Différences entre les versions de « Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire »

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[[Image:]]<center>'''Compte rendu du séjour en Bourgogne avec Bassée en Balade, '''</center>
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{{Auteur et dates|auteur=Joëlle Villetard|dates=du 22 au 29 avril 2006}}
  
<center>'''du samedi 22 avril au samedi 29 avril 2006, '''</center>
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== Les participants ==
  
<center>'''à Serrières, en Saône-et-Loire'''</center>
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Quentin et papy Jean-Luc et mamy Marie-Charlotte, Marion et papy Marcel, Jean-Pierre et Danielle, Jean-Pierre et Claudine, Tonton Daniel et Chantal, Philippe et Chantal, Dominique et Michel, Yvette et Armel, Didier et Chantal, Angéline et Marie-Paule ; ceux-ci logent dans les bâtiments les plus récents.
  
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Les suivants sont logés au « château », d’un confort plus rustique : Jean-Pierre et Carole, Jean Pierre, dit JPP et Richard, Michèle et Gérard, Ghislaine, Josette et Martine, Marie-José et Joëlle.
  
'''Mode d’emploi'''
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Serrières est un petit village, à 10 km environ à l’ouest de Mâcon ; entouré de vignes, il fait partie du « val lamartinien ». Lamartine est né à Mâcon en 1790, a résidé à la maison familiale de Milly (à 5 km environ de Serrières) et au château de Saint-Point. Sa tombe se trouve au cimetière du village de Saint-Point.
  
* si vous voulez le compte rendu de la vie du groupe et des randonnées, lisez uniquement ce qui est en « Times new roman »
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Nous sommes logés au Centre Jean Macé, centre de vacances, qui accueille des groupes d’adultes mais aussi d’enfants semble-t-il, au milieu d’un parc de 5 hectares, un peu à l’écart du bourg de Serrières. Celui-ci est curieusement agencé : l’église et la mairie se trouvent sur le flanc du coteau, le bourg lui s’allonge en contre-bas sur la route départementale. Le Centre Jean Macé est installé sur un coteau orienté au sud, séparé d’une vigne par la pâture réservée aux résidents permanents du centre, un âne, et deux chevaux auxquels se joint très souvent « Astuce », le chien de la maison, dont une activité favorite consiste à jouer avec des charognes.
* si vous voulez des informations touristico-historico etc…culturelles, lisez ce qui est en « Arial »
 
* ''si vous voulez lire de la poésie de Lamartine, lisez les italiques en Times new roman''
 
  
= Les participants =
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== Les 7 jours du séjour ==
Quentin et papy Jean-Luc et mamy Marie-Charlotte
 
  
Marion et papy Marcel
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* [[Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire j0|jour 0]] : samedi 22 avril, arrivée à Serrières ;
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* [[Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire j1|jour 1]] : dimanche 23 avril, les roches de Vergisson et de Solutré ;
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* [[Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire j2|jour 2]] : lundi 24 avril, les grands Genêts le matin, Lamartine l'après-midi ;
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* [[Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire j3|jour 3]] : mardi 25 avril, randonnée des Quatre Montagnes et, en soirée, le nouveau spectacle des BenB's Vamps ;
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* [[Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire j4|jour 4]] : mercredi 26 avril, Mâcon et le mâconnais ;
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* [[Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire j5|jour 5]] : jeudi 27 avril, Cluny et son abbaye ;
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* [[Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire j6|jour 6]] : vendredi 28 avril, Berzé-la-Ville ;
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* [[Roches vignobles et art roman (printemps 2006) littéraire j7|jour 7]] : le retour par Beaune ;
  
Jean-Pierre et Danielle
+
[[Catégorie:Comptes rendus]]
 
 
Jean-Pierre et Claudine
 
 
 
Tonton Daniel et Chantal
 
 
 
Philippe et Chantal
 
 
 
Dominique et Michel
 
 
 
Yvette et Armel
 
 
 
Didier et Chantal
 
 
 
Angéline et Marie-Paule
 
 
 
Ceux-ci logent dans les bâtiments les plus récents.
 
 
 
 
 
Les suivants sont logés au « château », d’un confort plus rustique.
 
 
 
Jean-Pierre et Carole
 
 
 
Jean Pierre, dit JPP et Richard
 
 
 
Michèle et Gérard
 
 
 
Ghislaine, Josette et Martine
 
 
 
Marie-José et Joëlle
 
 
 
 
 
Serrières est un petit village, à 10 km environ à l’Ouest de Mâcon ; entouré de vignes, il fait partie du « val lamartinien ». Lamartine est né à Mâcon en 1790, a résidé à la maison familiale de Milly (à 5 km environ de Serrières) et au château de Saint-Point. Sa tombe se trouve au cimetière du village de Saint-Point.
 
 
 
 
 
Nous sommes logés au Centre Jean Macé, centre de vacances, qui accueille des groupes d’adultes mais aussi d’enfants semble-t-il, au milieu d’un parc de 5 ha, un peu à l’écart du bourg de Serrières. Celui-ci est curieusement agencé : l’église et la mairie se trouvent sur le flanc du coteau, le bourg lui s’allonge en contre-bas sur la route départementale. Le Centre Jean Macé est installé sur un coteau orienté au Sud, séparé d’une vigne par la pâture réservée aux résidents permanents du centre, un âne, et deux chevaux auxquels se joint très souvent « Astuce », le chien de la maison, dont une activité favorite consiste à jouer avec des charognes.
 
 
 
 
 
== Samedi 22 avril ==
 
Arrivée au Centre et installation à partir de 16-17 heures environ ; repas au Centre (poisson). Les repas sont copieux, variés, équilibrés, mais relèvent plus d’un budget serré que d’une initiation à la gastronomie locale. Notre hôtesse, très accaparée par ses lourdes tâches, sait, parfois, se dérider avec nous ; ainsi j’apprends que nous buvons au petit déjeuner deux fois plus de café que les autres groupes de vacanciers et que nous mangeons aussi plus de pain que tous les autres, même les Allemands !
 
 
 
 
 
« Le vignoble du Val Lamartinien
 
 
 
La Bourgogne a la particularité de produire ses vins à partir d'un seul cépage. En Mâconnais, le vin blanc est produit à partir du seul Chardonnay ; le vin rouge est produit soit à partir du Gamay pour donner les Mâcons, soit à partir du Pinot noir pour donner les Bourgognes.
 
 
 
C'est dans ces conditions que la notion de terroir prend toute sa valeur. L’alliance du cépage, de la nature du sol, de l'exposition, donne au vin des potentialités qui ne s'expriment pleinement qu'à travers le savoir-faire du vigneron.
 
 
 
Quatre appellations occupent le territoire du Val Lamartinien. Par ordre de taille : les Mâcons blancs et rouges (1550 hectares), le Pouilly- Fuissé (690 hectares), le Saint-Véran (350 hectares).
 
 
 
Le Pouilly-Fuissé est produit sur les communes de Fuissé, Solutré-Pouilly, Vergisson. Le Saint-Véran est produit sur les communes de Davayé et Prissé. Chaque village du Val Lamartinien peut associer son nom au mot Mâcon, exemples : Mâcon Pierredos, Mâcon Igé, Mâcon La Roche-Vineuse... Lorsqu'un vigneron veut assembler sa production issue de plusieurs villages, il revendique l'appellation Mâcon Villages.
 
 
 
 
 
Chronologie de la vigne en Mâconnais,
 
 
 
La culture de la vigne, dans le but de faire du vin, date de l'époque gallo-romaine, les Romains apportant la vinification, les Gaulois inventant le fût de chêne pour le transporter et l'élever.
 
 
 
Quelques siècles plus tard, les moines de la puissante abbaye de Cluny développent les bonnes pratiques viti-vinicoles et la notoriété de leurs vins.
 
 
 
En 1660, Louis XIV récompense l'audace commerciale d'un vigneron de Charnay-lès-Mâcon en adoptant à sa table, suivi de tout Versailles, les vins du Mâconnais.
 
 
 
Entre 1860 et 1930, soixante-dix ans de crises successives ruinent le vignoble français ; le mâconnais ne fait pas exception. Les maladies (mildiou, oïdium), les parasites du phylloxera tuent les ceps. Puis c'est la surproduction, la mévente, qui ruinent les vignerons.
 
 
 
La reprise en mains, l'exigence de qualité et d'authenticité se font à travers la création des Appellations d'Origine Contrôlées, qui codifient les pratiques, délimitent les aires géologiques, historiquement plus aptes à produire les vins de qualité.
 
 
 
En Mâconnais, les coteaux argilo ou marno-calcaires, avec leur exposition sud/sud-est, sont la terre d'élection du Chardonnay depuis sept siècles. Ils permettent l'élaboration de grands vins blancs, ronds en bouche, alliant la richesse aromatique à une élégante minéralité »
 
 
 
Extrait de « le Val Lamartinien », Chamina, Clermont-Ferrand, 2002
 
 
 
 
 
'''Dimanche 23 avril: randonnée à la journée, au départ du Centre, avec repas tiré du sac. '''
 
 
 
 
 
Avant le départ et après la traditionnelle photo, Michel nous lit un poème de Lamartine :
 
 
 
 
 
''« Objets inanimés, avez-vous donc une âme''
 
 
 
''Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer »''
 
 
 
 
 
Nous partons vers l’est, pour monter sur la Roche de Vergisson, d’où nous avons une belle vue sur la vallée et sur la roche de Solutré ; descente sur le bourg de Davayé où nous passons à côté du lycée viticole et agronomique ; petit détour pour voir l’église et son tympan au chevalier manchot ; on ne traîne pas, juste le temps de jeter un œil sur une improbable « coccinelle » (voiture) jaune, et nous grimpons sur les pas de François et de nos très lointains ancêtres solutréens vers le sommet de la Roche de Solutré, à travers des buis. L’effort est récompensé par un superbe panorama sur le vignoble de Pouilly-Fuissé, parsemé de petites constructions en pierres sèches, les « cadoles », anciens abris pour les vignerons. Quelques mètres plus bas, sur un espace herbeux à peu près plan, sous un chaud soleil, nous sortons le pique nique. Jean-Pierre (devinez lequel) n’a pas oublié le vin rouge, ni Marie-Paule le génépi.
 
 
 
N’ayant emporté que les œuvres de Lamartine via Lagarde et Michard et non celles de François Mitterrand, et n’ayant pas le temps d’évoquer la carrière politique de Lamartine, nous proposons avant le départ la lecture mimée du poème de Lamartine, « Les Révolutions », avec comme acteurs Marie-José et Michel :
 
 
 
 
 
''Marchez ! l’humanité ne vit pas d’une idée !''
 
 
 
''Elle éteint chaque soir celle qui l’a guidée,''
 
 
 
''Elle en allume une autre à l’immortel flambeau :''
 
 
 
''Comme ces morts vêtus de leur parure immonde,''
 
 
 
''Les générations emportent de ce monde''
 
 
 
''Leurs vêtements dans le tombeau.''
 
 
 
 
 
''Là c’est leurs dieux ; ici les mœurs de leurs ancêtres,''
 
 
 
''Le glaive des tyrans, l’amulette des prêtres,''
 
 
 
''Vieux lambeaux, vils haillons de cultes ou de lois :''
 
 
 
''Et quand après mille ans dans leurs caveaux on fouille,''
 
 
 
''On est surpris de voir la risible dépouille''
 
 
 
''De ce qui fut l’homme d’autrefois.''
 
