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(printemps 2006) littéraire j3}}
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== Lundi 24 avril ==
 
'''Matin'''
 
  
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== Lundi 24 avril matin, les grands Genêts ==
  
 
Nous partons vers l’ouest, à pied à partir de Serrières ; le beau temps nous accompagne ; passage devant des bovins charolais, devant un alambic ambulant, que nous verrons en fonctionnement le lendemain ; nous passons successivement les lieux suivants : La Forge, La Chaux, Les Fougères, la vieille route Lamartine (chemin de terre dans la forêt), les Provenchères, les Granets, les Monterrains, la combe Berthaud et son chemin difficile avec de gros cailloux, qui nous ramène vers Serrières.
 
Nous partons vers l’ouest, à pied à partir de Serrières ; le beau temps nous accompagne ; passage devant des bovins charolais, devant un alambic ambulant, que nous verrons en fonctionnement le lendemain ; nous passons successivement les lieux suivants : La Forge, La Chaux, Les Fougères, la vieille route Lamartine (chemin de terre dans la forêt), les Provenchères, les Granets, les Monterrains, la combe Berthaud et son chemin difficile avec de gros cailloux, qui nous ramène vers Serrières.
  
 
Didier et Marcel mettent à exécution le plan de ravitaillement en boisson locale, en s’adressant au viticulteur de Serrières devant la maison duquel nos pas nous ont conduits.
 
Didier et Marcel mettent à exécution le plan de ravitaillement en boisson locale, en s’adressant au viticulteur de Serrières devant la maison duquel nos pas nous ont conduits.
 
  
 
Repas au Centre Jean Macé.
 
Repas au Centre Jean Macé.
  
 
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== Après-midi lamartinienne : Pierreclos, Milly, Bussières ==
'''Après-midi lamartinienne : Pierreclos, Milly, Bussières'''
 
 
 
  
 
Certes, il est très difficile, dans la région, de trouver un chemin où Lamartine n’aurait pas mis ses pas (nous en trouverons un cependant, voir photo), mais quand on est dans le triangle Pierreclos, Milly, Bussières, on est au cœur du « val lamartinien », comme le dit le poète :
 
Certes, il est très difficile, dans la région, de trouver un chemin où Lamartine n’aurait pas mis ses pas (nous en trouverons un cependant, voir photo), mais quand on est dans le triangle Pierreclos, Milly, Bussières, on est au cœur du « val lamartinien », comme le dit le poète :
  
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::« Là, mon cœur en tout lieu se retrouve lui-même
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::Tout s’y souvient de moi, tout m’y connaît, tout m’aime
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::Mon œil trouve un ami dans tout cet horizon
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::Chaque arbre a son histoire et chaque pierre un nom. »
  
''« Là, mon cœur en tout lieu se retrouve lui-même''
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Alphonse de Lamartine, ''Milly ou la terre natale''
 
 
''Tout s’y souvient de moi, tout m’y connaît, tout m’aime''
 
 
 
''Mon œil trouve un ami dans tout cet horizon''
 
 
 
''Chaque arbre a son histoire et chaque pierre un nom »''
 
 
 
''A . de Lamartine, Milly ou la terre natale''
 
  
  
 
Nous nous rendons en voiture jusqu’à Pierreclos, où nous stationnons sur la place de l’église. Un groupe part à pied, le reste de la troupe rejoindra les marcheurs une heure plus tard en voiture à Milly.
 
Nous nous rendons en voiture jusqu’à Pierreclos, où nous stationnons sur la place de l’église. Un groupe part à pied, le reste de la troupe rejoindra les marcheurs une heure plus tard en voiture à Milly.
 
  
 
Quelques difficultés pour trouver le départ du chemin, mais finalement nous sortons du village. Un chemin pentu et bien ensoleillé nous fait sentir le poids du repas, mais nous conduit cependant allègrement vers une table d’orientation, d’où nous découvrons un immense panorama sur le Val, les monts du Mâconnais, la vallée de la Saône ; par beau temps on peut voir, dit-on, le Jura et la chaîne des Alpes ; le beau temps est bien présent, mais le contre-jour et la brume limitent notre vision.  
 
Quelques difficultés pour trouver le départ du chemin, mais finalement nous sortons du village. Un chemin pentu et bien ensoleillé nous fait sentir le poids du repas, mais nous conduit cependant allègrement vers une table d’orientation, d’où nous découvrons un immense panorama sur le Val, les monts du Mâconnais, la vallée de la Saône ; par beau temps on peut voir, dit-on, le Jura et la chaîne des Alpes ; le beau temps est bien présent, mais le contre-jour et la brume limitent notre vision.  
 
