Tour des Écrins (été 2013)/littéraire/j10
Mardi 23 juillet, du refuge des Souffles (1968 m) au Désert-en-Valjouffrey (1270 m)[ ]
La journée infernale !
Matinée, la montée au col de Vaurze (2500 m)[ ]
Nous remontons un immense vallon tout pierreux, le ravin du Périnon. Cette pente abrupte est carrossable mais réserve quelques surprises : traversée de cascade, d’un névé qui surgit au détour d’un lacet et soudain, un torrent endiablé barre le sentier devenu très étroit, le ravin d’un côté et la paroi rocheuse qui s’incline vers le sentier. L’angoisse ! Sentier rétréci, mouillé et glissant, se courber pour que le sac n’accroche pas la paroi, et pas le moindre filin pour s’y tenir! Daniel le cabri, et Jean-Luc passent sans grande hésitation. Je me lance, hyper concentrée, suivie d’Alain. Puis voici le torrent qui me laisse perplexe ; les pierres découvertes sont rares ; bien viser et résister à sa puissance. Bain de pieds et douches gratuits mais nous sommes sains et saufs et pouvons continuer notre montée pour atteindre un mini col à 2270 m après deux bonnes heures de marche.
Halte brève près des ruines d’un abri en pierres, le temps de me remettre de mon émotion, de jeter un œil à la vallée du Valgaudemar et d’admirer les cimes qui se détachent sur un superbe ciel bleu, en particulier le Pic d’Olan décoré, comme ses voisins, de superbes glaciers blancs. Et au loin, des fourmis qui montent au col de Vaurze : ce qui nous attend !
Nous descendons légèrement sur la croupe du ravin et très vite nous attaquons une longue et lente montée vers le col de Vaurze (2500 m) atteint vers 11 heures. Pose brève d’un quart d’heure sur cet escarpement peu hospitalier. Un solitaire décontracté mange tranquillement, installé sur le seul rocher accueillant du col, m’obligeant à le contourner dans des acrobaties peu rassurantes pour atteindre l’autre versant. Fin connaisseur du massif, il égrène les noms des sommets qui nous entourent, me parle des loups pas encore remontés jusqu’ici, des vautours descendus de la Drôme et de la descente qui nous attend. Nouvelle angoisse !
Les premiers cinq cents mètres, presque verticaux, trace glissante faite de schistes fins mélangés à une boue noire, encadrée de ravins profonds, me tétanisent. Daniel a la solution pour me sortir de ce col maudit. Accrochée à son sac, les yeux rivés sur ses pieds plus sûrs que ceux d’un chamois, j’avance mécaniquement dans ses pas. Idéal !
Nous déboulons sur un névé, lui aussi très pentu. Une petite heure pour descendre les 320 mètres de dénivelée et enfin pouvoir se poser sur une aire accueillante et se restaurer. Les genoux d’Alain ont beaucoup souffert ! Coup d’œil à ce col, contente de l’avoir derrière nous.
Le col de Vaurze franchi, nous passons dans la vallée de Valjouffrey. À nos pieds, le village du Désert-en-Valjouffrey avec son puzzle de parcelles cultivées et de carrés remplis d’amas de pierre, résultat des défrichages, et au fond le massif du Vercors. Paysage sublime qui valait bien de passer ce col maudit!
Après-midi, descente au gîte communal du Désert-en-Valjouffrey (1270 m)[ ]
Vers 12 heures 30, nous entamons une longue et interminable descente à travers beaucoup de prairies, passant près d’une bergerie avant d’atteindre le torrent de La Bonne qui coule en bas du village du Désert. Daniel a pu se défouler et descendre à son rythme. Jean-Luc, certain qu’Alain et moi suivions bien, a pu lui emboîter le pas et arriver au gîte communal vers 14 heures 40. Alain, ménageant son genou, et moi sommes arrivés un bon quart d’heure plus tard sous un soleil torride et dans un calme impressionnant.
Accueil très sympathique par un jeune couple, la jeune femme étant la gérante du gîte. École reconvertie en structure d’accueil, très agréable, confortable, aménagée de façon sobre, esthétique, moderne.
Un peu de lessive séchée en deux heures à peine, juste avant l’orage moins violent que celui de la veille, une bonne boisson désaltérante et un dîner apprécié.
Au lit tôt, comme d’habitude, vers 21 heures 30.
Du refuge des Souffles au Désert-en-Valjouffrey[ ]
|