 
 
 
 
''(…)''
 
 
 
''L’humanité n’est pas le bœuf à courte haleine''
 
 
 
''Qui creuse à pas égaux son sillon dans la plaine''
 
 
 
''Et revient ruminer sur un sillon pareil :''
 
 
 
''C’est l’aigle rajeuni qui change son plumage,''
 
 
 
''Et qui monte affronter, de nuage en nuage,''
 
 
 
''De plus haut rayon du soleil. (…)''
 
 
 
''A. de Lamartine, « Les Révolutions », Ode sur les Révolutions, déc. 1831.''
 
 
 
 
 
On comprend que ces vers ne soient pas resté gravés dans les mémoires…
 
 
 
 
 
Dans la descente, nous passons devant le musée préhistorique enterré au pied de la Roche, puis nous remontons jusqu’à La Grange-du-Bois. Nous avons une vue plongeante sur le Prieuré de la Grange-du-Bois et sur la Roche de Solutré. Il fait chaud, les réserve d’eau ont baissé, le Centre n’a donné que trois bouteilles d’eau ; Jean-Luc rappelle le principe : chacun doit emporter son eau pour la journée, mais nous avons soif. Chantal prend l’initiative de héler une dame dans son jardin, qui se trouve en bordure de la route. Bien aimablement celle-ci remplit nos nombreux bidons, en se plaignant quelque peu d’être souvent sollicité par des randonneurs imprévoyants, qui, en sonnant à sa porte, vont jusqu’à la réveiller à l’heure de la sieste. Une fois le ravitaillement fait, le groupe se divise en deux : soit rentrée directe à Serrières par le vallon, soit quelques kilomètres de plus avec un détour par la crête. Assez rapidement, sur ce dernier chemin, Jean-Luc propose une autre option : petit détour pour aller voir « une fontaine » ; une randonneuse nous indique alors qu’il y a un dénivelé de 70 mètres et que si ce n’est pas notre route, ce n’est pas la peine d’y aller, car il faudra remonter : Gérard part dans la descente avec moi, Jean Luc nous dit de continuer, mais semble-t-il, il y a une « insurrection » dans les troupes, qui ne veulent pas suivre. Nous descendons vers cette « très belle fontaine », remontons au pas de course parmi les copains qui font semblant d’être mécontents et la troupe se remet en marche ; l’escapade a cependant permis une vue sur le Prieuré sous un angle nouveau. Le sentier, lui, nous offre un superbe panorama sur la vallée de la Saône, Mâcon au loin et la Roche de Vergisson. Retour au Centre vers 17 heures où le premier groupe est déjà arrivé.
 
 
 
Nous renouons avec la tradition des AG apéritives, avec la « Trois Monts » apportée par Marie-Charlotte et Jean-Luc. Décision est prise, sous l’initiative de Didier, de se ravitailler en boisson locale, vin blanc et vin rouge pour les repas et pour l’apéritif.
 
 
 
 
 
''Vergisson Solutré, éléments de préhistoire''
 
 
 
Les grottes de Vergisson témoignent d’une présence humaine, au paléolithique moyen (moustérien, 70 000 à 30 000 avant JC).
 
 
 
Au pied de la Roche de Solutré on a découvert au XIX°s un gisement témoignant d’une culture du paléolithique supérieur (20 000 avant JC), reconnue comme une période particulière de la préhistoire, le Solutréen. Il faudrait visiter le musée départementale de la Préhistoire de Solutré au pied de la Roche.
 
 
 
Le site était habité par des gallo romains ; le propriétaire d’une « villa », Solustriacus, a donné son nom au village de Solutré. Il est fait mention de celui-ci avant l’an mil. Au sommet de la roche fut élevé au X° et XIII° une forteresse qui fut démantelée au XV° siècle.
 
 
 
 
 
== Vergisson Solutré, éléments de géologie ==
 
La partie à l’ouest de la Saône, la Bresse, résulte d’un effondrement progressif qui s’est produit au tertiaire lors de la poussée alpine, alors que se formaient sur l’autre rive de la Saône les monts du mâconnais, découpés en « chaînons » ; chacun comprend un soubassement cristallin qui provient de l’érosion de la chaîne hercynienne ; au secondaire, plusieurs couches de sédiments marins, principalement calcaires, alternativement durs ou tendres, se sont déposés. L’érosion intense qui a suivi a dégagé selon cette alternance de niveaux plus ou moins résistants, de longues crêtes rocheuses parallèles, dont l’alignement Solutré - Vergisson est le plus bel exemple.
 
 
 
 
 
==== Vergisson Solutré, éléments de faune et flore ====
 
Sur les pelouses calcaires des sommets de Solutré et Vergisson, la pelouse très sèche a une végétation rase et pelée. Ces pelouses constituent la zone de chasse des rapaces.
 
 
 
Des fourrés de buis ou buxaie recouvrent de vastes zones, que nous avons traversées, sur les pierriers et les rebords des corniches, habitat du lézard vert et de la couleuvre verte et jaune.
 
 
 
La chênaie succède à la buxaie.
 
 
 
 
 
== Lundi 24 avril ==
 
'''Matin'''
 
 
 
 
 
Nous partons vers l’ouest, à pied à partir de Serrières ; le beau temps nous accompagne ; passage devant des bovins charolais, devant un alambic ambulant, que nous verrons en fonctionnement le lendemain ; nous passons successivement les lieux suivants : La Forge, La Chaux, Les Fougères, la vieille route Lamartine (chemin de terre dans la forêt), les Provenchères, les Granets, les Monterrains, la combe Berthaud et son chemin difficile avec de gros cailloux, qui nous ramène vers Serrières.
 
 
 
Didier et Marcel mettent à exécution le plan de ravitaillement en boisson locale, en s’adressant au viticulteur de Serrières devant la maison duquel nos pas nous ont conduits.
 
 
 
 
 
Repas au Centre Jean Macé.
 
 
 
 
 
'''Après-midi lamartinienne : Pierreclos, Milly, Bussières'''
 
 
 
 
 
Certes, il est très difficile, dans la région, de trouver un chemin où Lamartine n’aurait pas mis ses pas (nous en trouverons un cependant, voir photo), mais quand on est dans le triangle Pierreclos, Milly, Bussières, on est au cœur du « val lamartinien », comme le dit le poète :
 
 
 
 
 
''« Là, mon cœur en tout lieu se retrouve lui-même''
 
 
 
''Tout s’y souvient de moi, tout m’y connaît, tout m’aime''
 
 
 
''Mon œil trouve un ami dans tout cet horizon''
 
 
 
''Chaque arbre a son histoire et chaque pierre un nom »''
 
 
 
''A . de Lamartine, Milly ou la terre natale''
 
 
 
 
 
Nous nous rendons en voiture jusqu’à Pierreclos, où nous stationnons sur la place de l’église. Un groupe part à pied, le reste de la troupe rejoindra les marcheurs une heure plus tard en voiture à Milly.
 
 
 
 
 
Quelques difficultés pour trouver le départ du chemin, mais finalement nous sortons du village. Un chemin pentu et bien ensoleillé nous fait sentir le poids du repas, mais nous conduit cependant allègrement vers une table d’orientation, d’où nous découvrons un immense panorama sur le Val, les monts du Mâconnais, la vallée de la Saône ; par beau temps on peut voir, dit-on, le Jura et la chaîne des Alpes ; le beau temps est bien présent, mais le contre-jour et la brume limitent notre vision.
 
 
 
 
 
Lamartine aurait conduit Victor Hugo et Charles Naudier en 1825 sur ces hauteurs de Pierreclos, et Madame Hugo aurait écrit :
 
 
 
''« La riche campagne de Bourgogne s’étendait à leurs pieds. Les bois avaient la tranquillité attendrie et mourant des beaux soirs d’été, on sentait partout comme une immense effusion de la nature et les trois amis mêlaient leurs âmes ».''
 
 
 
 
 
Nous redescendons un peu pour prendre sur la gauche l’itinéraire vers Milly. Nous surplombons le village de Milly, la vallée de la Grosne qui sert de voie de communication pour la nationale 79 et la voie TGV, où les trains passent avec une grande fréquence dans les deux sens. A l’entrée du village, arrêt à la statue de Lamartine où nous retrouvons le groupe venu en voiture. Michel et moi déclamons trois strophes extraites des Méditations V
 
 
 
 
 
''Le Vallon''
 
 
 
''« Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,''
 
 
 
''N’ira plus de ses vœux importuner le sort ;''
 
 
 
''Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,''
 
 
 
''Un asile d’un jour pour attendre la mort.''
 
 
 
 
 
''Voici l’étroit sentier de l’obscure vallée :''
 
 
 
''Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais, ''
 
 
 
''Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,''
 
 
 
''Me couvrent tout entier de silence et de paix.(…)''
 
 
 
 
 
''Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ;''
 
 
 
''Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours :''
 
 
 
''Quand tout change pour toi, la nature est la même,''
 
 
 
''Et le même soleil se lève sur tes jours.(…)''
 
 
 
''A. de Lamartine, « le Vallon », Méditations, V.''
 
 
 
 
 
Milly, charmant petit village où l’on rencontre sur le côté gauche de la route la maison d’enfance de Lamartine. Il ne s’agit pas d’un château, mais d’une maison à un étage ; un perron à cinq marches conduit à une porte flanquée de deux fenêtres ; le premier étage est percée de trois hautes fenêtres.
 
 
 
 
 
Alfonse de Lamartine, né à Mâcon en 1790, passe ses dix premières années en petit campagnard, habitant avec sa famille cette maison construite au début du XVIII°s ; après ses études à Lyon et au collège de jésuites de Belley, il revient à Milly pour y mener la vie d’un aristocrate oisif (1808-1811) ; un voyage en Italie (1811-1812), l’éloigne pour un temps ; après Waterloo, il revient à Milly, mais retourne souvent à Paris, pour y mener une vie mondaine ; après la mort de Julie (Elvire), en décembre 1918, Lamartine se retire à Milly. Il y compose plusieurs parties des Méditations lorsque la succession fait passer le domaine dans les mains de son beau-frère en 1830, Lamartine, qui est attaché à la maison de son enfance, décide de le racheter. Certes, à partir de son mariage, il vit dans la vaste propriété de Saint-Point, quand il n’est pas à Paris ou en mission diplomatique, mais il revient à Milly aux temps heureux des vendanges. Ainsi, encore en 1857, il écrit, dans les « Psalmodies de l’âme » :
 
 
 
''« Je me couchai sur l’herbe, à l’ombre de la maison de mon père, en regardant les fenêtres fermées, et je pensai aux jours d’autrefois. Ce fut ainsi que ce chant me monta du cœur aux lèvres, et que j’en écrivis les strophes au crayon sur les marges d’un vieux Pétrarque… »''
 
 
 
 
 
''(…)Rien n’a changé là que le temps ;''
 
 
 
''Des lieux où notre œil se promène,''
 
 
 
''Rien n’a fui que les habitants.''
 
 
 
 
 
''Suis-moi du cœur pour voir encore,''
 
 
 
''Sur la pente douce au midi,''
 
 
 
''La vigne qui nous fit éclore''
 
 
 
''Ramper sur le roc attiédi.''
 