  
 
Lamartine aurait conduit Victor Hugo et Charles Naudier en 1825 sur ces hauteurs de Pierreclos, et Madame Hugo aurait écrit :  
 
Lamartine aurait conduit Victor Hugo et Charles Naudier en 1825 sur ces hauteurs de Pierreclos, et Madame Hugo aurait écrit :  
  
''« La riche campagne de Bourgogne s’étendait à leurs pieds. Les bois avaient la tranquillité attendrie et mourant des beaux soirs d’été, on sentait partout comme une immense effusion de la nature et les trois amis mêlaient leurs âmes ».''
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« La riche campagne de Bourgogne s’étendait à leurs pieds. Les bois avaient la tranquillité attendrie et mourant des beaux soirs d’été, on sentait partout comme une immense effusion de la nature et les trois amis mêlaient leurs âmes. »
 
 
 
 
Nous redescendons un peu pour prendre sur la gauche l’itinéraire vers Milly. Nous surplombons le village de Milly, la vallée de la Grosne qui sert de voie de communication pour la nationale 79 et la voie TGV, où les trains passent avec une grande fréquence dans les deux sens. A l’entrée du village, arrêt à la statue de Lamartine où nous retrouvons le groupe venu en voiture. Michel et moi déclamons trois strophes extraites des Méditations V
 
 
 
 
 
''Le Vallon''
 
 
 
''« Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,''
 
  
''N’ira plus de ses vœux importuner le sort ;''
 
  
''Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,''
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Nous redescendons un peu pour prendre sur la gauche l’itinéraire vers Milly. Nous surplombons le village de Milly, la vallée de la Grosne qui sert de voie de communication pour la nationale 79 et la voie TGV, où les trains passent avec une grande fréquence dans les deux sens. A l’entrée du village, arrêt à la statue de Lamartine où nous retrouvons le groupe venu en voiture. Michel et moi déclamons trois strophes extraites des ''Méditations V'' :
  
''Un asile d’un jour pour attendre la mort.''
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::::Le Vallon
  
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::« Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,
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::N’ira plus de ses vœux importuner le sort ;
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::Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
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::Un asile d’un jour pour attendre la mort.
  
''Voici l’étroit sentier de l’obscure vallée :''
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::Voici l’étroit sentier de l’obscure vallée :
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::Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais,
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::Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,
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::Me couvrent tout entier de silence et de paix.(…)
  
''Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais, ''
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::Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ;
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::Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours :
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::Quand tout change pour toi, la nature est la même,
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::Et le même soleil se lève sur tes jours.(…) »
  
''Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,''
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A. de Lamartine, « le Vallon », ''Méditations, V''.
 
 
''Me couvrent tout entier de silence et de paix.(…)''
 
 
 
 
 
''Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ;''
 
 
 
''Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours :''
 
 
 
''Quand tout change pour toi, la nature est la même,''
 
 
 
''Et le même soleil se lève sur tes jours.(…)''
 
 
 
''A. de Lamartine, « le Vallon », Méditations, V.''
 
  
  
 
Milly, charmant petit village où l’on rencontre sur le côté gauche de la route la maison d’enfance de Lamartine. Il ne s’agit pas d’un château, mais d’une maison à un étage ; un perron à cinq marches conduit à une porte flanquée de deux fenêtres ; le premier étage est percée de trois hautes fenêtres.
 
Milly, charmant petit village où l’on rencontre sur le côté gauche de la route la maison d’enfance de Lamartine. Il ne s’agit pas d’un château, mais d’une maison à un étage ; un perron à cinq marches conduit à une porte flanquée de deux fenêtres ; le premier étage est percée de trois hautes fenêtres.
 
