréables offrant une vue panoramique sur Agde et l’étang de Thau. Nous profitons de cet arrêt pour admirer le paysage et faire la traditionnelle photo de groupe.
A la suite de Joëlle un groupe décide de crapahuter sur ce terrain de jeu idéal tandis que, sous l’égide de Jean-Luc, la plupart d’entre nous descend vers le cimetière de Py où repose Georges Brassens.
Le groupe de Joëlle grimpe jusqu’au sommet du site en surplombant une carrière abandonnée, de pierres rouges, dans laquelle les engins s’activent bruyamment à la construction d’immeubles. Nous louvoyons dans la garrigue dense composée de chênes verts et de chênes kermès. Un lapin casse la croûte tranquillement. Entre les bosquets d’arbres, les orchidées, iris et narcisses peuplent la pelouse des clairières. Nous nous pressons vers les ruines d’une bergerie à la recherche de la « barbe de Jupiter », espèce phare du site. Mitraillage d’un splendide buisson mais le doute s’installe : est-ce le bon ? Il paraît pourtant que les quatre pieds qui poussent ici sont les derniers de tout le Languedoc. En haut du site, dans un paysage magnifique, on aperçoit le lido, large bande de sable qui s’étire du mont Saint-Clair au volcan d’Agde et qui sépare l’étang de Thau de la mer (photo 1). On distingue encore les anciens salins. Dans des jardins en terrasse, se dressent des oliviers, figuiers, arbousiers et azeroliers, une sorte d’aubépine. Si le pin d’Alep est l’espèce dominante du site, le sous-bois est surtout peuplé de laurier-tin, d’alaterne et de lentisque. A vos flores !! Crochet dans la pierraille pour jeter un coup d’œil sur le cimetière de Py qui se dévoile en contre bas à travers les pins. Dernière descente au pas de hussard dans le dédale des petites rues pour les retrouvailles au Lazaret où un agréable repas du midi nous change des « saladières ». Nous pouvons tester le Picpoul de Pinet, vin blanc si clair qu’on peut le confondre avec l’eau ! La surprise est assurée !
Visite du vieux port, les canaux, la ville basse, la Pointe Courte, 16 km[ ]
Pas le temps de faire la sieste ou de flâner sur la plage, un après midi bien chargé nous attend.
Nous longeons la route de la corniche. Premier arrêt devant « l’ouvre-boîte », espèce de sculpture qui n’a aucune explication. Nous doublons le théâtre de la mer − Jean Vilar −, apercevons le cimetière marin où repose Paul Valéry et arrivons au vieux port, sur la jetée du Môle Saint-Louis. Une plaque commémore le passage de l’Exodus le 11 juillet 1947 et, poursuivant jusqu’à l’extrémité de la jetée, nous admirons le phare ainsi que le vieux port. Nous parcourons ensuite les quais du canal royal que longent des immeubles bas, étroits aux façades du XVIIIe qui auraient besoin d’un bon « relookage », traversons le pont de la savonnerie pour remonter le quai de l’autre coté du canal, ce qui nous permet d’avoir un autre point de vue de Sète et de l’église Saint-Louis.
Joëlle explique rapidement la possible origine du nom de Sète, d’abord appelée « Cette ». Les grecs installés à Agde et Marseille cabotaient le long de la côte et ont été frappés par ce Setius Mons (hauteur voisine) qu’est le mont Saint-Clair. Jusqu’au XVIIe siècle, la ville se nomma « Cette » peut-être en relation avec la prononciation de Setius. Au XVIIe siècle, on baptisa la ville « Sète » en rapport avec l’étymologie Setius.
Un spectacle impressionnant nous attend sur le nouveau bassin où l’équipage d’un thonier répare les filets. La saison n’est pas encore commencée. Une campagne de pêche dure deux mois. Les thons rouges sont conservés dans des cages dans l’eau. L’équipage est constitué d'une douzaine d’hommes. Nous admirons au passage les façades typiques du port avec leurs balcons ouvragés. Nous passons devant le théâtre municipal de style néo-classique. Sur la façade ne manque aucun élément architectural caractéristique de l’Antiquité. Nous arrivons devant la gare SNCF étonnamment propre.
Le groupe se scinde : une partie préfère rentrer directement par la ville et déguster sans tarder une bonne bière bien méritée, tandis que les persévérants, entraînés par Joëlle, se dirigent vers le petit port de pêche de la Pointe Courte. Le vent est abrutissant mais nos efforts sont récompensés par le spectacle de ce port d’un autre âge : imbroglio de barques en bois, de filets qui sèchent dans un capharnaüm sympathique où règnent la convivialité, la dérision, les chats et l’aigrette que Gérard a mis tant d’acharnement à capturer… sur la pellicule ! Un pêcheur explique que le prédateur des huîtres est la dorade qui rentre dans l’étang d’avril à septembre au gré des courants. Au pas de course, on quitte ce village paisible, fleuri, un havre de paix dans la tourmente citadine, pour retrouver les quais et le port. Quelques bassistes se prélassent à la terrasse d’un café.
Joëlle propose un énième choix : regagner le Lazaret par la ville ou par les centaines de marches du mont Saint-Clair. Elle a quelques adeptes.
Georges Brassens au Lazaret[ ]
À 19 heures, le directeur du centre offre l’apéritif d’accueil, le Listel du pays et présente le Lazaret.
Ce site appartenait au Service des Armées qui avait fait construire des pavillons pour accueillir les blessés de la guerre de Crimée. En 1865, le pasteur Lucien Benoît se le fit attribuer en concession pour accueillir en bord de mer des familles dont l’état de santé nécessitait les bienfaits de l’eau mais n’en avaient pas les moyens. En 1888, pour protéger l’œuvre qui prend de plus en plus d’ampleur, une fondation est créée. Le terrain est agrandi sur trois hectares, des nouveaux bâtiments sont construits. En 1948, l’Association du Lazaret est créée pour gérer l’œuvre. Avec les congés payés de 1936, la demande de vacances par les familles à revenu modeste explose. Dans les années 50, le Lazaret devient Maison familiale de Vacances. Aujourd’hui, l’appellation est modernisée en Village vacances qui accueille tous types de vacanciers.
Nous terminons la soirée comme il se doit au Lazaret, par une veillée en chansons avec Brassens et un intermède musical de Marie-José à l’accordéon diatonique et Isabelle à la flûte traversière. Notre chef essayait de finir le classement des photos sur son ordinateur, mais notre cacophonie lui fit lâcher prise… pour nous remettre dans le ton.