 
 
 
 
''Contemple la maison de pierre,''
 
 
 
''Dont nos pas usèrent le seuil :''
 
 
 
''Vois-là se vêtir de son lierre''
 
 
 
''Comme d’un vêtement de deuil (…)''
 
 
 
''A. de Lamartine, « La Vigne et la Maison », Psalmodies de l’âme, 1857.''
 
 
 
 
 
Mais fin 1860, il est contraint par ses soucis financiers de vendre la maison, la séparation est douloureuse :'' ''
 
 
 
''« Efface ce séjour, ô Dieu, de ma paupière, ou rends-le moi semblable à celui d’autrefois ».''
 
 
 
 
 
Les vingt dernières années de Lamartine sont effectivement attristées par des questions d’argent ; il est ruiné, a d’énormes dettes, dues à sa prodigalité et à sa vie sentimentale complexe, à son goût des vastes domaines. Il se trouve condamné à ce qu’il appelle des'' « travaux forcés littéraires ». ''Après la vente de Milly, il doit accepter un chalet à Passy, offert par la ville de Paris, et, suprême humiliation, il sollicite de l’Empire qu’il a politiquement combattu, un secours qu’il avait longtemps refusé comme un déshonneur.
 
 
 
 
 
Je me promets de revenir faire la visite de la maison de Milly l’après-midi, mais la maison n’est ouverte au public que le dimanche, et tous les jours seulement à partir du premier mai…
 
 
 
 
 
Nous poursuivons à pieds vers le Sud est en direction de Grand Bussières et passons à proximité du village de Bussières où Lamartine rejoignait l’abbé Dumont pour recevoir les leçons de son précepteur. L’abbé est inhumé dans l’église du village.
 
 
 
 
 
Retour sur Pierreclos sous de gros nuages noirs. Une option est prévue : revenir à pieds à Serrières par un sentier, mais les premières gouttes nous conseillent la prudence. C’est sous une très grosse averse, mais à l’abri dans les voitures, que nous rentrons vers le Centre.
 
 
 
 
 
Le château de Pierreclos : à la sortie du village à gauche, en allant vers Serrières. Entouré de vignes, il dresse ses tours massives et cependant élégantes sur le coteau.
 
 
 
 
 
Le château de Pierreclos a été construit au XII°s et a connu diverses modifications jusqu’au XVIII°siècle. La cour renferme une église au chœur et au clocher roman ; le corps de logis principal possède un très bel escalier renaissance. Deux musés ont été aménagés dans les caves voûtées, un consacré à la tonnellerie, l’autre à la vigne et au vin ; mais il nous faudra revenir en ces contrés pour les visiter.
 
 
 
De Milly à Pierreclos il n’y a que deux kilomètres environ. Lamartine était l’ami de Guillaume Michon de Pierreclos, fils du propriétaire du château. Mais il fréquentait aussi l’épouse de Guillaume, la belle Nina, dont il eut un fils, Jean Baptiste Léon de Pierreclos, qui épousera une nièce de son père génétique et mourra à 28 ans, éteignant avec lui la lignée des Pierreclos.
 
 
 
Nina de Pierreclos raconta à Lamartine les amours secrètes de l’abbé Dumont et de Mademoiselle de Milly, durant la Révolution. Là serait l’origine du grand poème Jocelyn, épopée racontant l’histoire de l’humanité. Lamartine est hanté depuis 1821 par le projet d’une grande épopée dont il a rédigé plusieurs fragments ; il entreprend dans ce but un voyage aux Lieux Saints. On sait que l’épopée Jocelyn, publié en 1836 s’inspire en partie de la vie de l’abbé, en ce qu’il a volontairement renoncé aux joies de ce monde.
 
 
 
Jocelyn (8000 vers…) raconte l’histoire d’un jeune séminariste, réfugié pendant la Révolution dans les montagnes du Dauphiné, à qui un autre proscrit confie, en mourant son fils Laurence, qui est en réalité une jeune fille déguisée en garçon selon les vœux de son père. L’amitié entre les jeunes gens se mue en un « chaste amour » ; Jocelyn promet à sa compagne de l’épouser. Mais il est appelé auprès de l’évêque de Grenoble condamné à l’échafaud ; celui-ci désire communier avant de mourir et Jocelyn consent, pour ce faire, à se laisser ordonner prêtre ; le mariage des jeunes gens est devenu impossible ; la jeune fille meurt après une vie dissipée à Paris, mais Jocelyn vient adoucir ses derniers instants. Et lui-même meurt peu après en soignant des pestiférés….
 
 
 
 
 
En revanche, les vers très célèbres
 
 
 
 
 
''« Ô temps, suspends ton vol ! et vous heures propices,''
 
 
 
''Suspendez votre cours ! »''
 
 
 
 
 
renvoient à un autre épisode de la vie sentimentale du poète : en 1816, il se rend aux eaux d’Aix-les-Bains et y rencontre Julie Charles, une jeune femme malade de la poitrine, épouse d’un physicien ; ils se retrouvent à Paris au cours de l’hiver 1817 et promettent de se revoir à Aix l’été suivant. Mais Lamartine se retrouve seul devant le lac du Bourget, Julie est retenue à Paris par la maladie qui devait l’emporter en décembre 1817.
 
 
 
Dans la sixième strophe du poème « Le Lac », Lamartine met ces mots dans la bouche de Julie :'' ''
 
 
 
<center>''« Ô temps, suspends ton vol ! et vous heures propices,''</center>
 
 
 
<center>''Suspendez votre cours !''</center>
 
 
 
<center>''Laissez-nous savourer les rapides délices''</center>
 
 
 
<center>''Des plus beaux de nos jours ! »''</center>
 
 
 
<center>''A. de Lamartine, Méditations poétiques, 1820''</center>
 
 
 
 
 
Mais accablé par la mort de Julie, immortalisée dans ses poèmes sous le nom d’Elvire, le poète se retire à Milly, dans « une complète solitude et un isolement total ». Il a cru qu’il ne survivrait pas à sa douleur :
 
 
 
''« Je reste seul, mais j’ai presque la certitude que ce ne sera pas pour longtemps ; je puis déjà d’avance me compter au nombre des morts'' «  (Lettre du 26 avril 1818).
 
 
 
Le poème « L’isolement » composé en août 1818 et publié dans les Méditations contient un des vers universellement connus :
 
 
 
 
 
''« Souvent, sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,''
 
 
 
''Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;''
 
 
 
''Je promène au hasard mes regards sur la plaine,''
 
 
 
''Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.''
 
 
 
 
 
''Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes<ref name="ftn1"><sup>''Variante : « ici le fleuve en paix roule ses eaux dormantes ». Nous avons pu constater que cette notation convient mieux pour la Saône, mais le poète lui substitue le souvenir du Rhône, plus impétueux.''</sup></ref> ;''
 
 
 
''Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;''
 
 
 
''Là le lac immobile<ref name="ftn2"><sup>''Nous avons pu constater qu’aucun lac n’est visible depuis Milly ; le poète pense, bien sûr au lac du Bourget.''</sup></ref> étend ses eaux dormantes''
 
 
 
''Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.(…)''
 
 
 
 
 
''Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,''
 
 
 
''Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?''
 
 
 
''Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,''
 
 
 
''Un seul être vous manque et tout est dépeuplé !''
 
 
 
''(…)''
 
 
 
 
 
A trente ans, Alphonse de Lamartine épouse une jeune anglaise Marianne-Elisa Birch (Mary Ann), rencontrée à Chambéry en 1819. Naît une fille, Julia, qui meurt à Beyrouth, lors du voyage en Orient en 1832.
 
 
 
Veuf en 1863, il épouse sa nièce, Valentine de Cessiat, qui est également sa fille adoptive.
 
 
 
 
 
Pour terminer le florilège lamartinien, nous trouvons dans « L’Homme », méditation dédiée à Byron, la formule, très célèbre elle aussi :
 
 
 
 
 
''« Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,''
 
 
 
''L’Homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. »''
 
 
 
=== Mardi 25 avril, randonnée à la journée ===
 
'''Matin'''
 
 
 
Serrières, La Grange au bois, par le GR16 a nous passons à proximité de l’Ancien Télégraphe, puis dans le Bois de Cenves ; à Prémessin nous retrouvons la D 627 que nous quittons pour passer à proximité des Grandes Terres et de Rontecolon (743m) et nous descendons sur la vallée de la Petite Grosne en voyant à travers les arbres sur l’autre versant le but de notre matinée, le village de Cenves avec sa belle église. Mais il faut remonter le versant d’abord jusqu’à l’école, puis jusqu’à l’église où sont garées trois de nos voitures et, toujours en montant malgré le chaud soleil qui a amené une couleuvre (une vipère ?) presque sous mes pieds, nous trouvons un endroit agréable pour pique-niquer.
 
 
 
 
 
Le repas, tiré du sac, est pris à Cenves, en haut du village, sur un terrain aménagé en aire de loisir, avec des tables de bois (photos), sous une vierge dorée et devant un très vaste panorama.
 
 
 
 
 
'''Après midi '''
 
 
 
Deux options : « trajet court », en voitures retour vers Serrières, et trajet long, à pieds, par La Mère Boîtier. Nous suivons le chemin balisé qui nous conduit par le col du Carcan (645m) au-dessus des Luquet, où un panneau nous indique 45 minutes aller-retour pour la Mère Boîter. Un petit groupe fera l’aller en 11 minutes, avec plus ou moins de palpitations sur les 50 derniers mètres de dénivelée…une table d’orientation, un panorama à 180°, mais les arbres qui ont poussé cachent quelques peu la vue. Un miraculeux thé chaud servi par Danielle et Jean-Pierre réconforte la troupe.
 
 
 
Nous redescendons par le même chemin mais continuons jusqu’aux Luquets : le vallon est splendide, nous avons l’impression d’être au bout du monde, bien loin de la « civilisation », de la vallée de la Saône et des « sentiers Lamartine ». En descendant vers les Millards ou après les Guérins, nous rencontrons…la mère Boîtier. Nous entendons, très proche, le bruit d’une tronçonneuse ; je vois un arbre tomber en travers du chemin ; il est plus prudent de s’arrêter et la mère Boîtier apparaît sous l’aspect d’une femme sans âge coiffée d’une sorte de feutre ou de melon, recouvert d’un bonnet en laine ; elle commande la manœuvre de deux hommes qui tronçonnent au-dessus du chemin ; nous discutons quelques instants
 
 
 
– « Pouvez-vous nous dire pourquoi le sommet de la montagne s’appelle la Mère Boîtier ? »
 
 
 
* « Oh ! c’est très vieux ! »
 
* ( !!).
 
 
 
Nous abandonnons notre enquête toponymique. La vieille dame veut faire couper l’arbre pour nous laisser le passage, nous passons allègrement par dessus, en ayant bien soin d’indiquer qu’il y a encore des randonneurs derrière, Nous préférons d’ailleurs attendre tout le monde pour éviter que l’un de nous ne prennent un arbre sur la tête. Réunis, nous continuons à descendre par le lieu dit l’Oiseau vers les Guérins, puis La Chaux, La Farge et retour direct par la départementale jusqu’à Serrières.
 
 
 
Arrivée vers 16 heures au Centre Jean Macé.
 