 
Alfonse de Lamartine, né à Mâcon en 1790, passe ses dix premières années en petit campagnard, habitant avec sa famille cette maison construite au début du XVIII°s ; après ses études à Lyon et au collège de jésuites de Belley, il revient à Milly pour y mener la vie d’un aristocrate oisif (1808-1811) ; un voyage en Italie (1811-1812), l’éloigne pour un temps ; après Waterloo, il revient à Milly, mais retourne souvent à Paris, pour y mener une vie mondaine ; après la mort de Julie (Elvire), en décembre 1918, Lamartine se retire à Milly. Il y compose plusieurs parties des Méditations lorsque la succession fait passer le domaine dans les mains de son beau-frère en 1830, Lamartine, qui est attaché à la maison de son enfance, décide de le racheter. Certes, à partir de son mariage, il vit dans la vaste propriété de Saint-Point, quand il n’est pas à Paris ou en mission diplomatique, mais il revient à Milly aux temps heureux des vendanges. Ainsi, encore en 1857, il écrit, dans les « Psalmodies de l’âme » :
 
 
''« Je me couchai sur l’herbe, à l’ombre de la maison de mon père, en regardant les fenêtres fermées, et je pensai aux jours d’autrefois. Ce fut ainsi que ce chant me monta du cœur aux lèvres, et que j’en écrivis les strophes au crayon sur les marges d’un vieux Pétrarque… »''
 
 
 
''(…)Rien n’a changé là que le temps ;''
 
 
''Des lieux où notre œil se promène,''
 
 
''Rien n’a fui que les habitants.''
 
 
 
''Suis-moi du cœur pour voir encore,''
 
 
''Sur la pente douce au midi,''
 
 
''La vigne qui nous fit éclore''
 
 
''Ramper sur le roc attiédi.''
 
 
 
''Contemple la maison de pierre,''
 
 
''Dont nos pas usèrent le seuil :''
 
 
''Vois-là se vêtir de son lierre''
 
 
''Comme d’un vêtement de deuil (…)''
 
 
''A. de Lamartine, « La Vigne et la Maison », Psalmodies de l’âme, 1857.''
 
 
 
Mais fin 1860, il est contraint par ses soucis financiers de vendre la maison, la séparation est douloureuse :'' ''
 
 
''« Efface ce séjour, ô Dieu, de ma paupière, ou rends-le moi semblable à celui d’autrefois ».''
 
 
 
Les vingt dernières années de Lamartine sont effectivement attristées par des questions d’argent ; il est ruiné, a d’énormes dettes, dues à sa prodigalité et à sa vie sentimentale complexe, à son goût des vastes domaines. Il se trouve condamné à ce qu’il appelle des'' « travaux forcés littéraires ». ''Après la vente de Milly, il doit accepter un chalet à Passy, offert par la ville de Paris, et, suprême humiliation, il sollicite de l’Empire qu’il a politiquement combattu, un secours qu’il avait longtemps refusé comme un déshonneur.
 
 
  
 
Je me promets de revenir faire la visite de la maison de Milly l’après-midi, mais la maison n’est ouverte au public que le dimanche, et tous les jours seulement à partir du premier mai…
 
Je me promets de revenir faire la visite de la maison de Milly l’après-midi, mais la maison n’est ouverte au public que le dimanche, et tous les jours seulement à partir du premier mai…
 
  
 
Nous poursuivons à pieds vers le Sud est en direction de Grand Bussières et passons à proximité du village de Bussières où Lamartine rejoignait l’abbé Dumont pour recevoir les leçons de son précepteur. L’abbé est inhumé dans l’église du village.  
 
Nous poursuivons à pieds vers le Sud est en direction de Grand Bussières et passons à proximité du village de Bussières où Lamartine rejoignait l’abbé Dumont pour recevoir les leçons de son précepteur. L’abbé est inhumé dans l’église du village.  
 
  
 
Retour sur Pierreclos sous de gros nuages noirs. Une option est prévue : revenir à pieds à Serrières par un sentier, mais les premières gouttes nous conseillent la prudence. C’est sous une très grosse averse, mais à l’abri dans les voitures, que nous rentrons vers le Centre.
 
Retour sur Pierreclos sous de gros nuages noirs. Une option est prévue : revenir à pieds à Serrières par un sentier, mais les premières gouttes nous conseillent la prudence. C’est sous une très grosse averse, mais à l’abri dans les voitures, que nous rentrons vers le Centre.
  
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== Alphonse de Lamartine à Milly==
  
Le château de Pierreclos : à la sortie du village à gauche, en allant vers Serrières. Entouré de vignes, il dresse ses tours massives et cependant élégantes sur le coteau.  
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Alfonse de Lamartine, né à Mâcon en 1790, passe ses dix premières années en petit campagnard, habitant avec sa famille cette maison construite au début du XVIII{{sup|e}} siècle ; après ses études à Lyon et au collège de jésuites de Belley, il revient à Milly pour y mener la vie d’un aristocrate oisif (1808-1811) ; un voyage en Italie (1811-1812), l’éloigne pour un temps ; après Waterloo, il revient à Milly, mais retourne souvent à Paris, pour y mener une vie mondaine ; après la mort de Julie (Elvire), en décembre 1918, Lamartine se retire à Milly.  
  
