Sète, les copains d'abord (printemps 2009) littéraire j5

De Entre Amis
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La Voie Domitienne

jeudi 23 avril, balades en pays romain, Pinet et Castenau-de-Guers[ ]

matinée, Pinet - Via Domitia, 14 km, 3 h 30[ ]

Le soleil est très décidé : il fait déjà 16 degrés à 8 heures 30 ! Les shorts fleurissent, les embouteillages aussi à la sortie du Lazaret : les parents emmenant leurs enfants à l'école toute proche. Le regroupement est donné au parking de la Via Domitia sur la commune de Pinet, située au nord-ouest de l’étang de Thau. Il faut partir en direction d’Agde, en suivant le lido. Des petites gares isolées et abandonnées, entre la route et l’étang, servaient sans doute pour charger le vin du domaine du Listel qui jouxte l’étang. Nous sommes dans la région des vins corsés : le Noilly-Prat de Marseillan, le Byrrh de Thuir.

Au milieu des vignes

Ce matin, le Belle Bleue mérite vraiment son nom. Selon Marie-José, la plage a beaucoup rétréci. Platitude et complexité du paysage où s’entremêlent les bras d’étangs, les bassins, les langues de terre couvertes de végétation basse – oyats et variétés de bambous – les parcelles de vignes protégées des vents par des haies de roseaux. Vers Marseillan et Mèze, ce ne sont que des vignobles qui produisent des vins de sable comme le Listel et le Picpoul de Pinet.

Le logo de la Via Domitia, un char romain, nous mène au parking de Pinet, bien ombragé. À 9 heures 30, départ de la randonnée, après les recommandations fébriles de Joëlle et la photo !

Pinet, capitale du vin blanc Picpoul de Pinet, est un charmant village situé entre la garrigue et l’étang de Thau. Il est longé par la Via Domitia.

Paysage

Nous quittons le village de Pinet, en passant devant la cave coopérative, vers le mas de Maynet. Son point de vue permet de découvrir le panorama dont jouit la voie, largement ouvert sur la côte depuis Agde jusqu’à Sète. Tantôt sur la Via Domitia, tantôt sur des chemins, tantôt sur la route, nous plongeons dans la garrigue authentique (de garric, ancien nom du chêne vert) qui apparaît sur des sols calcaires après destruction de la forêt par l’homme pour le bois de chauffe ou pour créer des pâturages. Y foisonnent les plantes aromatiques, thym, lavande, romarin, les plantes colorées, orchidées, bruyère multiflore et ciste cotonneux, une des plantes les plus caractéristiques de la garrigue, aux feuilles couvertes d’une feutrine blanche pour se protéger des rayons du soleil et capter la moindre humidité de l’air. D’autres espèces sont représentatives de cette forêt appauvrie: le chêne Kermès, le pin d’Alep, l’amandier et l’olivier. Lapin, renard et sanglier sont les mammifères incontournables de la garrigue. Ouvrez les yeux !

Le domaine de Saint-Martin de la Garrigue

Entre vignes et bosquets de pins d’Alep, remontant le bois de Saint-Martin, nous arrivons au domaine de Saint-Martin de la Garrigue. Depuis la grille d’entrée, coup d’œil au corps de logis Renaissance, à la chapelle carrée du XIIe siècle et à la tourelle conique au toit vernissé. Puis c’est le domaine de Bridau avec sa bâtisse à l’allure d’une villa romaine ou toscane, perdue au milieu des vignes. Bridau et Saint-Martin sont deux domaines viticoles qui produisent le vin blanc AOC Picpoul de Pinet.

Les taches blanches de l’aubépine épanouie éclairent le paysage. Derrière nous, pointe le volcan dont on reparlera. En fin de matinée, nous retrouvons les copains qui ont préféré un tracé plus court. Nous suivons une petite route goudronnée, entre le ruisseau de Bridau et le bois de la Vallongue, route qui devient caillouteuse et montante et débouche sur la Via Domitia. Le tracé de cette voie est parfaitement rectiligne entre les vignes. Sur la droite, une des bornes milliaires, énorme cylindre posé sur une base carrée. Le nombre gravé indique la distance, exprimée en milles romains, jusqu’à la capitale de province. Ici, le nombre 34, indique que nous sommes à 34 milles de Narbonne, chef lieu de la province. 1 mille romain correspondant à 1480 m, Narbonne est à 50 km.

La route grimpe sur une colline, débouche sur un site aménagé dans un bosquet de pins, coin idéal pour le pique-nique. D’affreux jojos sur leurs motos pétaradantes polluent notre tranquillité.