 
 
 
 
Soirée bourguignonne « Les Moches de Solutré »
 
 
 
 
 
Daniel en Michel Drucker ou Jacques Martin, Marie-Charlotte, Michèle, Chantal, Dominique, Yvette et Danielle nous ont offert un spectacle hilarant. La surprise fut totale puisqu’il s’agissait, croyions-nous, simplement de danses bourguignonnes. En réalité il fallait élire « Miss Roche de Solutré », pardon « Miss Moche de Solutrée ». Affublées comme les Vamps de bas arrivant à mi jambes, de combinaisons dépassant des jupes, de rembourrages divers pour se donner de l’embonpoint ou des poitrines tombantes, de fichus de nos grands mères, de lunettes rétro et d’un maquillage outrancier, elles ont rivalisé d’ingéniosité pour nous faire rire aux larmes, sur un texte de Michel et une mise en scène collective.
 
 
 
 
 
'''Mercredi 26, Laizé, Mâcon'''
 
 
 
 
 
== Matin : randonnée autour de Laizé ==
 
Départ en voitures vers le village de Laizé, nous stationnons près de la belle église romane au fin clocher d’ardoise sombre ; nous passons devant la château et sa puissante tour carré, puis descendons vers la petite rivière La Mouge, en passant devant le poney club ; au Moulin du Bois, nous longeons une entreprise de récupération de vieilles pierres, vieux instruments, une espèce de cimetière, de pierres, de poteries, de meules, de pressoirs à demi cassé, de linteaux…Par les Michauds et les Minets nous arrivons à Charbonnières, nous montons dans le Bois du Marverat et redescendons vers le Poney club de Givry et remontons ensuite directement à l’église de Laizé. Rapidement le pique-nique s’organise. Même s’il y a moins d’assiettes que de randonneurs, on s’arrange et tout le monde mange grandement à sa faim, assis sur le muret de la place.
 
 
 
Petit incident : je manque de m’assommer sur le linteau très large et en pierre bine dure de la porte des toilettes publiques…Le départ de Marie-Charlotte pour la gare de Mâcon est l’occasion d’adieux émouvants : Gérard, dépourvu du mouchoir blanc nécessaire en de pareilles circonstances, remplace aisément celui-ci par du papier toilette…qu’il agite au vent…
 
 
 
 
 
===== Après-midi, visite de Mâcon =====
 
Toutes les voitures se rendent à Mâcon, où une visite guidée est prévue. Nous trouvons aisément le parking conseillé et disposons d’un moment de liberté pour prendre un café et flâner dans la ville, qui est assez désertique en ce tout début d’après-midi ; il est difficile d’approcher des bords de la Saône qui sont en travaux. Finalement nous nous retrouvons quelques minutes avant l’heure du rendez-vous, tous assis sur les marches de l’église Saint-Pierre, mettant une joyeuse animation, qui laisse pantois et sans voix un groupe de jeunes-à- casquette-basket-et-survêtement, qui hélait toutes les personnes traversant la place : des « vieux » plus intempestifs qu’eux ?!
 
 
 
 
 
=== Visite guidée de la ville ===
 
Mâcon, préfecture de la Saône et Loire, 36000 habitants (comme Lens), capitale de la Bourgogne du sud (la Saône-et-Loire), Dijon étant la capitale de la Bourgogne du nord. Elle se situe à 400 km de Paris et de Marseille. La municipalité actuelle mise sur le tourisme, d’où, en particulier, l’aménagement des quais de la Saône avec promenade romantique et parking souterrain, mais pour le moment Mâcon n’est qu’une ville étape (moyenne de séjour : 1,2 nuitée par touriste).
 
 
 
La ville a été fondée par les Eduens, qui sont un peuple celte. Les romains ont installé un castrum à « Matisco » (d’où le nom de « Mâcon »). Autour de l’an mil, la ville se développe. Depuis 643, la ville était évêché, mais le titre est perdu à la Révolution, c’est Autun qui devient évêché.
 
 
 
Mâcon est bien sûr la ville natale de Lamartine.
 
 
 
Du point de vue économique, c’est aujourd’hui essentiellement une ville administrative ; Lyon et chalon sont les grandes villes industrielles et Mâcon se tourne vers le tourisme. Les quais sont nés au XVIII°s lorsque Mâcon a perdu ses remparts. La rivière constituait une frontière puisque l’autre rive appartenait au saint Empire germanique.
 
 
 
 
 
'''''Place Saint-Pierre''''' : d’un côté l’Hôtel de ville, de l’autre l’église Saint-Pierre. L’Hôtel de ville est situé dans un hôtel particulier du XVIII°s. La municipalité s’y installe au XIX°s et on ajoute alors les deux ailes. La cour de l’Hôtel de ville est fleurie. Mâcon s’enorgueillit d’avoir reçu plusieurs fois le premier prix des villes fleuries (4 fleurs) ; 80 jardiniers de la ville travaillent à l’embellissement.
 
 
 
L’église Saint-Pierre a été érigée au milieu du XIX°s par un élève de Viollet le Duc avec des financements privés ; malgré ses dimensions, c’est une église paroissiale, de style néo roman à l’extérieur et néo gothique à l’intérieur. En Saône-et-Loire, il y a 250 églises romanes. L’église est orientée « à l’envers », le chœur est tourné vers l’ouest et non vers l’est, ceci pour faire face à l’Hôtel de ville ; le but était, au XIX°s, d’affirmer l’autorité de l’Église en face de l’autorité civile. Son érection a conduit aussi à la destruction d’un vieux quartier moyenâgeux, insalubre. L’église a été nettoyée au laser, il y a 5 ans, sur la partie visible de la place saint Pierre ; la pierre blanche calcaire apparaît.
 
 
 
 
 
=== La maison de bois sur la place aux herbes ===
 
La « place aux herbes » est une création du XIX°s ; toujours dans un souci hygiéniste, on détruit les quartiers insalubres pour dessiner cette place. On dit de Mâcon qu’elle est « la première porte vers le sud » ; effectivement il y a des traits méridionaux : les tuiles rondes et les toits à faible pente. Dijon est plus septentrionale puisqu’elle est à 120 km de Mâcon.
 
 
 
« La maison de bois » : elle donne une représentation de toutes les maisons, qui comprenaient, comme ici, un soubassement en pierre et des étages tout en bois (chêne). Il ne reste en France que quatre maisons en bois Thiers, Angers, Strasbourg et Mâcon. Elle a été construite entre 1490 et 1510. Les poutres sont sculptées sur l’extérieur de monstres, de figures grotesques ou indécentes, une licorne, des animaux fantastiques, des personnages nus…
 
 
 
 
 
'''''rue Franche''''' : c’est le quartier de l’évêché, la rue doit son nom aux franchises dont bénéficiait l’évêque.
 
 
 
Vue sur le pont saint Laurent, datant du XI°s. Il y eut d’abord un pont romain en bois, puis un système de passeurs, et enfin le pont de pierre. Le pont portait à l’origine des bâtiments aux deux extrémités et au milieu, une chapelle dédiée à saint Nicolas, mais elle a été emportée par une crue. La Saône constitue une frontière entre deux départements, la Saône-et-Loire et l’Ain. Les Bressans étaient qualifiés dépréciativement de « ventres jaunes » par référence à leur avarice supposée, à la culture du maïs… mais aujourd’hui on insiste sur l’unité du Val de Saône.
 
 
 
Au n°83, un hôtel particulier du XVIII°s.
 
 
 
Au n°69 une « traboule », influence de Lyon. Il n’y a pas eu de canuts ici, mais tous les points de la ville étaient reliés par des passages ; elles ont été fermées pendant l’occupation allemande, car elles servaient de refuge aux maquisards.
 
 
 
 
 
'''''La cathédrale saint Vincent de Mâcon'''''
 
 
 
Il ne reste que les deux tours de façade. Nous les voyons d’abord, de l’intérieur de ce qui été la nef, un peu comme ce sera le cas à Cluny ( voir plus bas). Saint Vincent était un diacre de Saragosse, prisonnier des romains, à l’époque de Dioclétien ; il a été, dit-on, jeté dans une fosse recouverte de tessons, ceux-ci se seraient transformés en pétales de rose etc…finalement il a été martyrisé comme saint Laurent sur un grill<ref name="ftn3"><sup>Ses restes sont inhumés à l’église de Saint-Germain-des- Près à Paris.</sup></ref>. C’est un saint très honoré en Bourgogne (voir plus bas la Chapelle aux Moines de Berzé-la-Ville), patron des vignerons. Quel rapport entre ce saint de Saragosse et la vigne ? Les évêques de Macon fêtaient saint Vincent, invitaient la population à des réjouissances, le vin coulait à flot ; ce serait l’origine du rapport entre saint Vincent et le vin.
 
 
 
L’église est à base romane, le haut est gothique, XII°-XIV°s, avec des gargouilles comme à Paris. L’église a été démantelée après la Révolution et les pierres ont servi à construire des maisons (idem Cluny…)
 
 
 
La Préfecture est installée dans l’ancien palais épiscopal.
 
 
 
De l’autre côté, on se trouve devant la façade principale de la cathédrale ; elle présente un portail du XV°s.
 
 
 
Les armes de la ville portent trois ronds, qui renvoient aux trois villes Mâcon, Chalon et Autun. Les trois villes ont le même blason. Des fouilles ont été effectuées au XIX°s, le produit est parti au British Museum…
 
 
 
 
 
'''''Le plateau de la Baille (bailli)'''''
 
 
 
On se souvient que la première ville a été fondée par les Eduens ; ils ont appelé à l’aide Jules César, qui a installé un camp près de la ville et l’a appelé Matisco.
 
 
 
Le couvent des Ursulines 1615, ordre éducatif de jeunes filles. Le couvent a été transformé en prison à la Révolution : le père de Lamartine a été enfermé un temps aux Ursulines, tout à côté de la maison natale (présumée) de son fils. En 1968, le couvent a été transformé en musée municipal.
 
 
 
Mises à part quelques constructions anciennes, ce quartier est fait d’immeubles neufs.
 
 
 
 
 
'''''L’hôtel de Lamartine'''''. La famille, issue de la magistrature, a été anoblie au XVIII°s. Alphonse de Lamartine eut cinq sœurs, dont trois sont mortes de la tuberculose. Alphonse a hérité de beaucoup de propriétés et d’une grande fortune, mais en quelques années il a tout dilapidé. Celui qu’il appelle « l’oncle terrible » possédait cette maison où résidait la famille l’hiver et l’été on se transportait à Milly. L’hôtel particulier a été vendu par Lamartine, comme tous les hôtels dont il a hérité ainsi que les châteaux ; il n’a conservé que le château de Saint-Point et celui de Monceau. Il a donné son nom à sa nièce pour qu’elle hérite et elle a gardé le château de Saint-Point. Il y a quatre ans, la famille a vendu le château et son contenu..
 
 
 
 
 
'''''L’hôtel d’Ozenay''''', propriété achetée par le père du poète pour y vivre l’hiver. Ses enfants y sont nés. Ma mère du poète y est décédée. L’hôtel a été propriété de Lamartine de 1830 à 1841.
 