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[[Alphonse de Lamartine à Milly|Pour en savoir plus…]]
  
Le château de Pierreclos a été construit au XII°s et a connu diverses modifications jusqu’au XVIII°siècle. La cour renferme une église au chœur et au clocher roman ; le corps de logis principal possède un très bel escalier renaissance. Deux musés ont été aménagés dans les caves voûtées, un consacré à la tonnellerie, l’autre à la vigne et au vin ; mais il nous faudra revenir en ces contrés pour les visiter.
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== Lamartine et le château de Pierreclos ==
  
De Milly à Pierreclos il n’y a que deux kilomètres environ. Lamartine était l’ami de Guillaume Michon de Pierreclos, fils du propriétaire du château. Mais il fréquentait aussi l’épouse de Guillaume, la belle Nina, dont il eut un fils, Jean Baptiste Léon de Pierreclos, qui épousera une nièce de son père génétique et mourra à 28 ans, éteignant avec lui la lignée des Pierreclos.
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Le château de Pierreclos : à la sortie du village à gauche, en allant vers Serrières. Entouré de vignes, il dresse ses tours massives et cependant élégantes sur le coteau.  
  
Nina de Pierreclos raconta à Lamartine les amours secrètes de l’abbé Dumont et de Mademoiselle de Milly, durant la Révolution. Là serait l’origine du grand poème Jocelyn, épopée racontant l’histoire de l’humanité. Lamartine est hanté depuis 1821 par le projet d’une grande épopée dont il a rédigé plusieurs fragments ; il entreprend dans ce but un voyage aux Lieux Saints. On sait que l’épopée Jocelyn, publié en 1836 s’inspire en partie de la vie de l’abbé, en ce qu’il a volontairement renoncé aux joies de ce monde.
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[[Lamartine et le château de Pierreclos|Pour en savoir plus…]]
 
 
Jocelyn (8000 vers…) raconte l’histoire d’un jeune séminariste, réfugié pendant la Révolution dans les montagnes du Dauphiné, à qui un autre proscrit confie, en mourant son fils Laurence, qui est en réalité une jeune fille déguisée en garçon selon les vœux de son père. L’amitié entre les jeunes gens se mue en un « chaste amour » ; Jocelyn promet à sa compagne de l’épouser. Mais il est appelé auprès de l’évêque de Grenoble condamné à l’échafaud ; celui-ci désire communier avant de mourir et Jocelyn consent, pour ce faire, à se laisser ordonner prêtre ; le mariage des jeunes gens est devenu impossible ; la jeune fille meurt après une vie dissipée à Paris, mais Jocelyn vient adoucir ses derniers instants. Et lui-même meurt peu après en soignant des pestiférés….
 
  
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== Lamartine et Julie Charles ==
  
 
En revanche, les vers très célèbres  
 
En revanche, les vers très célèbres  
  
 
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::« Ô temps, suspends ton vol ! et vous heures propices,
''« Ô temps, suspends ton vol ! et vous heures propices,''
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::::Suspendez votre cours ! »
 
 
''Suspendez votre cours ! »''
 
 
 
  
 
renvoient à un autre épisode de la vie sentimentale du poète : en 1816, il se rend aux eaux d’Aix-les-Bains et y rencontre Julie Charles, une jeune femme malade de la poitrine, épouse d’un physicien ; ils se retrouvent à Paris au cours de l’hiver 1817 et promettent de se revoir à Aix l’été suivant. Mais Lamartine se retrouve seul devant le lac du Bourget, Julie est retenue à Paris par la maladie qui devait l’emporter en décembre 1817.
 
renvoient à un autre épisode de la vie sentimentale du poète : en 1816, il se rend aux eaux d’Aix-les-Bains et y rencontre Julie Charles, une jeune femme malade de la poitrine, épouse d’un physicien ; ils se retrouvent à Paris au cours de l’hiver 1817 et promettent de se revoir à Aix l’été suivant. Mais Lamartine se retrouve seul devant le lac du Bourget, Julie est retenue à Paris par la maladie qui devait l’emporter en décembre 1817.
  