La Via Domitia en coupe

Avant de repartir, Joëlle nous attire vers deux points à observer : le panneau mémoire du paysage et une coupe authentique de la voie romaine. Elle donne quelques informations sur la Voie Domitienne :

  • au IIe s avant J.-C., depuis la fin des guerres puniques entre Rome et Carthage, les romains, passés par l’Espagne, s’y installent et contrôlent la péninsule ibérique. Rome prend prétexte de conflits entre Marseille et les tribus gauloises pour occuper le sud de la Gaule.
  • Le but premier de Rome est de relier l’Espagne à l’Italie, rapidement, en toutes saisons, pour des raisons stratégiques, mais aussi pour favoriser ses intérêts politiques et économiques. D’où la construction de la « Via Domitia », véritable autoroute, rectiligne, délaissant de ce fait des cités importantes comme Agde, évitant les zones basses du littoral, sableuses donc instables voire inondables, attaquant les reliefs en ligne droite en arasant les sommets ou perçant des tranchées. Cette voie couvre une distance de plus de 500 km. Les installations modernes, gazoduc, câble de téléphone, autoroute et futur TGV suivent d’assez près cet itinéraire.
  • Des aires de repos sont indispensables pour se restaurer et changer de chevaux d’où la construction d’auberges et d’hôtelleries en bordure des routes, telle celle découverte récemment près du pont romain d’Ambrussum(Villetette). Des agglomérations importantes se développent aussi le long du tracé comme Narbo (Narbonne), Baetterae (Béziers), Nemausus (Nîmes), d’autres plus petites telles Ugernum (Beaucaire), Forum Domiti (Montbazin)…
  • La voie romaine n’est jamais pavée, sauf les rues des villes. La coupe montre les strates, alternance d’argile et de cailloux compactés avec du sable. Ce revêtement, fragile et souple est facile à mettre en œuvre et à entretenir, ce qui se fit pendant plusieurs siècles. La fragilité du revêtement et la difficulté de certaines côtes imposent une limite de poids des attelages à 500 kg.
  • Les ouvrages d’art étaient multiples pour franchir les nombreux cours d’eau côtiers. Construits en bois et surtout en pierre, quelques uns existent encore tel, à Béziers, pour franchir l’Orb, le Pont-Vieux avec ses 9 arches.

Vers 13 heures, nous retrouvons les voitures garées à 5 km.

Castelnau-de-Guers

après-midi, Castelnau-de-Guers le circuit de Saint-Antoine[ ]

Quelques uns abandonnent, préférant rentrer au Lazaret ou retourner à Sète ou explorer les environs.

Départ de Castelnau-de-Guers, village médiéval avec ses ruelles, ses restes de remparts et portes fortifiées, l’ancien château et l’église elle aussi fortifiée. Nous traversons le bas du village avec, en toile de fond, les Cévennes, bien visibles. Et toujours les vignes. Nous grimpons un chemin encaissé, sous un soleil de plomb (26°) pour atteindre l’ermitage de Saint-Antoine datant du XVIe siècle. Point de vue superbe sur des paysages semblables à ceux peints par Cézanne, où se côtoient garrigues et collines coiffées de pinèdes, d’oliviers et de vignes.

Renée et Tonton

Encore un bout de chemin, une pose à l’ombre, avant de s’engager dans un sentier de terre à travers de gros blocs de rochers, vers les terres rouges. Le vent se lève et atténue un peu la chaleur. Marche rapide, toujours dans les vignes et garrigues, traversée du ruisseau de Marcoul par un gué et arrivée dans le passage des terres rouges, piste qui ramène au village de Castelnau.

Rafraîchissement apprécié avant d’entreprendre la descente rapide sur Pézenas, ville d’art, avec ses hôtels particuliers du XIVe au XVIIIe, sa collégiale et aussi, ses petits pâtés, gourmandise historique, à base de viande de mouton parfumée avec des zestes d’agrumes et des épices, apportée au XVIIIe siècle par les cuisiniers indiens du vice-roi des Indes de passage à Pézenas. Évidemment, nous n’avons pu résister, et on s’est bien régalé en se graissant allègrement les doigts.

Un petit mot du Picpoul de Pinet que produisent pour bonne part toutes ces vignes qui descendent jusqu’au bassin de Thau. Issus du vieux cépage languedocien, le Picpoul blanc, les vins blancs de ce terroir sont réputés depuis l’antiquité. Robe vert pâle, nez discret, ce vin se marrie parfaitement avec les coquillages, les poissons et la brandade. Il se boit dans l’année suivant la récolte.

soirée[ ]

Anniversaire de Renée, fêté dignement par le discours de notre animateur en chef : Tonton Daniel !