 
 
 
 
'''''Rue Paradis''''' : c’est une des plus anciennes rues ; on y trouve l’hôtel du Bailli, du XV°s et des vestiges des remparts (tour ronde), le tout dans un très mauvais état ; l’hôtel du Bailly a été racheté par la ville.
 
 
 
 
 
'''''Le musée Lamartine''''' : il est situé dans l’hôtel de Sénécé, datant du XVIII°s, avec décoration en trompe l’œil. Le bâtiment appartient à l’Académie de Mâcon, il était le siège de cette Académie au XIX°s. Il s’agit d’un musée biographique, il y a aussi un musée au château de Saint Point.
 
 
 
 
 
'''''La Charité''''', centre hospitalier de Mâcon, rue Carnot, anciennement rue du Bourg neuf, car la ville s’est d’abord installée sur la colline, puis elle s’est développée vers le Nord et ensuite seulement vers le Sud. Les arcs en anse de panier au rez-de-chaussée des maisons témoignent de la présence de boutiques autrefois.
 
 
 
En 1617, La Confrérie de la Charité est fondée à 25 km de Mâcon, à Châtillon-des-Dombes, par saint Vincent de Paul. En 1632, la Charité est installée à Mâcon. Au XVIII°s le bâtiment est détruit, et Soufflot, l’architecte du Panthéon, reconstruit la Charité. Le bâtiment est actuellement en cours de restauration. A la Révolution, il est devenu une prison, ensuite, un hôpital « général »<ref name="ftn4"><sup>Cf Michel Foucault.</sup></ref>, qui recevait les pauvres, les filles mères, les orphelins, les fils de famille indociles. On voit encore sur la façade le tour (photo) où les mère déposait leur enfant nouveau né (retour au tour à Hambourg). L’hôpital présente une façade baroque arrondie.
 
 
 
 
 
'''''Après la visite, quartier libre ''''': nous en profitons pour tenter d’approcher la Saône ; les travaux font obstacle, ainsi que la disposition des feux de circulation qui laissent peu de possibilité aux piétons. Nous constatons qu’effectivement le pont saint Laurent est l’unique pont sur la rivière ; nous imaginons, avec la circulation que nous constatons, les embouteillages du matin et du soir. Nous voyons aussi confirmation du fait que cette rivière constitue plus une frontière qu’un passage : la ville de Mâcon est sise sur la rive droite et devant nous qui regardons l’autre rive il y a, certes vers le nord quelques constructions, mais vers le sud, c’est la nature. Le contraste est saisissant. Le flot de la rivière vue de près est très impétueux ; finalement Lamartine n’a pas tort de « confondre » le Rhône et la Saône…
 
 
 
Retour à travers la ville jusqu’au parking où nous retrouvent Jean-Pierre et Carole. La sortie de Mâcon vers Serrières est une petite épreuve ; les panneaux de signalisation sont parfois rares ou équivoques. Finalement nous retrouvons notre « val lamartinien » et la quiétude de Serrières.
 
 
 
 
 
Soirée « jeux » animée par Chantal et Didier.
 
 
 
 
 
'''Jeudi 27 : Cluny, randonnée, visite guidée à 16 heures, puis apéritif offert par le club de randonnée de Cluny'''
 
 
 
 
 
En voiture jusqu’à Cluny où nous stationnons à l’ancienne gare.
 
 
 
Nous partons à pied par la voie verte, ancienne voie de chemin de fer et contournons par le Nord le mur d’enceinte de l’ancienne abbaye, nous faisons quelques haltes pour admirer les portes puis en longeant le cimetière (« chemin des trépassés », cf photo) nous quittons la ville. Le temps est assez incertain et tout le long du parcours nous craignons la pluie.
 
 
 
Pique-nique de cuisses de poulet, assez rapide à cause des conditions météo.
 
 
 
Il devait y avoir deux options : rentrée directe sur Cluny (cinq kilomètres) ou trois kilomètres de plus. Finalement il n’y a qu’un groupe par le chemin long.
 
 
 
Église et village de Lournand (église romane reconstruite au XIX°s)
 
 
 
Symbole du chemin de saint Jacques,
 
 
 
Pluie qui menace et qui finit par tomber juste avant Cluny sous la forme d’une très grosse averse.
 
 
 
Nous retrouvons les voitures, changeons de vêtements et remontons en voiture pour approcher du centre ville. La billetterie et le petit musée se trouvent dans le palais abbatial, splendide bâtiment du XV° gothique flamboyant. Juste le temps d’acheter cartes postales ou brochures, et c’est le début de la visite.
 
 
 
 
 
'''''Visite de l’abbaye de Cluny.'''''
 
 
 
Une visite plaine de surprise.
 
 
 
Jusqu’ici l’art roman s’était présenté à nous sous la forme de petites églises de campagne ; ici nous sommes devant les restes de l’église chrétienne la plus grande avant la construction de saint Pierre de Rome…187 mètres.
 
 
 
Les églises rurales du mâconnais sont, comme celle de Serrières, de dimension réduite, faites pour de petites paroisses. Elles utilisent des plans très simples : nef unique quadrangulaire non voûtée, chœur et abside en hémicycle, voûtés et portant le clocher. Des murs massifs, des ouvertures étroites. En façade, le portail, souvent surmonté d’une baie ou d’un oculus éclairant la nef est le seul ornement. A l’intérieur de ces églises, il y a très peu de décorations sculptés ou peintes. Le dépouillement et l’harmonie des volumes évoquent, pour nous et paradoxalement, l’austérité cistercienne.
 
 
 
L’église de Cluny au contraire (dite Cluny III), manifeste le faste d’un ordre puissant et riche : cinq nefs, deux transepts, des chapiteaux richement décorés et historiés et des murs peints à fresque, si l’on en juge par les fresques de la Chapelle des Moines de Berzé-la-Ville. Elle a été construite en 1088, au moment de l’apogée clunisienne.
 
 
 
 
 
Surprise aussi, sous forme d’un rappel salutaire : même si on sait que l’art roman utilise l’ogive, on a souvent tendance à associer arc en plein cintre et roman et arc d’ogive, gothique. Cluny rappelle que l’ogive est aussi romane ; Cluny, dont la construction a commencé en 1088 serait la première église à utiliser l’arc d’ogive ; il permet l’élévation de la nef et l’ampleur des ouvertures.
 
 
 
Autres sujets d’étonnement : la nef de l’église est à ciel ouvert et était devenue une rue, et reste un lieu de passage. Le clocher octogonal couvert d’ardoises et visible de loin n’est que le clocher du bras sud du transept.
 
 
 
Les restes de l’église sont pris entre, au Nord, les bâtiments des Haras nationaux situés sur la partie la plus orientale de la nef, et, au Sud, les bâtiment de l’École des Arts et métiers, le cloître du XVIII°s servant de déambulatoire aux élèves de l’école.
 
 
 
 
 
'''''Indications données par le guide'''''
 
 
 
Pourquoi l’église est-elle dans un tel état ? la Révolution a prélevé le plomb des charpentes et, à partir de 1789, a été entreprise une destruction systématique de l’église ; elle a été vendue à des marchands de biens, qui en ont fait une carrière de pierres ; celles-ci ont trouvé un réemploi dans la construction des Haras ou de certaines maisons clunisiennes. Mais les chapiteaux du chœur ont été sauvés.
 
 
 
Pour nous permettre de nous représenter l’édifice, le guide nous conduit dans une salle de projection où une vidéo en trois dimensions élaboré par l’Ensam présente une reconstitution de l’église. Certes, la présentation est centrée sur l’architecture, il n’y a pas (encore) de tentative de rendre les sculptures et les peintures, mais la pédagogie est efficace. D’autant plus que des maquettes simples mais suggestives permettent de vérifier ensuite que nous avons dans la tête le plan de l’église et ses volumes.
 
 
 
 
 
=== Historique rapide ===
 
En 810, sur le site vit une communauté de huit moines, une petite église en bois est construite, celle qu’on appelle Cluny I.Quatre-vingts ans après on construit une église en pierre, Cluny II.
 
 
 
L’essor de Cluny, pendant les deux premiers siècles d’existence de l’ordre, amène la construction de la troisième église ; commencée en 1088, elle est achevée en 1130, après seulement 40 ans de travaux. Son ampleur s’explique par le fait que résidait alors au monastère un millier de personnes, dont 400 moines. A cette époque aussi se constitue autour de l’église, un bourg qui travaille à la construction ou en relation avec les moines. Au XII°s, il y a 5000 habitants ; aujourd’hui, 5200.
 
 
 
Puis il y a un affaiblissement de l’ordre à partir de la Guerre de Cent ans. Au XVIII°s, il reste environ 40 moines. Le prieur entreprend en 1750 de sacrifier le cloître médiéval pour édifier le cloître actuel. Les moines n’y séjournent que 40 ans ; en 1790, les monastères sont dissous. Les habitants du bourg transforment le cloître pour en faire un marché et on perce deux axes, un est-ouest, que nous empruntons et un axe nord sud. En 1866, l’Etat rachète l’ensemble et y installe une École professionnelle supérieure, puis les Arts et Métiers.
 
 
 
 
 
Le duc d’Aquitaine, pour racheter une vie dissipée fit don à l’Eglise d’une partie de ses terres pour construire un monastère. Dans la charte de fondation, il est stipulé que le monastère ne relève que du pape. Les grands abbés sont les six premiers,
 
 
 
Pourquoi l’ordre de Cluny a-t-il pris une telle ampleur ? à cause de la longévité (et du talent) de ses premiers abbés, du tournant de l’an mil….
 
 
 
 
 
<center>Quelques repères chronologiques<ref name="ftn5"><center><sup>D’après Fernand Nicolas, Les Peintures murales à la Chapelle des Moines de Berzé-la-ville, Académie de Mâcon, p 31, août 1998 .</sup></center></ref></center>
 
 
 
<center>A lire de bas en haut</center>
 
 
 
 
 
 
 
{| class="prettytable"
 
| <center>Rois de France</center>
 
| <center>St Empire germanique<ref name="ftn6"><center><sup>Les dates de début de règne impérial varient suivant les auteurs qui distinguent ou non « roi de Germanie » et empereur.</sup></center></ref></center>
 
| <center>Abbés de Cluny</center>
 
| <center>Quelques papes<ref name="ftn7"><center><sup>En oubliant les « antipapes ».</sup></center></ref></center>
 
 
 
|-
 
| <center>Louis VI (1108-1137)</center>
 
 
 
 
 
<center>Philippe I° (1060-1108)</center>
 
 
 
 
 
<center>Hugues Capet (mort en 996)</center>
 
| <center>Henri V (1106-1125)</center>
 
 
 
 
 
<center>Henri IV (1056-1106)</center>
 
 
 
 
 
<center>Henri III, le Noir (1039-1056)</center>
 
 
 
<center>Conrad II (1024-1039)</center>
 
 
 
 
 
<center>Henri II, le Boiteux (1002-1024)</center>
 
 
 
<center>Otton III (983-1002)</center>
 
 
 
 
 
<center>Otton II, le Roux (973-983) épouse Théophano, princesse byzantine</center>
 
 
 
 
 
<center>Otton le Grand (962-973)</center>
 
 
 
 
 
 
 
| <center>Pierre de Montboissier, dit Le Vénérable (1122-1156)</center>
 
 
 
 
 
<center>Pons de Melgueil</center>
 
 
 
<center>(1109-1122)</center>
 
 
 
===== Hugues de Semur =====
 
<center>(1049-1109)</center>
 
 
 
 
 
<center>Odilon (994-1049)</center>
 
 
 
 
 
<center>Mayeul (948-994)</center>
 
 
 
 
 
<center>Aymard (942-948)</center>
 
 
 
<center>Odon (927-942)</center>
 
 
 
<center>Bernon (909-927)</center>
 
| Pascal II (1099-1118)
 
 
 
Urbain II (1088-1099)
 
 
 
Victor III (1086-1087) abbé Didier du Mont Cassin
 
 
 
Grégoire VII (1073-1085)
 
 
 
Léon IX (1049-1054)
 
 
 
|-
 
| colspan="2" | <center>Fin des carolingiens</center>
 
 
 
<center>(10° siècle)</center>
 
| colspan="2" |
 
 
 
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L’ordre de Cluny se caractérise par une inflexion de la règle bénédictine « ora et labora » ; le « prière et travail » se change en « prière et prière », les clunisiens sont des « orants », qui prient pour le salut des âmes, de la leur et de celles des autres, et de ce fait, les dons affluent, d’où la richesse de l’abbaye et sa puissance.
 