Dans la sixième strophe du poème « Le Lac », Lamartine met ces mots dans la bouche de Julie :'' ''
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[[Lamartine et Julie Charles|Pour en savoir plus…]]
 
 
<center>''« Ô temps, suspends ton vol ! et vous heures propices,''</center>
 
 
 
<center>''Suspendez votre cours !''</center>
 
 
 
<center>''Laissez-nous savourer les rapides délices''</center>
 
 
 
<center>''Des plus beaux de nos jours ! »''</center>
 
 
 
<center>''A. de Lamartine, Méditations poétiques, 1820''</center>
 
 
 
 
 
Mais accablé par la mort de Julie, immortalisée dans ses poèmes sous le nom d’Elvire, le poète se retire à Milly, dans « une complète solitude et un isolement total ». Il a cru qu’il ne survivrait pas à sa douleur :
 
 
 
''« Je reste seul, mais j’ai presque la certitude que ce ne sera pas pour longtemps ; je puis déjà d’avance me compter au nombre des morts'' «  (Lettre du 26 avril 1818).
 
 
 
Le poème « L’isolement » composé en août 1818 et publié dans les Méditations contient un des vers universellement connus :
 
 
 
 
 
''« Souvent, sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,''
 
 
 
''Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;''
 
 
 
''Je promène au hasard mes regards sur la plaine,''
 
 
 
''Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.''
 
 
 
 
 
''Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes<ref name="ftn1"><sup>''Variante : « ici le fleuve en paix roule ses eaux dormantes ». Nous avons pu constater que cette notation convient mieux pour la Saône, mais le poète lui substitue le souvenir du Rhône, plus impétueux.''</sup></ref> ;''
 
 
 
''Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;''
 
 
 
''Là le lac immobile<ref name="ftn2"><sup>''Nous avons pu constater qu’aucun lac n’est visible depuis Milly ; le poète pense, bien sûr au lac du Bourget.''</sup></ref> étend ses eaux dormantes''
 
 
 
''Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.(…)''
 
 
 
 
 
''Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,''
 
 
 
''Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?''
 
 
 
''Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,''
 
 
 
''Un seul être vous manque et tout est dépeuplé !''
 
 
 
''(…)''
 
 
 
 
 
A trente ans, Alphonse de Lamartine épouse une jeune anglaise Marianne-Elisa Birch (Mary Ann), rencontrée à Chambéry en 1819. Naît une fille, Julia, qui meurt à Beyrouth, lors du voyage en Orient en 1832.
 
 
 
Veuf en 1863, il épouse sa nièce, Valentine de Cessiat, qui est également sa fille adoptive.
 
 
 
 
 
Pour terminer le florilège lamartinien, nous trouvons dans « L’Homme », méditation dédiée à Byron, la formule, très célèbre elle aussi :
 
 
 
  
''« Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,''
 
  
''L’Homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. »''
 
  
 
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Version actuelle datée du 19 septembre 2008 à 07:10




Lundi 24 avril matin, les grands Genêts[ ]

Nous partons vers l’ouest, à pied à partir de Serrières ; le beau temps nous accompagne ; passage devant des bovins charolais, devant un alambic ambulant, que nous verrons en fonctionnement le lendemain ; nous passons successivement les lieux suivants : La Forge, La Chaux, Les Fougères, la vieille route Lamartine (chemin de terre dans la forêt), les Provenchères, les Granets, les Monterrains, la combe Berthaud et son chemin difficile avec de gros cailloux, qui nous ramène vers Serrières.

Didier et Marcel mettent à exécution le plan de ravitaillement en boisson locale, en s’adressant au viticulteur de Serrières devant la maison duquel nos pas nous ont conduits.

Repas au Centre Jean Macé.

Après-midi lamartinienne : Pierreclos, Milly, Bussières[ ]

Certes, il est très difficile, dans la région, de trouver un chemin où Lamartine n’aurait pas mis ses pas (nous en trouverons un cependant, voir photo), mais quand on est dans le triangle Pierreclos, Milly, Bussières, on est au cœur du « val lamartinien », comme le dit le poète :

« Là, mon cœur en tout lieu se retrouve lui-même
Tout s’y souvient de moi, tout m’y connaît, tout m’aime
Mon œil trouve un ami dans tout cet horizon
Chaque arbre a son histoire et chaque pierre un nom. »

Alphonse de Lamartine, Milly ou la terre natale


Nous nous rendons en voiture jusqu’à Pierreclos, où nous stationnons sur la place de l’église. Un groupe part à pied, le reste de la troupe rejoindra les marcheurs une heure plus tard en voiture à Milly.