 
 
 
 
Entrée dans l’église : elle comprend comme on l’a dit cinq nefs (successivement, en partant du Nord ou du Sud : grand collatéral, petit collatéral, nef, petit collatéral, grand collatéral) et un double transept, qui est symbole de « chef d’ordre ». L’ordre comprend à son apogée 1500 prieurés ou abbayes réformées. Cluny se faisait appeler « église de lumière » (rayonnement spirituel).
 
 
 
 
 
Puis nous entrons dans la chapelle de Jean de Bourbon ; celui-ci est un abbé qui en 1456 a fait ériger cette chapelle ainsi que le palais abbatial construit à l’extérieur de l’abbaye (actuel musée), gothique flamboyant, des statues des prophètes de l’ancien testament soutiennent des statues de personnages du Nouveau Testament.
 
 
 
Evêque du Puy, abbé pré commendataire. Ce système a commencé en 1516 : ce ne sont plus les moines qui élisent leur abbé mais c’est le roi de France qui désigne l’abbé de Cluny. Ainsi, Richelieu, Mazarin furent abbés de Cluny ; ils siègent à l’Hôtel de Cluny à Paris (actuel musée du Moyen Age). Cluny Paris est une succursale des abbés commendataires à partir du XVI°s..
 
 
 
 
 
Visite du farinier du XIII°s avec la tour des moulins.
 
 
 
Les moines ont implanté la vigne en Bourgogne.
 
 
 
Entrée dans le farinier : voûte en bois, charpente du XIII°s, chêne pour les poutres et châtaigner pour les lattes (insecticide, imputrescible).
 
 
 
Dans le farinier sont exposé quelques-uns des chapiteaux de l’on a trouvé à Cluny un millier de chapiteaux différents
 
 
 
 
 
L’abbaye, à l’intérieur de l’enceinte dont il reste les tours, couvre une surface de 15 ha.
 
 
 
 
 
Après la visite, nous retraversons une partie de la ville pour rejoindre les voiture et nous rendre vers la piscine où nous attendent quelques représentants du club de randonnée de Cluny. Ils ont préparé un apéritif sympathique, le président remet à Jean-Luc un insigne de son club ; Jean-Luc lui offre un tee-shirt « Bassée en Balade » - « marche ou rêve » - et deux bouteilles de notre boisson locale la « Trois Monts ». La trésorière du club, une femme d’un certain âge, est la belle-mère de la jeune dame qui a commenté la visite guidée de Macon.
 
 
 
Puis retour en voiture à Serrières.
 
 
 
 
 
Soirée chants bien animée après le repas.
 
 
 
 
 
=== Vendredi 28 avril, randonnée le matin, après-midi libre ===
 
'''Matin ''' : randonnée Berzée-la-Ville ; on voit Berzé-le-Chatel (voir dans guide p 8 et 9)
 
 
 
 
 
Le château de Berzé
 
 
 
Depuis la maison d’enfance de Lamartine à Milly, la vue
 
 
 
''« reposait sur les tourelles d’un vieux château gothique (…) C’était comme la parole du paysage, parlant des temps écoulés aux temps à venir ».''
 
 
 
Il se présente comme une forteresse dominant le val lamartinien, il présente les caractéristiques de l’architecture militaire du XIII°s : neufs tours, trois murs d’enceinte, deux donjons et un châtelet, chemin de ronde, salle des gardes, tours de défense, logis seigneurial, chapelle carolingienne et jardins en terrasses auraient mérité une visite. Ce sera pour une prochaine fois…
 
 
 
 
 
''«…Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain''
 
 
 
''… Objets inanimés, avez-vous donc une âme''
 
 
 
''Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer »''
 
 
 
 
 
===== Après-midi libre =====
 
Plusieurs membres du groupe sont retournés à Cluny en voiture, en passant parfois par la Chapelle aux Moines de Berzé-la-Ville. Un autre groupe, conduit par Jean-Luc, a fait une marche.
 
 
 
Nous avons, Marie-José et moi, visité la Chapelle aux Moines, puis nous sommes allées en voiture à Saint-Point sur les traces de Lamartine et nous sommes revenues à Serrières en faisant un détour par les « flancs » de la Mère Boîtier.
 
 
 
 
 
Le grand intérêt de la Chapelle aux Moines de Berzé la Ville réside dans les fresques qui la décorent et donnent une idée de ce que pouvait être la décoration intérieure de l’église de Cluny.
 
 
 
La Chapelle fait partie d’un Prieuré, dépendance de l’abbaye de Cluny, qui fut créé sous l’impulsion d’Hugues de Semur, abbaye de Cluny (1049-1109). En 1791, la chapelle est transformée en habitation. Classée monument historique, elle est cependant mise en vente ; elle est très heureusement rachetée en 1947 par une archéologue anglaise, Miss Joan Evans, qui en fait don à l’Académie de Dijon<ref name="ftn8"><sup>non pas le Rectorat, mais une société savante, comme il en existe à partir de la fin du XVII°s.</sup></ref> .
 
 
 
La visite est agréablement surprenante : on entre librement par la chapelle basse où des panneaux bien éclairés expliquent l’histoire de la Chapelle et préparent la visite ; puis on monte par un escalier extérieur qui donne sur la cour de la construction attenante à la Chapelle, dite « château des moines », construction qui date du XVI°s, et nous entrons dans la chapelle haute. Aucun autre visiteur que nous, une dame très aimable et compétente à la billetterie, qui répond à toutes nos questions et les anticipe.
 
 
 
Le regard est immédiatement attiré vers l’abside, par les peintures murales qui la recouvrent entièrement et sont très bien visibles ; les peintures couvraient à l’origine l’intégralité des voûtes et des murs, notre guide nous indique des traces d’une cène sur le mur qui ferme la nef…Un Christ en majesté, sous la main de Dieu tenant une couronne et entouré des apôtres, attire immédiatement le regard. Au pied des apôtres, deux évêques et deux diacres, saint Vincent et saint Laurent, très vénérés dans la région. L’inspiration nettement byzantine du Christ en particulier apparaît nettement ; mais les spécialistes voient aussi des influences italienne (Ravenne, Monte Cassino) et des traits relevant de l’art ottonien (art qui a succédé à l’art caloringien dans la saint Empire germanique) : les couronnes, les pastilles blanches, la croix hampée…
 
 
 
 
 
Berzé-la-Ville possède des fours à gypse ; la « pierre à plâtre » a été exploitée en particulier par les moines de Cluny. Les fours actuellement visibles, où le gypse se transformait en plâtre, datent du XIX°s ; sur les 12 carrières de plâtre exploitées en 1838 en Saône-et-Loire, celle de Berzé-la-Ville arrivait en tête pour la qualité. L’exploitation de Berzé a été définitivement arrêtée en 1899.
 
 
 
 
 
Nous partons ensuite vers Saint-Point, mais le château est fermé à la visite. Nous nous rendons alors à la petite église de Saint-Point (photo) entourée de son cimetière, à l’entré duquel se trouve le caveau néo gothique de la famille Lamartine et la tombe du poète. A l’intérieur de l’église, une très vieille chaise avec prie Dieu près du bénitier à l’entrée (photo) me fait imaginer Lamartine dans cette église…
 
 
 
 
 
Lamartine a reçu ce château à son mariage. En 1822-25, il partage sa vie entre Paris et Saint-Point ; à la suite d’un échec dans sa carrière diplomatique, il demande un congé et rentre à Saint-Point en 1828 pour y vivre en gentilhomme campagnard, où il continue son activité littéraire et politique. Lorsqu’à la fin de sa vie il donne dans le roman social, il écrit, entre autres, Le tailleur de pierre de Saint-Point (1851).
 
 
 
Lorsqu’il meurt à Paris en 1869, son épouse refuse des funérailles nationales dont il ne voulait pas. Lamartine est inhumé dans le caveau familial à Saint-Point, au milieu d’une foule immense.
 
 
 
 
 
A un kilomètre environ à l’est de La-Roche-Vineuse, se trouve le château de Monceau, autre domaine lamartinien. Au décès de sa tante, Lamartine hérite en 1833 du domaine de Monceau, dans la famille depuis 1662. Député et président du Conseil général de Saône-et-Loire, Lamartine installe au domaine de Monceau le « quartier général » de son action politique. Le domaine et ses 47 hectares de vignes devient également le centre de son activité vinicole.
 
 
 
A Monceau, Lamartine reçoit ses amis personnels et politiques ; pour s’abstraire de l’agitation permanente qui y règne, il fait construire une « Solitude », petit pavillon octogonal, au toit d’ardoise et aux murs de briques, lieu de travail et de médiations. La « Solitude » est également appelée le « pavillon des Girondins » parce que c’est là que fit rédigée, en vers et en prose, une partie de l’Histoire des Girondins.
 
 
 
 
 
''Quelques mots sur l’évolution et l’action politique de Lamartine.''
 
 
 
Pour résumer, il est légitimiste en 1820 (Restauration, Louis XVIII) et évolue vers la gauche jusqu’à devenir le chef du gouvernement provisoire de la République en 1848.
 
 
 
Par héritage familial, il est royaliste : son père a échappé aux cachots de la Terreur, il considère Napoléon I° comme un « usurpateur » ; à la chute de l’Empire il entre dans les gardes du corps de Louis XVIII.
 
 
 
A partir de 1830<ref name="ftn9"><sup>Charles X a succédé à son frère, Louis XVIII, mort en 1824 ; le gouvernement prend nettement partie contre la France de la Révolution et en Juillet 1830, le peuple de Paris se soulève renverse la dynastie. Louis Philippe d’Orléans devient le premier roi des Français.</sup></ref>, Lamartine s’oriente de plus en plus vers l’activité politique et sociale. Il sort de son « égoïsme étroit ». Lamartine pense que l’avenir de l’humanité est dans la démocratie politique, mais riche propriétaire lui-même, il croit que la propriété est la seule forme sociale viable. Aussi il voit avec inquiétide grossir un prolétariat urbain misérable qui, tout en aspirant à la démocratie, menace de s’imposer par la violence et de supprimer la propriété. Jusqu’en 1841, tout en soutenant un gouvernement capable de s’opposer à l’anarchie, il prône des réformes sociales. Il est pour la première fois candidat à la députation à Bergues dans le Nord, en 1831 ; légitimiste et chrétien, il veut rallier les suffrages des libéraux. Mais il s’efforce en vain de réunir conservateurs et libéraux autour de ses idées.
 
 
 
Mais devant son échec, en 1841, il passe à l’opposition de gauche dont il prend la tête en 1843 : il conduira la peuple à la révolution, rendue inévitable par l’aveuglement des conservateurs, mais il veut user de sa popularité pour limiter le mouvement à la conquête de la démocratie politique et de larges avantages sociaux, sans toucher pour autant au droit de propriété. L’Histoire des Girondins qui paraît en 1847, est destinée à donner au peuple ''« une haute leçon de moralité révolutionnaire, propre à l’instruire et à le contenir à la veille d’une révolution »''.
 
 
 
Il est porté au pouvoir en février 1848 (chute de Louis Philippe, instauration de la Seconde République), par une sorte d’unanimité. Élu au Conseil général de Saône-et-Loire, il est nommé ministre des Affaires étrangères, et se trouve en fait à la tête du Gouvernement provisoire. Lors de la proclamation de la République, il résiste aux délégations portant le drapeau rouge et fait acclamer le maintien du drapeau tricolore. Élu triomphalement à la Constituante par 10 départements (1.600.000 voix), il propose la création d’une Commission exécutive de plusieurs membres, alors que ses partisans auraient voulu qu’il gouverne seul. Il parvient par son éloquence à contenir l’agitation populaire, mais il refuse de mener contre le prolétariat la guerre ouverte que l’assemblée conservatrice attendait de lui. Lors des journées de juin 48, l’autorité passe au général Cavaignac chargé de réprimer l’émeute.
 
 
 
Le 10 décembre 1848, il est candidat à la Présidence de la République contre Louis Napoléon Bonaparte : il subit un échec cuisant en ne recueillant que 18 000 voix alors que son rival est triomphalement élu avec cinq millions et demi de voix. Sa carrière politique est pratiquement terminée.
 
 
 
Il se retire de la vie politique au rétablissement de l’empire en 1851. Il n’a pas les moyens de s’exiler comme Victor Hugo ; il est, comme on le sait, criblé de dettes et est condamné à devenir un « galérien des lettres ».
 
 
 
 
 
Tous les randonneurs se retrouvent à Serrières avant le repas. Didier et Chantal offrent l’apéritif pour leur entré dans le club et pour leur anniversaire de mariage.
 
 
 
Après le repas, lors de la soirée, animée par Tonton Daniel et Yvette, des cadeaux sont remis à nos plus jeunes et vaillants marcheurs, Marion et Quentin ; Jean-Luc reçoit, en tant qu’intermédiaire seulement, un cadeau destiné à Marylou, la petite sœur de Quentin.
 
 
 
 
 
=== Samedi 29, Beaune ===
 
Départ en voiture le matin, de Serrières et rendez-vous à Beaune, à l’entrée des Hospices à 11 h 30 pour une visite guidée. Je fais un détour par Mâcon pour déposer Marie-José à la gare et fait encore l’expérience de la difficulté à s’orienter dans cette ville en voiture : en suivant les panneaux je me retrouve sur l’autoroute alors que je souhaitais prendre la route… En revanche, à Beaune, les indications sont claires ; arrivée en avance, j’essaie un premier parking, il semble complet, un second dans le faubourg Madeleine m’offre immédiatement une place. La visite guidée m’apprendra qu’il y avait autrefois une église sur cette place. Un faubourg vivant habité par des Clunisiens qui se pressent vers le centre de la ville avec leur cabas : ce doit être le jour du marché. Il suffit donc de suivre le flot ; je passe devant le « Bar des Tontons » (photos), puis la « Maison Bernard Gras » (pas de photo), entre dans la vieille ville par la rue d’Alsace, m’oriente sur les clochers, arrive à la place Carnot où un petit carrousel fait danser ses chevaux, et une brocante expose son bric à brac au soleil ; premier toit avec tuiles vernissées (photo) ; je demande les Hospices, tout en me doutant que la flèche qui dépasse des maisons signale le lieu cherché ; une vieille dame m’indique par la gauche de la place, rue Rollin, mais visiblement la droite y mène aussi et je tombe dans la rue de l’Hôtel-Dieu où je retrouve des copains randonneurs qui ont déjà fait des achats dans le marché qui se tient sur la place de la Halle. Il suffit de faire quelques mètres pour trouver de beaux poireaux bien verts (je demande au maraîcher l’autorisation de faire la photo), des mètres carrés de saucisson et saucisses sèches (photo), des fromages de chèvre qui intéressent beaucoup Martine (photo), des ustensiles de cuisine en terre cuite vernissée qui brillent au soleil (photo), une file de ménagères attentives à se faire servir chacune son tour (photos…), un saint Vincent en céramique sur un mur (photo) ; il y aussi bien sûr des pots de moutarde de tous les formats et de toutes les couleurs. J’en achète un petit échantillon pour Renée-Claude et je reviens vers l’entrée pour le début de la visite.
 
 
 
Rendez-vous avec le guide auprès du puits dans la cour, dont nous apprendrons qu’il assurait bien sûr le ravitaillement en eau de tout l’hôpital. Pour le moment c’est l’émerveillement : les toits des ailes sud est et ouest scintillent au soleil, avec leurs dessins en losange, noir, vert, rouge sur fond jaune. Les arêtes et les faîtières en plomb mat dessinent une dentelle qui se découpe sur le ciel bleu : photo, photo et re-photo. Plusieurs fois pendant la visite nous repasserons dans la cour et ce sera toujours le même émerveillement renouvelé. Nous apprendrons que le puits offre l’un des meilleurs exemples en France de « l’élégance de la ferronnerie gothique ».
 
 
 
Le bâtiment donnant sur la rue est volontairement sobre et austère. Il est construit en pierre de taille et couvert d’une imposante toiture d’ardoise. Le guide parle dans un micro, chacun est doté d’écouteurs, nous pouvons ainsi nous éloigner quelque peu ce qui me laisse toute liberté de prendre des photos sans perdre une goutte du commentaire, mais pas possible en même temps de prendre des notes.
 
 
 
 
 
L'Hôtel-Dieu<ref name="ftn10"><sup>Sources : le dépliant remis par l’Office de Tourisme « Visite de l’Hôtel-Dieu » et « Hôtel-Dieu, Hospices de Beaune », Beaux-Arts magazine, n° hors-série, août 2005.</sup></ref> des Hospices de Beaune fut construit en 1443 par Nicolas Rolin, Chancelier du Duc de Bourgogne Philippe le Bon.
 
 
 
Au lendemain de la Guerre de Cent Ans, Beaune souffre de misère et de famine. Les trois quarts des habitants de la ville sont sans ressources. Pour racheter leur salut, le Chancelier et sa femme Guigone de Salins décident alors de créer un Hospice pour les "Pôvres". Ils le dotent d'une rente annuelle (salines) et de ressources propres (vignes), et font appel à de nombreux artistes pour le décorer.
 
 
 
Il me vient à l’esprit une analogie avec la situation contemporaine : imaginons le gouvernement ou un mécène philanthrope, réunissant les plus grands artistes contemporains pour construire un édifice magnifique, confortable, moderne, destiné à loger, soigner, nourrir, nos SDF et nos immigrés clandestins…Imaginons que près de 600 ans plus tard, des milliers de visiteurs se pressent pour admirer à la fois le geste philanthropique et la contribution inestimable au patrimoine artistique de l’humanité…Il semble que les plans gouvernementaux n’aillent pas dans ce sens, à tel point que même les associations chrétiennes s’en émeuvent. Décidément ce Moyen-Age « barbare » a peut-être des leçons à nous donner. Certes nos « grands » ne visent plus à racheter leur salut…
 
 
 
 
 
'''''Retour vers l’histoire : '''''
 
 
 
Au cours de ses séjours en Flandre, dont le Duc de Bourgogne était également suzerain, Nicolas Rolin s'inspira de l'architecture des hôpitaux du Nord (Hôtel-Dieu de Valenciennes et celui de la Biloke à Gand) pour concevoir son hôpital. Il fit appel à des artisans beaunois pour l'édification de son Palais pour les "Pôvres" (Jean Rateau, maître-maçon et Guillaume La Rathe, maître-charpentier, auteur de la flèche). Avec ses façades gothiques, l'Hôtel-Dieu est considéré comme un joyau de l'architecture médiévale bourguignonne, mais il semble bien que les toits polychromes aient pour origine l'Europe centrale ; cependant ce style ayant plu, il s'est petit à petit propagé en Bourgogne au point d'être considéré comme typique et traditionnel de cette province.
 
 
 
 
 
Sans interruption du Moyen-Age au XXème siècle, les sœurs des Hospices de Beaune ont accueilli et soigné de nombreux malades dans plusieurs grandes salles. Notre guide témoigne : il a été opéré ici, il y a quelques années. Depuis 1971, ses fonctions médicales ont été transférées dans un hôpital moderne. Il reste cependant une maison de retraite.
 
 
 
L’Hôtel-Dieu a rapidement acquis une grande renommée auprès des pauvres, mais aussi auprès des nobles et des bourgeois. Grâce à leurs dons, ceux-ci ont permis d'agrandir et d'embellir l'hôpital par la création de nouvelles salles et l'apport d’œuvres d'art. Ainsi l'Hôtel-Dieu est-il devenu un véritable "Palais pour les Pôvres".
 
 
 
Exploitant 61 hectares de vignes en Bourgogne héritées au cours des siècles, les Hospices organisent chaque année depuis 1859, la plus célèbre vente aux enchères de vins au monde. Le produit de la vente permet l’entretien et la restauration de l’Hôtel-Dieu.
 
 
 
 
 
=== La visite commence par la « grande salle des pôvres » ===
 
Inaugurée en 1452, la Grande Salle des "Pôvres" a conservé ses dimensions d'origine (50 rnètres de long, 14 rnètres de large, 16 rnètres de haut). Cette salle des malades était occupée au centre par des tables et des bancs installés pour les repas. Ceux-ci étaient servis dans une vaisselle d'étain et non de bois comme il était de coutume dans les hospices. Derrière chaque lit, un coffre permettait aux sœurs de ranger les vêtements des malades. Le mobilier d'inspiration médiévale fut reconstitué au siècle dernier, lors de la restauration de la salle opérée à partir de 1875, par Maurice Ouradou, gendre de Viollet-le-Duc.
 
 
 
Cette salle présente un décor somptueux. La charpente en lambris de chêne est en berceau brisé (photo). Les dragons multicolores qui "crachent" les poutres traversières évoquent les monstres de l'enfer. Les visages cocasses de bourgeois de Beaune sont accompagnés de têtes d'animaux qui symbolisent leurs défauts respectifs.
 
 
 
Par endroit, le carrelage du sol arbore le monogramme de Nicolas Rolin et Guigone de Salins (photo). La devise "Seule " qui les accompagne signifie que Guigone était la seule dame des pensées de son mari (photo).
 