Quelques difficultés pour trouver le départ du chemin, mais finalement nous sortons du village. Un chemin pentu et bien ensoleillé nous fait sentir le poids du repas, mais nous conduit cependant allègrement vers une table d’orientation, d’où nous découvrons un immense panorama sur le Val, les monts du Mâconnais, la vallée de la Saône ; par beau temps on peut voir, dit-on, le Jura et la chaîne des Alpes ; le beau temps est bien présent, mais le contre-jour et la brume limitent notre vision.

Lamartine aurait conduit Victor Hugo et Charles Naudier en 1825 sur ces hauteurs de Pierreclos, et Madame Hugo aurait écrit :

« La riche campagne de Bourgogne s’étendait à leurs pieds. Les bois avaient la tranquillité attendrie et mourant des beaux soirs d’été, on sentait partout comme une immense effusion de la nature et les trois amis mêlaient leurs âmes. »


Nous redescendons un peu pour prendre sur la gauche l’itinéraire vers Milly. Nous surplombons le village de Milly, la vallée de la Grosne qui sert de voie de communication pour la nationale 79 et la voie TGV, où les trains passent avec une grande fréquence dans les deux sens. A l’entrée du village, arrêt à la statue de Lamartine où nous retrouvons le groupe venu en voiture. Michel et moi déclamons trois strophes extraites des Méditations V :

Le Vallon
« Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,
N’ira plus de ses vœux importuner le sort ;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d’un jour pour attendre la mort.
Voici l’étroit sentier de l’obscure vallée :
Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais,
Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,
Me couvrent tout entier de silence et de paix.(…)
Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ;
Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours :
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.(…) »

A. de Lamartine, « le Vallon », Méditations, V.


Milly, charmant petit village où l’on rencontre sur le côté gauche de la route la maison d’enfance de Lamartine. Il ne s’agit pas d’un château, mais d’une maison à un étage ; un perron à cinq marches conduit à une porte flanquée de deux fenêtres ; le premier étage est percée de trois hautes fenêtres.

Je me promets de revenir faire la visite de la maison de Milly l’après-midi, mais la maison n’est ouverte au public que le dimanche, et tous les jours seulement à partir du premier mai…

Nous poursuivons à pieds vers le Sud est en direction de Grand Bussières et passons à proximité du village de Bussières où Lamartine rejoignait l’abbé Dumont pour recevoir les leçons de son précepteur. L’abbé est inhumé dans l’église du village.

Retour sur Pierreclos sous de gros nuages noirs. Une option est prévue : revenir à pieds à Serrières par un sentier, mais les premières gouttes nous conseillent la prudence. C’est sous une très grosse averse, mais à l’abri dans les voitures, que nous rentrons vers le Centre.

Alphonse de Lamartine à Milly[ ]

Alfonse de Lamartine, né à Mâcon en 1790, passe ses dix premières années en petit campagnard, habitant avec sa famille cette maison construite au début du XVIIIe siècle ; après ses études à Lyon et au collège de jésuites de Belley, il revient à Milly pour y mener la vie d’un aristocrate oisif (1808-1811) ; un voyage en Italie (1811-1812), l’éloigne pour un temps ; après Waterloo, il revient à Milly, mais retourne souvent à Paris, pour y mener une vie mondaine ; après la mort de Julie (Elvire), en décembre 1918, Lamartine se retire à Milly.

Pour en savoir plus…

Lamartine et le château de Pierreclos[ ]

Le château de Pierreclos : à la sortie du village à gauche, en allant vers Serrières. Entouré de vignes, il dresse ses tours massives et cependant élégantes sur le coteau.

Pour en savoir plus…

Lamartine et Julie Charles[ ]

En revanche, les vers très célèbres

« Ô temps, suspends ton vol ! et vous heures propices,
Suspendez votre cours ! »

renvoient à un autre épisode de la vie sentimentale du poète : en 1816, il se rend aux eaux d’Aix-les-Bains et y rencontre Julie Charles, une jeune femme malade de la poitrine, épouse d’un physicien ; ils se retrouvent à Paris au cours de l’hiver 1817 et promettent de se revoir à Aix l’été suivant. Mais Lamartine se retrouve seul devant le lac du Bourget, Julie est retenue à Paris par la maladie qui devait l’emporter en décembre 1817.

Pour en savoir plus…