 
 
Au-dessus de la grande porte se trouve un remarquable Christ aux liens datant de la fin du XVème siècle et sculpté dans un seul et même fût de chêne. (la photo est ratée…)
 
 
 
La chapelle fait partie intégrante de la Salle des "Pôvres" et symbolise la parfaite symbiose entre l'aspect religieux et médical de l'Hôtel-Dieu. Elle permettait aux pensionnaires d'assister aux offices sans avoir à se déplacer. C'est dans cette chapelle que prenait place à l'origine le fameux polyptyque de Rogier van der Weyden, aujourd'hui présenté à la fin de la visite.
 
 
 
 
 
'''''La salle saint Nicolas''''' (photo) était destinée à accueillir les "Pôvres malades en danger de mort", elle permettait de séparer les malades légers des infirmes et moribonds. De dimensions modestes, elle contenait 12 lits occupés par des malades des deux sexes, ce qui choqua profondément Louis XIV lors de sa visite en 1658. Il établit donc une rente de 500 livres à l'Hôtel-Dieu afin que l'on puisse faire de nouveaux aménagements séparant les hommes des femmes. La présence de deux personnes dans un même lit était le seul moyen de chauffage, nous a dit notre guide. Après on peut discuter sur le mélange ou non mélange des sexes…La rivière la Bouzaise coule sous la salle. Ce cours d'eau assurait l'évacuation déchets en aval, preuve certes du souci d'hygiène qui a présidé à la conception des bâtiments, mais au détriment de l’hygiène générale.
 
 
 
 
 
=== La cuisine  ===
 
Elle a fonctionné avec un équipement moderne jusqu'en 1985 pour les pensionnaires de la maison de retraite. Elle a aujourd'hui retrouvé son aspect du début du XXème siècle avec son piano : grand fourneau muni de deux robinets d'eau chaude appelés "cols de cygne" (photo). La vaste cheminée gothique à deux foyers demeure la pièce maîtresse, celle-ci a conservé ses accessoires d'époque. Son âtre est tapissé des fameux carreaux ornés de la devise "Seule". Le cromale, grande potence articulée, permet de rapprocher ou d'éloigner les chaudrons du feu. Le plus spectaculaire est le tourne-broche de 1698 en acier brossé ; il est habituellement animé par un petit automate, "Messire Bertrand", mais Bertrand était absent….
 
 
 
En quittant la cuisine, on aperçoit, au travers de la grille en fer forgé (1785-1786), la cour des fondateurs avec, derrière l'orme pleureur, les statues de Nicolas Rolin et Guigone de Salins. Les bâtiments fermant la cour abritent l'une des maisons de retraite des Hospices.
 
 
 
 
 
=== La pharmacie ===
 
Au Moyen-Age, chaque établissement hospitalier disposait de sa propre pharmacie puisqu'il n'existait aucune production organisée. La science pharmaceutique était encore balbutiante et avait recours aux ingrédients les plus divers issus du monde minéral, animal et végétal. De nombreuses plantes étaient cultivées sur place dans le jardin dit "des simples" situé à l'arrière de la pharmacie.
 
 
 
Dans la seconde salle de la pharmacie ou officine, les étagères présentent une collection de 130 pots de faïence datés de 1782, dans lesquels étaient conservés les onguents, huiles, pilules ou sirops... Les pots de verre contiennent encore des "spécifiques" dont certains laissent rêveur : poudre de cloportes (photo), yeux d'écrevisses, poudre de noix vomiques, élixir de propriété...
 
 
 
 
 
=== Le polyptyque du Jugement dernier de van der Weyden ===
 
Commandé par le Chancelier Rolin, ce polyptyque du XVème siècle est attribué à l'artiste flamand Rogier van der Weyden. Représentant le Jugement Dernier, il était accroché au-dessus de l'autel dans la chapelle, mais n'était ouvert à la vue des malades que les dimanches et jours de fête.
 
 
 
La salle présente sur le fond à droite le retable fermé : il a été finement découpé pour être détaché et séparé du recto. On est enthousiasmé par les efforts faits pour rendre présentes les œuvres ou pour animer avec des personnages les différentes salles, ce qui aide l’imagination dans son effort. De mêm un dispositif récent permet de voir certains détails du retable invisible à l’œil nu : il s’agit d’une très grosse loupe qui se déplace horizontalement et verticalement et que le guide peut actionner.
 
 
 
 
 
=== Le retable fermé  ===
 
Nicolas Rolin et Guigone de Salins, agenouillés en prière, se font face, tandis que sont représentés en trompe-l’œil : l' Annonciation, saint Sébastien (patron de chevalerie du Chancelier) et saint Antoine (patron de l'Hôtel-Dieu et de Guigone de Salins) accompagné de son cochon.
 
 
 
 
 
'''''Le retable ouvert'''''
 
 
 
Le Christ, Juge Suprême, majestueux dans sa robe pourpre. Sa main droite levée, tenant un pied de lys en fleurs, fait signe aux élus. A l'inverse, sa main gauche est abaissée en signe de désapprobation: "Écartez-vous de moi, maudits dans le feu éternel..."
 
 
 
Aux pieds du Christ : les quatre anges annonciateurs du Jugement Dernier entourent l'Archange saint Michel. Resplendissant dans le contraste de sa robe blanche et de son manteau écarlate, le visage impassible, celui-ci pèse les ressuscités. Comme nous le fait remarquer le guide, c’est le même homme qui se trouve sur les deux plateau de la balance, joyeux du côté du bien et affligé à cause de ses péchés sur l’autre plateau.
 
 
 
Panneaux de gauche : à gauche de l'arc-en-ciel, la Vierge implore miséricorde pour les pécheurs ; derrière elle, six apôtres et des saints.
 
 
 
Panneaux de droite : à droite de l'arc-en-ciel, saint Jean-Baptiste et derrière lui, six apôtres et
 
 
 
des saintes.
 
 
 
Bas de panneaux : à la gauche du Christ: les damnés effrayés et désespérés. A la droite du Christ: les bienheureux qui se dirigent vers le Paradis.
 
 
 
Cette salle contient aussi une Tapisserie aux "mille fleurs " qui évoque, par ses techniques et ses couleurs, la fameuse "Dame à la Licorne" du Musée de Cluny, du XVI° siècle. Cette légende raconte qu'Eloy (le futur saint Éloi), trop orgueilleux, a coupé la jambe de son cheval pour le ferrer plus vite et n'a pas pu la remettre''. ''
 
 
 
 
 
'''''La visite se termine par la salle saint Louis. '''''
 
 
 
Créée en 1661 à l'instigation de Louis Bétault, cette salle fut construite à la place d'une grange qui fermait la cour de l'Hôtel-Dieu. Dans son prolongement se trouvaient les fours des Hospices, destinés à cuire le pain que l'on distribuait quotidiennement aux pauvres rassemblés sous le porche. A partir de 1828 un contrat fut passé avec les boulangers de Beaune qui prirent le relais. Les fours tombèrent en désuétude, permettant l'agrandissement de la salle.
 
 
 
Aux murs sont accrochées de superbes tapisseries. La tenture, tissée à Tournai au début du XVI<sup>e</sup> siècle, raconte en sept épisodes la parabole de l'Enfant Prodigue. Une autre série de tapisseries de Bruxelles, de la fin du XVIème siècle, évoque l'histoire de Jacob. Une pièce de la même époque représente David apprenant la mort d'Absalon. La collection comprend également une tapisserie d'Aubusson, XVII<sup>e</sup> siècle : "La Ronde des jeunes gens" (photo).
 
 
 
 
 
Cette belle visite permet de faire la transition entre la Bourgogne et le Nord – Pas-de-Calais. Notre guide vantait la chance que nous avions d’habiter près de la Belgique et de la Hollande et donc des chefs d’œuvre de l’art flamand ; nous étions ainsi, avait-il la gentillesse de croire, préparés plus que d’autres à apprécier l’influence flamande dans l’architecture, la peinture, les tapisseries de l’Hôtel-Dieu.
 
 
 
Il faut bien repartir vers les voitures pour rejoindre nos contrées.
 
 
 
 
 
En chemin, Angéline et Jean-Luc font des affaires avec un rôtisseur qui brade ses jambonneaux et ses poulets rôtis. Il est délicieux d’ailleurs ce jambonneau que nous goûtons avec notre pique nique sur le parking, où nous nous retrouvons Jean Luc, Quentin, Angéline, Josette, Marcel, Marion et moi, avant de reprendre la route (photo).
 
 
 
 
 
===== En guise de conclusion =====
 
Toute ressemblance avec des personnes ou des événements ayant effectivement existé n’est aucunement fortuite.
 
 
 
 
 
Pour toute critique, erreur ou omission, merci de vous adresser à l’auteur [mailto:joelletainmont@hotmail.com joelletainmont@hotmail.com].
 
 
 
 
 
Lens, le 3 mai 2006
 
 
 
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Version actuelle datée du 8 mai 2019 à 08:11

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du 22 au 29 avril 2006
rédigé par Joëlle Villetard

Les participants[ ]

Quentin et papy Jean-Luc et mamy Marie-Charlotte, Marion et papy Marcel, Jean-Pierre et Danielle, Jean-Pierre et Claudine, Tonton Daniel et Chantal, Philippe et Chantal, Dominique et Michel, Yvette et Armel, Didier et Chantal, Angéline et Marie-Paule ; ceux-ci logent dans les bâtiments les plus récents.

Les suivants sont logés au « château », d’un confort plus rustique : Jean-Pierre et Carole, Jean Pierre, dit JPP et Richard, Michèle et Gérard, Ghislaine, Josette et Martine, Marie-José et Joëlle.

Serrières est un petit village, à 10 km environ à l’ouest de Mâcon ; entouré de vignes, il fait partie du « val lamartinien ». Lamartine est né à Mâcon en 1790, a résidé à la maison familiale de Milly (à 5 km environ de Serrières) et au château de Saint-Point. Sa tombe se trouve au cimetière du village de Saint-Point.

Nous sommes logés au Centre Jean Macé, centre de vacances, qui accueille des groupes d’adultes mais aussi d’enfants semble-t-il, au milieu d’un parc de 5 hectares, un peu à l’écart du bourg de Serrières. Celui-ci est curieusement agencé : l’église et la mairie se trouvent sur le flanc du coteau, le bourg lui s’allonge en contre-bas sur la route départementale. Le Centre Jean Macé est installé sur un coteau orienté au sud, séparé d’une vigne par la pâture réservée aux résidents permanents du centre, un âne, et deux chevaux auxquels se joint très souvent « Astuce », le chien de la maison, dont une activité favorite consiste à jouer avec des charognes.

Les 7 jours du séjour[ ]

  • jour 0 : samedi 22 avril, arrivée à Serrières ;
  • jour 1 : dimanche 23 avril, les roches de Vergisson et de Solutré ;
  • jour 2 : lundi 24 avril, les grands Genêts le matin, Lamartine l'après-midi ;
  • jour 3 : mardi 25 avril, randonnée des Quatre Montagnes et, en soirée, le nouveau spectacle des BenB's Vamps ;
  • jour 4 : mercredi 26 avril, Mâcon et le mâconnais ;
  • jour 5 : jeudi 27 avril, Cluny et son abbaye ;
  • jour 6 : vendredi 28 avril, Berzé-la-Ville ;
  • jour 7 : le retour par Beaune ;